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Simon Kouka « C’est une aberration d’avoir encore un pont qui porte le nom de Faidherbe à Saint-Louis. »

Auteur: Babacar SENE (correspondant) Saint-Louis

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Dans une époque où la culture hip-hop influence profondément la jeunesse, le projet HISTOIRE RAPPÉE s’impose comme une initiative pédagogique novatrice. À travers le rap et le slam, ce programme cherche à transmettre des pans méconnus de l’histoire africaine, en mettant en lumière des figures locales souvent absentes des manuels scolaires classiques. Une démarche ambitieuse portée par l’artiste engagé Simon Kouka, qui s’appuie sur la force des mots pour éveiller les consciences et revendiquer une réappropriation de la mémoire nationale.
 
En conférence de presse à Saint-Louis, Simon Kouka a expliqué les fondements de cette démarche artistique et éducative, centrée sur un projet intitulé "Les Rimes de la Résistance". « L’Histoire Rappée, c’est l’idée de parler des récits historiques qu’on ne met pas en avant dans nos manuels scolaires », déclare-t-il. Pour lui, l’enseignement de l’histoire reste encore trop centré sur une vision occidentale, occultant des héros africains ayant pourtant marqué leur époque.
 
Parmi les figures historiques que le projet souhaite réhabiliter figurent Ndatté Yalla, dernière reine du Walo, Batling Siki, premier Africain champion du monde de boxe, ou encore Sidiya Léon. Ces personnalités, bien qu’ayant joué un rôle important dans l’histoire du Sénégal, restent peu valorisées dans l’espace public et dans l’enseignement.
Le projet ne se limite pas à l’éducation : il porte aussi une forte charge mémorielle et politique. Simon Kouka appelle notamment à un changement de nom de certains lieux emblématiques hérités de la colonisation. Il dénonce la persistance d’hommages à des figures coloniales, comme Louis Faidherbe, gouverneur français sous le Second Empire. 
« C’est une aberration d’avoir encore un pont qui porte le nom de Faidherbe, un homme qui a massacré plus de 20 000 personnes en huit mois et brûlé une centaine de villages dans le Walo », affirme-t-il devant le célèbre pont éponyme à Saint-Louis.
Le projet bénéficie d’un soutien institutionnel de poids. Après une tournée réussie dans plusieurs écoles avec le ministère de l’Éducation nationale, HISTOIRE RAPPÉE entame une nouvelle phase avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, dirigé par le docteur Abdourahmane Diouf. Une conférence a ainsi été organisée à l’Université Gaston Berger (UGB) pour sensibiliser les étudiants à ces enjeux mémoriels.
Simon Kouka salue également la décision du président de la République qui, dans une démarche symbolique, a renommé l’avenue Faidherbe en l’honneur de Mamadou Dia, figure majeure de l’histoire politique sénégalaise. Il y voit un signe d’ouverture, mais insiste : « Ce n’est qu’un début. D’autres lieux doivent porter les noms de nos véritables héros. »
À travers HISTOIRE RAPPÉE, c’est tout un pan de la jeunesse sénégalaise qui est invité à réécrire l’histoire, en musique, avec conscience et fierté. 
Auteur: Babacar SENE (correspondant) Saint-Louis

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