Magatte Wade : «Les grands enjeux de la mission du Fmi au Sénégal…»
Une mission du Fonds monétaire international (Fmi) séjourne actuellement au Sénégal, dans un contexte tendu sur le plan budgétaire. Ancien fonctionnaire de la Banque africaine de Développement (Bad) et édile de Ngaye Mékhé, Magatte Wade s’est prêté aux questions de Seneweb pour analyser les enjeux majeurs de cette mission délicate.
Le Ministère des Finances a annoncé une mission du FMI au Sénégal, dans ce contexte marqué par les contrecoups de l’affaire du «misreporting». D’après vous, quels sont les enjeux de cette rencontre entre le Fmi et l’Etat du Sénégal?
Les enjeux sont aussi simples que le Sénégal et le FMI ont décidé de renouer le dialogue même s’il n’a jamais été rompu afin de trouver des voies de sortie de crise pour reprendre la coopération et mettre fin aux supputations et aux craintes du Gouvernement du Sénégal. Les deux parties sont chacune dans son rôle : le FMI est dans son rôle d’assister les pays en difficulté comme c’est le cas du Sénégal en proposant les conditions de sortie de crise économique alors que le Sénégal est un Etat souverain qui cherche le progrès économique et social de ses populations dans l’exercice d’un pouvoir fraichement acquis dans des situations extrêmement difficiles.
Comme vous l’avez indiqué, le Gouvernement actuel a trouvé une situation critique du fardeau de la dette et du service de la dette marquée par un surendettement dont une large part aurait été dissimulée par le régime de Macky Sall. Ne parlons pas de la dette intérieure et du déficit de la balance des paiements car le pays importe plus qu’il ne produit et doit payer ses importations en devises.
Par ailleurs, la question qui revient est comment le FMI a-t-il pu ignorer la dette camouflée et pourquoi n’a-t-il pas alerté conformément à son rôle de conseil devant une telle forfaiture. Aujourd’hui, le FMI se confine dans sa position de rechercher plus de clarté dans le misreporting. Mais ce qui l’intéresse le plus est d’examiner les actions à entreprendre pour accompagner le Sénégal à assainir ses finances publiques et à relancer son économie. Pour bénéficier de cette assistance à l’instar de nombreux pays pour ne pas dire presque tous, le FMI et le Sénégal doivent entamer un dialogue franc et ouvert pour trouver des solutions souples qui tiennent compte des dures réalités auxquelles le pouvoir actuel fait face.
Qu’attendre concrètement du Fmi pour desserrer un peu l’étau autour des autorités sénégalaises, au moment où l’Etat du Sénégal a vu sa note dégradée par nombre d’agences de notation ?
Les notes décernées par les agences de notation sont souvent, pour ne pas dire généralement, prises en compte par le FMI dans les critères d’appréciation de l’économie et des finances d’un pays. Le FMI n’a pas rompu sa relation de partenariat avec le Sénégal. Tout en dialoguant, il doit poursuivre sa mission de conseil, de renforcement des capacités et d'assistance technique. Le Sénégal a déjà émis des propositions touchant à des subventions et visant à en réduire ou en supprimer graduellement tout comme celles relatives à des exonérations fiscales. Le Gouvernement sénégalais a besoin de temps pour peaufiner tous les documents de planification pour la relance et pas de pilules amères comme le FMI sait si savamment en prodiguer. Le Ministre de l’économie est un ancien du FMI. Il saura mener les discussions qui ne doivent pas être que politiques. Le Sénégal a besoin de tous ses partenaires et de tous ses fils. Rappelons enfin que le FMI intervient particulièrement sur la monnaie et la finance pour la vitalité des économies de ses pays membres.
Le Fmi avait suspendu son programme avec le Sénégal et bloqué ses décaissements. Risque-t-il de proposer un programme plus contraignant, du type «ajustement structurel» avec, notamment, la suppression des subventions…?
Cela est évident même si le mot ajustement structurel est traumatisant pour le Sénégalais lambda qui a vécu les programmes d’ajustement structurel que Senghor avait vus venir et qui furent chaotiques pour Abdou Diouf. Que dire alors du gouvernement actuel ? Le Sénégal sait ce que le FMI attend de ses dirigeants. Ce n’est ni plus ni moins que d’assainir les finances publiques et surtout régler l’épineux problème du fardeau de la dette et du service de la dette afin de redémarrer la machine économique grippée. Pour l’heure, le Sénégal qui a élaboré un plan de redressement économique en est conscient et beaucoup plus que le FMI. Il est évident que ce sera à coup de réformes courageuses et en profondeur que le Sénégal s’en sortira malgré la manne pétrolière et gazière. La difficile situation économique que traverse le pays n’est pas un meilleur allié pour conduire de telles réformes d’envergure.Comment supprimer ou réduire les subventions à l’énergie, aux produits alimentaires ainsi que certaines exonérations fiscales sans compromettre le climat social en cette période ? Le FMI exigera certainement des efforts de la part du Sénégal ; comment et lesquels ? Va-t-il les obtenir tous ? Peut-être que non mais tout dépendra de la nature des négociations. Je ne vois pas le Sénégal accepter le terme « ajustement structurel » dans les termes de l’Accord qui sera conclu avec le FMI.
Quel impact le plan de redressement du Gouvernement pourrait avoir dans ces discussions ?
Le Gouvernement a intégré des mesures drastiques dans son plan de redressement. Cela est déjà une très bonne chose. Qu’il s’agisse des mesures d’élargissement de l’assiette fiscale voire du renforcement de la gouvernance financière, beaucoup d’ingrédients y sont déjà mentionnés.
En somme, quels objectifs nos autorités devraient viser durant ces discussions avec le FMI ?
Le principal objectif devrait être de maintenir le partenariat avec le FMI en redéfinissant de nouvelles bases de confiance. Le FMI peut beaucoup apporter au Sénégal. Mieux vaut garder un partenariat responsable avec le FMI. Il en va de la signature du pays sur les marchés financiers et auprès des autres partenaires au développement au nombre desquels de nombreux bailleurs de fonds.
Commentaires (26)
Plus d Union Soviétique, la Chine devenue première puissance mondiale, l Inde qui emerge, la Russie puissance mondiale, décadence des économies européennes, les Brics.....
Autant de variables à incorporer dans une analyse juste et pertinente.
Les schémas sont très différents actuellement.
J'étais le pisteur mais j'étais pas là-bas quand Macky était au pouvoir sinon.... 😂😂😂 Je veux juste un café et un verre d'eau s'il vous plaît !
Il n'a jamais fourni de preuves des accusations contre Aliou Sall, Mamour Diallo , Mame Mbaye Niang et Adji Sarr.
C'est lui qui bloque l'économie du Sénégal pendant qu'il distribue les fonds politiques haraam à ses avocats et proches.
Fenn bakhoul, soss bakhoul, defay yeugueul HARASS.
Nous Sénégalais, un jour , je l'espère on aura plus à tendre la main ou à justifier quoique ce soit .
On n'a pas encore les bons dirigeants.
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