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Noyades, viols, agressions : La dangereuse ruée vers les plages

Auteur: Ndèye Mamy Niang et Mbaye Diop

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Plage à Dakar

La ruée effrénée vers les plages a atteint son point culminant. Eté oblige, la plage est aujourd’hui l’un des lieux de distraction favoris des jeunes, en cette période de forte canicule. Cependant, la plupart d’entre eux, oublient ou ignorent royalement les règles de sécurité. Ce qui entraine de nombreux cas de noyade. De plus, les comportements lubriques des baigneurs, les cas de viol, plongent ces plages dans une atmosphère bien particulière.

A Ngor c’était la grande affluence en cette matinée de mardi. La grève déborde de monde. On note une forte présence de jeunes. A l’entrée de la plage, les baigneurs en petites tenues, les tentes et les vendeuses de fruits de mer, occupent une plage qui subit les assauts répétés des faibles vagues. En pleine surveillance, le maitre-nageur Samba Libane Diop nous explique: «En cette période de vacance, on reçoit trop de monde. Mais avec le renfort de 13 éléments que nous a envoyé la mairie de Ngor, la surveillance est bien meilleure». Bien que la baignade soit autorisée à Ngor, M Diop, qui est aussi agent de la ville de Dakar renseigne que des cas de noyade n’y manquent pas. Au contraire. «Depuis le debout des vacances, deux cas de noyade ont été enregistrés». La vie des deux victimes a également été épargnée. Ce qui est fort rare. Car, la plupart du temps, les victimes perdent la vie dans l’eau. Leurs corps sont rejetés par l’eau après les jours qui suivent la noyade. Cependant, dans ces plages, ces cas de noyade restent l’arbre qui cache la forêt. En effet, l’envahissement dont fait l’objet les plages durant l’été s’accompagne de nombreux cas d’agression dans l’eau: «Parfois les jeunes viennent ici sans être accompagnés. La responsabilité des parents est engagée. Il y a un mois, un vieux a voulu violer une jeune fille de 12 ans dans l’eau. Heureusement que les maîtres-nageurs l’on vu. Ils l’ont neutralisé et il a été conduit à la police», confie Samba.

Des violeurs dans les bains de nuit

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C’est en fin de semaine que Samba Libane et ses hommes ont le plus de boulot. Car les samedis et dimanches, les plages débordent de monde. «En effet, c’est durant les Week-end qu’il y a le plus de monde. C’est pourquoi nous sommes organisés de telle sorte que certains d’entre nous font le balisage, d’autres sont sur le mirador, et le reste de nos hommes nagent sous l’eau». Une stratégie bien murie, surtout pour stopper les couples de jeunes tentés de faire des attouchements et autres actes sexuels dans l’eau. «Nous faisons cela pour empêcher les baigneurs de s’adonner à certains comportements obscènes. Car, certains jeunes font des choses obscènes dans l’eau», souligne-t-il. Des de comportements, qui installent parfois une atmosphère qui conduit à des agressions sexuels dans l’eau, surtout au-delà des heures de surveillance: «On note aussi des cas d’agression, de vol et de viol. Les cas de viol se produisent pour la plupart à partir de 20 heures. Car nous, nous arrêtons notre job dès 19heures. A partir de cette heure, nous sortons tous les baigneurs. Mais malheureusement, il y a des groupes de jeunes qui arrivent vers 20 heures. Ils viennent spécialement pour les bains de nuit. Ce qu’on déplore fortement. Et là, il se passe du n’importe quoi, surtout dans l’eau. Ce qui engendre des cas de viol, d’agression et autres» déplore le surveillant.

 Les forces de l’ordre ne veulent plus des tentes de la débauche

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 Et ce n’est pas que dans l’eau que des comportements contraires aux mœurs sont notés. Ces mêmes travers sont aussi perceptibles sous les tentes. C’est pourquoi les forces de l’ordre s’opposent à l’installation de tentes fermantes: «Les agents de la brigade de Ngor nous ont demandé d’arrêter d’installer les tentes. Pour nous, les cas de viol existent certes, mais ce n’est pas dans les tentes, mais plutôt dans l’eau. Car, après 19h, les jeunes reviennent sur la plage pour faire des baignades nocturnes».

