Sur les principes démocratiques, l’Alliance pour la République se soustrait à l’idéal de Bennoo pour 2012 : projet d’une candidature unique et d’un gouvernement de transition de courte durée. Dans les coulisses de la coalition de l’opposition, Macky Sall est exclu de certaines sphères de réflexion comme la prochaine réunion extraordinaire prévue le 8 août 2011 à la Maison du Parti socialiste Léopold Sédar Senghor. Exaspéré, le maire de Fatick - qui l’a fait savoir à ses pairs lors de la dernière rencontre de la Conférence des leaders - tient de l’intérieur la poignée et menace d’enfoncer la porte… déjà ouverte, par lui et ses alliés, pour se jeter dans la rue.
« Personne ne peut exclure l’APR de Bennoo ». Le 29 mai dernier, les murs de la salle de l’unité africaine du Cices rendaient l’écho de tels propos. Macky Sall - qui venait d’être investi candidat de son parti pour la Présidentielle 2012 - s’exprimait ainsi à la tribune du Conseil national des sages de l’Alliance pour la République. Il tenait à faire la précision suivante : « L’Assemblée générale des sages n’a rien à voir avec le séminaire de Bennoo ». L’ancien Premier ministre et directeur de campagne du candidat Wade en 2007 mentionna la réunion de l’opposition, le 28 mai, à l’hôtel Ngor Diarama, ponctuée de positions antithétiques de principalement AJ et APR d’une part, et le reste de Bennoo de l’autre. Les alliés n’émettent pas le même son de cloche sur les questions de candidature unique et de gouvernement de transition.
Les « apéristes » obtiennent, de la majorité dans Bennoo, moins indulgence que le reste des partis qui, comme eux pourtant, récusent l’option de la transition de courte durée et, plus ou moins, le choix d’une candidature unique. Son leader étant résolument tourné vers une logique de conquête du pouvoir, l’APR est critiquée à l’interne. Et toutes les fois que les alliés ont été amenés à analyser le « cas Macky » publiquement, ils ont été pondérés. A Bennoo, on veut faire preuve de prudence : il ne faut pas donner à l’ennemi l’arme pour te détruire. L’ennemi, ici, c’est le camp du pouvoir qui a toujours avancé dans la bataille d’opinion que l’unité de l’opposition est de façade.
Paradoxalement depuis peu, le Bennoo faisant des conclusions des Assises nationales son bréviaire, procède d’euphémismes diplomatiques, s’il n’use pas un langage cru, pour convaincre l’opinion que Macky s’en est auto-exclu. Dans les faits, la coalition de l’opposition donne l’impression de pousser le parti du maire de Fatick à la sortie. L’APR n’a pas été conviée en effet à la réunion extraordinaire du lundi 8 août 2011, à la permanence du Parti socialiste, qui va réfléchir sur le comité de veille du processus électoral et les problèmes de celui-ci. Seuls ont été invités les signataires de la résolution de Ngor Diarama.
L’APR est exclue de fait des concertations. Le FSD/BJ, AJ et les autres partis, qui n’adhèrent point au schéma d’un gouvernement de transition, devraient connaître le même sort. Si bien entendu on suit la logique de la coalition de l’opposition. Sont attendus à cette réunion « les leaders de partis, les membres du comité électoral, les membres de Clarté Dey Leer… », a-t-on appris de bonne source. Et même des « transhumants ». Puisque lors de sa réunion de jeudi 4 août (avant-hier) au domicile du coordonnateur de Bennoo Amath Dansokho, la Conférence des leaders a enregistré l’adhésion de partis revendiquant naguère le statut de « partis non alignés », c’est-à-dire à équidistance du pouvoir et de l’opposition.
Une partie du groupe des non alignés - puisque cette coalition des « neutres » comprenant entre autres Yaakaar/Parti de l‘Espoir de Mord Dieng, le FEP de Lat Diop, a éclaté en trois entités - a regagné officiellement Bennoo et a même été représentée à la dernière réunion des leaders par Seydou Guissé Sall, indique notre source.
Au cours de cette réunion hebdomadaire des chefs de partis, Macky Sall a encore réitéré son ancrage dans Bennoo malgré qu’il ait décidé de faire cavalier seul au prochain scrutin présidentiel. « Personne ne peut me sortir de Bennoo », a-t-il réaffirmé. Mais en ajoutant dans la foulée que si « les gens ne veulent plus (le) le voir », il s’en irait. Se sentant visé par certains propos de leaders de Bennoo relayés par la presse et n’appréciant point le fait qu’une réunion puisse être convoquée (celle de lundi mentionnée supra) sans l’APR, Macky a l’impression d’être « indésirable ».
Il s’est senti ciblé par des propos qu’aurait tenus El Hadj Momar Sambe à son sujet : « Bennoo doit continuer son travail sans l’APR ». En disant cela, le leader du Rta-S - absent de la réunion parce qu’il assistait, à la Maison du Ps, aux travaux du groupe de travail pour le « parachèvement et la finalisation du projet de Constitution » des Assises nationales - a voulu certainement coller à l’étique et à la logique d’action de Bennoo.
En réaction aux remarques de Macky, des leaders de Bennoo tenteront de calmer la situation. L’un d’eux, Zahra Iyane Thiam pour ne pas la nommer de l’Union pour le Développement du Sénégal/Innovation, donnée pour la seule femme chef de parti dans Bennoo, dira que leur coalition n’a pas besoin de querelles intestines. Et que l’APR « ne doit pas quitter ». D’autres intervenants vont abonder dans le même sens. Le feu éteint, la réunion pouvait se poursuivre.
Théoriquement, Macky reste. Mais pour combien de temps ? Le congrès d’investiture de l’APR, prévu en fin octobre, devra parachever le processus opérationnel pour la candidature de l’ancien Premier ministre, amorcé d’abord avec les jeunes et les femmes puis avec les Sages.
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