Les communicateurs religieux au Sénégal doivent se pénétrer de la réalité du fonctionnement de l’Etat islamique à travers une formation pour servir de relais auprès des populations, afin de mettre le pays à l’abri de ce qui se passe au Nord-Mali, a soutenu, jeudi, Abdou Latif Aidara, expert en analyse géopolitique à l’antenne régionale de Dakar du Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS).
‘’Au CEDS, nous avons pensé qu’il faut d’abord faire une formation aux vecteurs de la communication religieuse que sont les imams, les prédicateurs traditionnels, les prêcheurs, les marabouts pour que, dans leurs discours, ils puissent s’imprégner de la réalité et puissent partager cette réalité de l’Etat islamique avec les musulmans du Sénégal’’, a-t-il dit.
Il s’exprimait lors d’une conférence sur l’Etat islamique (EI), qui s'est ouverte jeudi à Dakar. L’objectif de cette conférence est de ‘’soutenir la mobilisation de la communauté internationale contre les atrocités des djihadistes autoproclamés".
Selon lui, le CEDS ambitionne de former ces vecteurs de la communication religieuse pour les mettre à niveau, afin qu’ils comprennent ce qui se passe au nord Mali, qui est un phénomène contemporain. ‘’ Ils n’en appréhendent pas la substance’’, a-t-il fait remarquer.
‘’L’objectif de ce séminaire sera de les amener à comprendre ce nouveau phénomène afin qu’ils puissent intégrer cela dans le discours qu’ils servent quotidiennement aux Sénégalais dans les radios, dans les mosquées’’, a-t-il dit.
M. Aidara pense également que l’Etat du Sénégal doit réviser les systèmes de gestion de l’administration par la bonne gouvernance. Il signale que beaucoup de Sénégalais, qui avaient quitté le pays pour émigrer en Europe, ont fini leur route dans le Sahel, où ils sont employés par le Al-Qaïda au Maghreb islamique, AQMI.
‘’ Ils sont dans cette dynamique d’hybridation criminelle, qui mêle l’islamisme, le trafic de drogue et de cigarette. Ils sont dans la grande criminalité’’, a-t-il averti, estimant qu’il faudra redoubler de vigilance à ce niveau.
L’expert en géopolitique soutient que c’est avec un renseignement opérationnel et contextualisé que l’on peut lutter contre ce phénomène et ses conséquences éventuelles.
‘’Le renseignement aujourd’hui n’est plus une affaire de police, de gendarmes, de militaires, c’est une affaire des spécialistes, des universitaires pour permettre au décideur de prendre de bonnes décisions’’, a-t-il ajouté.
‘’L’Islam tolérant du Sénégal est menacé de même que les confréries et l’Etat’’, a-t-il dit, en relevant que pour l’Etat islamique les chefs des confréries sénégalaises ne sont pas des musulmans.
‘’Nous avons le même combat, l’Etat doit contribuer à renforcer l’autorité des chefs religieux sur leurs disciples’’, a-t-il conclu.
Auteur: Aps
Publié le: Jeudi 16 Octobre 2014
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