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Banlieue : De la Foba de Wade au conseil des ministres de Macky

Auteur: Daouda Mine

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Macky Sall, president de la Republique du Senegal (photo archive)

Comme il l’a fait pour toutes les régions, le président Macky Sall entame un conseil des ministres décentralisé à Dakar ce mardi 19 juillet. Dans toutes les régions, il a choisi la capitale pour abriter les cérémonies, mais à Dakar, il a choisi la banlieue où il séjournera durant 3 jours. Et ce choix est loin d’être fortuit.

C’est que, depuis longtemps, la banlieue est le champ d’expression du désarroi sénégalais. Les nombreux rapports des renseignements généraux qui se retrouvent sur la table du président de la République ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. De Senghor à Wacky, en passant par Diouf et Wade, la banlieue Dakaroise a toujours été une équation insoluble pour les gouvernants. De quoi susciter l’intérêt du chef de l’État pour la banlieue afin de faire d’une pierre deux coups : désamorcer une bombe latente et maitriser son réservoir électoral.

L’alerte des renseignements généraux

Le président de la République est conscient d’une chose : si le pays devait s’embraser, la banlieue sera la paille qui attiserait le feu. Les services de renseignement l’ont clairement signifié à travers des bulletins de renseignements à tous les présidents qui se sont succédé à la tête du pays. La banlieue condense toutes les frustrations et les maux de la société sénégalaise : Insécurité, chômage, insalubrité, promiscuité, démographie galopante, inondation, etc. Dans ce coin de la capitale, les citoyens luttent pour la survie. La conjoncture y est généralisée. L’inflation est galopante, les soins de santé inaccessibles, l’éducation bancale, l’emploi introuvable pour les jeunes. L’eau est peu consommable et lorsqu’il y a coupures d’électricité, les populations de ces localités sont les plus touchées…

C’est pourquoi les pouvoirs publics multiplient les opérations de charme dans la banlieue dakaroise avec des promesses féeriques et des actions sociales intéressées. Car, malgré ses problèmes, la banlieue est un réservoir électoral qui a massivement contribué à la chute du Parti socialiste avant d’être le bourreau du régime libéral.

Le Foba de Wade pour désamorcer la bombe

Ces maux de la banlieue dakaroise avaient poussé Abdoulaye Wade à organiser le Forum banlieue avenirs (Foba) les 17 et 18 novembre 2008 au Complexe Léopold Sédar Senghor de Pikine. Responsables des Organisations communautaires de base (Ocb), autorités administratives et locales, personnes ressources avaient ainsi participé aux audiences publiques qui ont eu lieu dans les quartiers de la banlieue et qui ont permis de lister les problèmes qui freinent le développement de la banlieue.

Les objectifs consistaient principalement à « insérer les jeunes dans le circuit productif à travers des projets et programmes générateurs d’emplois, déboucher sur un arsenal de propositions concrètes à court, moyen et long termes pour éradiquer les catastrophes et lutter contre les fléaux naturels tels les inondations, repenser la pratique culturelle artistique par des pistes claires afin que les artistes et hommes de Culture soient de véritables vecteurs de développement socio-économiques de la banlieue ». Plusieurs thèmes avaient été abordés.

Il s’agit notamment de l’emploi des jeunes, de la Culture comme facteur de développement économique et social, du développement des infrastructures et services sociaux de base. Plusieurs centaines de jeunes de la banlieue avaient été regroupés autour de six ateliers (emploi, éducation et formation, culture, développements des infrastructures et services sociaux de base, aménagement urbain, sports, micro finance et entrepreneuriat féminin).

Les doléances des jeunes

Devant Abdoulaye Wade qui avait clôturé les travaux du forum, la Présidente du Conseil départemental de la jeunesse de Pikine-Guédiawaye, Marème Ngoné Diop, avait soutenu que « les jeunes sont profondément affectés par le sous-emploi et la précarité qui se confondent avec la notion même de banlieue, entraînant le désespoir de la plupart d’entre eux et les emmenant à braver la mer à la recherche d’un Eldorado ». Elle avait noté le manque d’une formation adéquate pour les jeunes, leur permettant non seulement de se prendre en charge, mais aussi d’intégrer le tissu économique de la région.

Elle n’avait pas manqué par la même occasion de signifier au Président de la République que « ses nombreuses initiatives depuis l’avènement de l’alternance en faveur de l’emploi n’ont pas encore totalement répondu à l’attente des jeunes de la banlieue ». « Toutes les mesures (Fnpj, projet ASC Emploi, Anej et autres) n’ont pas suffi à résorber cette forte demande et le taux exorbitant de chômage des jeunes de la banlieue », lui avait-elle craché.

Cheikh Diop, Président de la Commission scientifique du forum, avait demandé la création de pôles de développement économique, d’un fonds spécial d’appui à la microfinance, mais aussi la restitution des terrains des jeunes « abusivement » octroyés aux promoteurs privés.

Les promesses non tenues des gouvernants

En réponse aux préoccupations des jeunes de la banlieue, le président Wade avait annoncé le lancement des TGP (très Grands Projets). « Nous avons les financements de ces projets que nous allons annoncer… Car, j’ai décidé de ne plus laisser cette jeunesse dans les conditions où elle se trouve aujourd’hui », avait-il dit. Il avait promis « d’éliminer le sous-emploi, le chômage des jeunes ». Il avait encensé les jeunes en leur disant qu’il se félicite de disposer d’une « jeunesse ambitieuse qui veut réussir dans la vie et non pas une jeunesse droguée ».

Seulement, 8 ans après ces promesses, la banlieue souffre toujours des mêmes maux. Des maux que Macky Sall promet de solutionner. Espérons juste que ses promesses ne seront pas comme les TGP de Wade.

Auteur: Daouda Mine
Publié le: Lundi 18 Juillet 2016

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