A quelques mètres de Samba, un homme de taille moyenne, vêtu d’un short, vient à notre rencontre. Arona Thiandoum, de son vrai nom,  est un plagiste qui habitant à Ngor. Il travaille tous les jours en cette période de vacances. «Je loue des bâches et des tentes ici à Ngor. Mais depuis qu’une association a été mise en place dans la commune pour la gestion de la plage, les choses ont changé. L’entrée étant fixée à 200 francs Cfa, notre chiffre d’affaires a connu une baisse. Les tentes nous les louons à 5000 voire 4000 francs Cfa, alors que les bâches et parasols c’est à 2000 ou 1500 francs Cfa la journée. Si sa marche on peut gagner 50 000 voire 70 000 francs Cfa par jours», nous révèle-t-il. Ndiaga Guèye, venu avec sa copine, semble apprécier: «C’est la première fois que je viens à la plage, je trouve que là l’ambiance est bonne, la plage est calme. J’ai loué cette tente à 2000 francs Cfa je trouve que c’est abordable. Depuis que je viens à la plage, je n’ai jamais assisté à un cas de noyade. Je conseille aux jeunes d’être vigilants et de suivre les consignes des maitre-nageur», dit-il.

Les talibés s’invitent dans la ruée

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 Le maitre-nageur de révéler un phénomène nouveau qui les inquiète. «C’est dernier temps on a constaté aussi que les talibés viennent se baigner. On demande aux maitres coraniques de veiller sur ces jeunes. Nous, quand ils viennent, nous leurs donnons juste 1h de temps pour qu’ils se lavent et se retirent. Ce, pour pouvoir les surveiller et leur éviter la noyade», explique Samba le maitre-nageur.

 Quand la vantardise tue

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A la plage de Bceao, les vagues plus vigoureuses que celles de Ngor viennent échouer sur la grève. Ici, la baignade n’est pas autorisée. Et les surveillants veillent au grain.  Car certains baigneurs, pas du tout bon nageurs, aiment prendre des risques. Sans être bon nageurs, ils se vantent à la vue des filles et risquent ainsi d abréger leur vie.. «La plupart des jeunes qui fréquentent la plage ne savent pas bien nager. Mais s’aventurent toujours à jouer les  guerriers  en allant au-delà des limites autorisées. Presque chaque jour on a des cas d’intervention, et des fois on a des cas de mort», explique Ibrahima Fall, un des  sauveteurs déployés à la page de Bceao. D’un geste de main, il nous délimite la zone que les baigneurs ne sont pas autorisés à dépasser: «La zone dangereuse commence à partir des balises, car dans cette partie de la mer, il y a un courant marin trop fort  et un banc de sable  très mouvant. D’ailleurs, le tableau d’interdiction de baignade implanté à l’entrée de la zone a été détruit par des incontrôlés. Malgré notre volonté d’assister les baigneurs, on n’a pas les moyens humains d’envoyer derrière chaque groupe de jeunes baigneurs un surveillant de plage. Et malheureusement, ces jeunes baigneurs aiment s’isoler. On demande aux jeunes de respecter les règles édictées par les sauveteurs». Il appelle les baigneurs à respecter les jeux de couleurs. Car le vert signifie que la baignade est autorisé, la couleur jaune indique qu’elle est interdite, mais surveillée alors que le rouge signifie danger total.

 L’expérience macabre de Kadia

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 Faisant partie des lieux d’attractions les plus prisés de la capitale dakaroise, la plage de Bceao est un endroit qui regorge de monde durant l’été. Vendeurs, maitres-nageurs, sportifs s’y retrouvent et s’adonnent à leurs activités respectives. Sous une tenue simple et traditionnelle, Nabou Sow est une vacancière venue prendre de l’air à la plage de Bceao. Elle vient en ces lieux pour se changer les idées et évacuer le stress quotidien. «C’est ma première fois ici je viens juste pour prendre l’air», nous lance-t-elle. Si Nabou dit n’avoir jamais constaté de cas de viols ou d’agression, Kadia Ly, une vendeuse de poissons grillés, nous raconte elle, une de ses pires expériences sur la plage de Bceao: «Je vend ici depuis 2001. 

Un jour, en 2007, je suis venue à 8 heures pour faire la mise en place. Soudain, des enfants m’ont appelé car il y avait une personne couchée à même le sol. Moi je croyais que la personne s’était juste retournée. Mais quand je l’ai vue, j’ai tout de suite compris que c’était un jeune garçon qui s’était noyé la veille, que la mer a rejeté à l’aube. J’ai vite appelé Babou le maitre-nageur». En ce qui concerne la sécurité des lieux,  Kadia indique que les agents de sécurité et maitre nageurs veillent au bon fonctionnement de la plage. Cependant force est de constater que dans chaque groupe subsiste des semeurs de trouble à l’image des voleurs et agresseurs: «Partout où tu vas, tu rencontres des brebis galeuses car il y’en a qui viennent pour se baigner, prendre de l’air et d’autres pour voler ou violer tout simplement» conclut-elle.

Auteur: Ndèye Mamy Niang et Mbaye Diop
Publié le: Mardi 08 Septembre 2015

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