En créant les Sénégalais le Bon Dieu a pétri nos âmes avec une certaine dose de fantaisie. Ce n’est pas mauvais en soi parce que cela nous permet de vivre dans un environnement quasi hostile où il n’y a aucune richesse dans nos sous sols et qu’on est obligé de tendre la main aux pays riches pour s’en sortir.

Cela ne fait pas de nous des gueux malheureux et affligés qui ruminent une souffrance originelle. On se débrouille très bien et on est même plus heureux que les riches des autres continents. Tout est prétexte pour s’amuser et notre insouciance s’apparente à une grâce divine. Mais notre plus grand don c’est la capacité d’adopter d’autres civilisations, on s’approprie tout avec une aisance bluffante.

La religion musulmane par exemple, nous l’avons si bien marinée à notre sauce et elle est si digeste sous notre ciel que nous sommes en dehors de la violence qui est en train de l’altérer ailleurs. On aime Dieu avec notre sénégalité, notre caractère pacifique ce qui nous a épargné jusque là que l’avènement du terrorisme. Bien sûr nous avons des querelles de chapelles, chacun prêche pour sa paroisse, mais rien de méchant n’y sort. Le conflit israélo-palestinien et le remous soulevé dernièrement avec la fameuse lettre de soutien de l’iman assoiffé d’honneur à l’ambassadeur israélien s’est vite dissipé et on a oublié pour passer à autre chose, la Korité.

Nous avons l’art de faire la fête avec des bouts de ficelles et la Sénégalaise est si ingénieuse qu’elle fait des merveilles avec des produits bas de gamme. Les poulets que nous préparerons n’ont pas le même goût que les vrais poulets consommés dans des pays riche, la moutarde et le vinaigre qui l’accompagne sont de piètres qualités, mais nous faisons abstraction de tout cela pour célébrer ce jour dans la bonne humeur. Le Sénégalais est débonnaire surtout lorsqu’il est vieux, il y a une certaine sagesse naturelle qui l’habite et une acceptation de la mort comme d’un cycle naturel. La promesse d’une récompense divine évidente lui évite les questionnements douloureux qui laminent les vieux occidentaux qui dépérissent dans les maisons de retraite en France. Nos vieillards sont heureux tandis que ceux de l’Occident dépérissent. La foi est passée par là, ce qui prouve encore que Dieu ne nous a pas lésés. La jeunesse aussi est en général assez sereine comparés aux adolescents des banlieues difficiles de la France.

Les garçons sont certains soucieux d’un avenir qui n’a jamais été radieux au Sénégal, mais dans l’ensemble le désarroi est géré autour d’une théière où les rêves circulent comme les tasses chaudes et sucrées qui émoustillent les sens. Pour ce qui est des jeunes filles sénégalaises, la remarque d’un touriste français illustre bien ce qu’elles sont. Ce vieux toubab après un séjour d’une semaine pendant laquelle il a observé les Sénégalaises n’ont sans une certaine lubricité a tiré cette conclusion : Ce pays est pauvre, mais toutes les jeunes filles semblent toutes sorti de chez un grand couturier français. Cet homme a raison parce que les Sénégalaises sont originales avec les fringues et avec trois fois rien, elles peuvent rivaliser avec une Occidentale qui s’est ruinée pour s’habiller. Et si tout cela n’est pas de la grâce divine. Bonne fête de Korité !