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RAPPEL HISTORIQUE : Guides religieux et prison

Auteur: Lesenegalais.net

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La cohabitation entre le spirituel et le temporel au Sénégal, n’a pas suivi une courbe linéaire. Quelques fois, elle a connu une évolution en dents de scie avec l’arrestation et l’incarcération de fils de familles religieuses. Les plus marquantes sont celles de Serigne Cheikh Ahmet Tidiane Sy en 1959, de son fils Serigne Moustapha en 1993, de Khadim Bousso au début des années 2000. Aujourd’hui, Cheikh Béthio Thioune vient allonger la liste des marabouts.Cheikh Béthio Thioune a passé lundi dernier sa première nuit en détention. Le guide des Thiantacounes a été cueilli par les gendarmes suite à la fusillade qui s’est passé à son domicile de Médinatoul Salam dans le département de Mbour. Une fusillade au cours de laquelle, deux de ses fidèles en l’occurrence Bara Sow et Babacar Diagne ont perdu la vie et ont été inhumés en catimini. Cette entorse aux lois et règlements a conduit à l’arrestation du guide des Thiantacounes. Aux yeux de l’opinion, une telle situation est inédite. Que non, d’autres religieux issus des familles religieuses les plus prestigieuses de ce pays ont eu à connaître, à une époque, ou une autre de leur existence, la froideur des cachots. Le premier d’entre eux est Serigne Cheikh Ahmet Tidiane Sy. Fils de Serigne Babacar Sy et petit–fils de Maodo, le propagateur de la Tidianiya au Sénégal, Serigne Cheikh avait à un certain moment de sa vie, allié la pratique spirituelle aux activités politiques. Il a fondé le Parti de la solidarité sénégalaise (PSS, opposition à Senghor), avec divers politiques notamment Ibrahima Seydou Ndao et Me Moustapha Wade, ainsi que le marabout Cheikh Ibrahima Niasse. Selon un de ces biographes, il s’agit là d’une maturité qui «l’a mis en contact avec les hommes politiques avec qui d'ailleurs les relations évoluent en dents de scie». Ainsi en 1959, la contestation de résultats électoraux jugés “tronqués” par le PSS et le PAI (gauche) vaudra à Cheikh Tidiane un séjour carcéral.Cette expérience malheureuse sera aussi vécue par son fils, Serigne Moustapha Sy. Le guide des Moustarchidines avait le 30 octobre 1993, fait une sortie au cours de laquelle, il a stigmatisé les trois crises dont souffrait le régime des socialistes. Selon le marabout, il s’agissait  «d’une crise de compétence, d’une crise de confiance et d’une crise d’autorité». Ce qui lui valut une arrestation et une condamnation à douze mois de prison. Il sera gracié au cours du onzième mois. Mais entretemps, une manifestation politique aboutit à la mort de six policiers sur le boulevard du général De Gaulle. On était le 16 février 1994. Plus de 150 membres du mouvement des Moustarchidines sont arrêtés de même que des membres des partis de l’opposition qui vont rejoindre leur leader en prison. Son oncle Pape Malick Sy fut d’ailleurs condamné lors de ce procès, mais ne rejoindra jamais la prison car aucun mandat d’arrêt ne lui a, à ce jour, jamais été délivré.On note aussi que Serigne Cheikh Mbacké Ibn Mody Faty Khary a aussi connu la prison pour des histoires de deniers publics. Avec son accord, un de ses talibés avait en effet détourné des dizaines de millions de l’ex-Union sénégalaise de banque (USB), pour le placer dans son compte. Une fois que sa culpabilité a été établie par l’enquête, il a été cueilli et  écroué.Autres fils de religieux à avoir séjourné à Rebeuss, Sidy Lamine Niasse et son frère Ahmet Khalifa. Membres de la branche de Leona de la famille Tidiane de Kaolack, ils ont été arrêtés et envoyés en prison après avoir brûlé le drapeau français.Au début de l’alternance, Khadim Bousso, chef religieux de la communauté mouride et homme d’affaires, a eu maille à partir avec la justice. Arrêté, il avait été placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Transféré au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec, il se fait la malle et se rend à Touba. Une réquisition d’incarcération et un mandat d’arrêt, amèneront les policiers à aller le cueillir au quartier Gare Bou Ndaw. Malheureusement, il perdit la vie au cours de son arrestation. Suicide ou bavure policière ? Le mystère demeure entier.Aussi longtemps qu’on remonte dans les relations entre le temporel, le spirituel et le judiciaire, les bisbilles n’ont jamais manqué. Car ces derniers, au-delà de leur naissance et de ce qu’ils incarnent, restent et demeurent des citoyens à part entière.
Auteur: Lesenegalais.net
Publié le: Mercredi 25 Avril 2012

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