A Dakar, 168 bâtiments menacent de s effondrer selon le dernier rapport de la direction de la protection civile.
Les bâtiments s’effondrent à Dakar à un rythme effréné, causant ainsi des morts atroces. En cause : le non-respect des normes de construction comme le dosage insuffisant de ciment... et la vétusté de certaines habitations. Les derniers cas d'effondrement de bâtiments de ce mois d’avril à Ouakam et Thiaroye viennent d'allonger la longue liste macabre.
Beaucoup de bâtiments à Dakar sont vétustes. La plupart datent des premières heures de l’indépendance et subissent l'usure du temps. Plusieurs quartiers de Dakar ont connu des effondrements. A Niary Tally, une maison de deux étages s’est affaissée, ôtant la vie à deux enfants. Aux dernières nouvelles, la maison est fermée et mise sous scellé. Son propriétaire est sommé de la réfectionner ou de la démolir. La rue où se trouve cet immeuble est d'ailleurs bondée de vieux bâtiments, aux murs lézardés.
A la Médina également, c'est le même constat. Il n'est pas rare de voir un immeuble perdre son balcon, si le plafond se s'affaisse pas simplement en pleine nuit alors que ses occupants sont dans les bras de Morphée. C'est le cas durant la saison des pluies dernière durant laquelle, au moment où il pleuvait des cordes en pleine coupure d’électricité, une maison à quatre étages a perdu son balcon du troisième étage pendant que deux jeunes filles prenaient de l’air en bas.
25 bâtiments menaçant ruine recensés à Dakar

Interpellé sur la question, le Capitaine Aly Cissé de la Direction de la Protection Civile déclare que « 25 bâtiments ont été recensés par les services de sa Direction au courant de l’année 2014. Ces bâtiments, dit-il, ont fait l’objet de mesures d’évacuation en vue de leur démolition ou de leur réhabilitation». Ces écroulements entraînent des pertes en vies humaines, en plus de dégâts considérables. Des familles se sont retrouvées sans abris fautes de toits. D’autres vivent dans la crainte de voir un jour leurs maisons s’abattre sur eux.
La Direction de la Protection civile renseigne que c’est aux Parcelles Assainies que l’on trouve le plus grand nombre de bâtiments qui menacent ruine, à cause de la mer. Suivent les quartiers de Niary Tally, Grand Dakar et Thiaroye.
Au centre-ville aussi, beaucoup de bâtiments sont dans une vétusté totale. C'est le cas de l’ancienne maison de la Rts.
La cupidité des propriétaires pointée du doigt

Le fait nouveau, c'est que ce ne sont plus les bâtiments vétustes qui s'effondrent, mais aussi les immeubles en construction du fait de la cupidité de leurs propriétaires.
Samedi dernier, une mosquée en construction à Ouakam s’est affaissée faisant deux morts et un blessé grave. Il y’a deux ans, ce même quartier avait connu le même drame. Un immeuble en construction de quatre étages s’était écroulé. Deux morts et quatre blessés ont été enregistrés. Par la suite, il a été révélé que «le chef de chantier de l’immeuble, sous les ordres du propriétaire, avait construit un bâtiment de quatre étages, en lieu et place des deux qui étaient initialement prévus».
Avant Ouakam, le drame de Thiaroye a défrayé la chronique durant des jours. Un immeuble s’y est aussi effondré causant trois morts, cinq blessés et des dégâts importants. Les sapeurs-pompiers avaient mis plusieurs tours d’horloges pour sortir les victimes coincés dans les décombres.
La protection civile demande à l'Etat de sévir

L'agent de la Direction de la protection civile, M. Cissé, pense que l'Etat doit prendre des mesures «sinon le bilan pourrait s’alourdir». «Il faut sanctionner les personnes concernées. Soit le propriétaire, s’il n’a pas respecté le permis de construire qui lui a été délivré, soit l’entrepreneur s’il n’a pas respecté les normes de sécurité», préconise-t-il.
Aly Cissé appelle à évacuer les maisons menaçant ruine, pour ensuite les démolir. Mais, il insiste surtout sur «le recours à une main d’œuvre qualifiée, notamment des ingénieurs, architectes et techniciens».
En effet, il a été remarqué qu'au lieu de respecter à la lettre les dispositions du Code de l’urbanisme, beaucoup choisissent la voie de l’informel pour construire. L'on laisse les architectes et autres entrepreneurs de côté, pour casquer moins, en s'attachant les services de maçons formés sur le tas. Aussi, des édifices sont construits sans autorisation. Conséquence, les bâtiments ne tiennent pas longtemps et la plupart de ceux qui s’écroulent sont en cours de construction. La raison : le modèle de fer adéquat n'est pas acheté, les dosages en ciment et en béton ne sont pas toujours suffisants, qui plus est, plusieurs immeubles sont érigés sur des voies d'eaux ou zones inondables.
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