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PRÉSIDENTIELLE 2019 (J -20) : [Profil 4/5] Madické Niang, Bamba partout !

Auteur: Awa FAYE

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Madické Niang, doyen (65 ans) des candidats à la présidentielle du 24 février, place Serigne Touba au centre de son action. Et ça ne date pas d'hier.

MourideMadické Niang est réputé fervent disciple de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, le fondateur du mouridisme. "C'est la base fondamentale de la personne. Il a une foi inébranlable en Dieu également", renseigne le directeur de cabinet du candidat de la coalition Madické 2019, Mamadou Ndiaye.

L'intéressé, mine joviale, acquiesce d'un petit "je suis heureux d'être mouride". En ajoutant que même à l'université, au moment où ses camarades sirotaient le communisme, le marxisme entre autres idéologies importées d'ailleurs, lui sublimait le "consommer local", se nourrissant l'esprit des enseignements de Serigne Touba.

AvocatMadické Niang, 65 ans, est le doyen des candidats à la présidentielle du 24 février. Il est né le 25 septembre 1953 à Saint-Louis. Il a fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale. Après le bac, au lycée Charles de Gaulle, il est orienté à la faculté de droit de l'université de Dakar, avant d'en être exclu pour fait de grève. C'est à Abidjan, en Côte d'Ivoire, qu'il va terminer ses études de droit pour devenir avocat et mener en même temps ses activités d''entrepreneur et d'homme politique.

"Inscrit au barreau de Dakar, il a conduit avec brio, et de concert, une carrière d'avocat et d'homme d'affaires. Sa qualité d'avocat lui a permis d'avoir, avec le président Abdoulaye Wade, des relations privilégiées et de devenir un homme clef de son régime, renseigne-t-on dans ‘Projet de société : Jamm ak Xeweul', la brochure de présentation du candidat. A partir de 2012,  devenu opposant, il contribue à maintenir la place de leader du Parti démocratique sénégalais. Elu député en 2017, il a présidé le groupe parlementaire Liberté et Démocratie jusqu'à sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle 2019."

Plan BSa relation avec Wade et sa position dans le dispositif de son régime font que la candidature de Madické Niang, contre l'avis du chef de l'État, est vue comme une trahison par ses détracteurs. Mais  lui, proteste. Réfute. S'explique.

"J'avais peur que la candidature de Karim ne soit pas validée, jurait-il dans L'Observateur. Si ce n'est pas validé, le Parti démocratique sénégalais (Pds) n'aura pas de candidat. J'ai alors compris que j'avais un devoir, sur la base d'interpellations de militants avec qui je partage le Pds, mais aussi de personnalités religieuses, de la société civile. Tous m'ont dit qu'il fallait une candidature pour se présenter."

Il ajoutait : "C'est à ce moment-là que j'ai pris mon courage. J'ai une responsabilité vis-à-vis du parti, où beaucoup de gens ont considéré que j'étais le plan B, et vis-à-vis de toutes ces personnes qui ont refusé d'aller rejoindre d'autres candidats, parce que voulant me soutenir."

Le juriste et planificateur Mamadou Ndiaye embraye : "Madické Niang a occupé tous les postes stratégiques. Et comme l'appétit vient en mangeant, il a pris la décision de se présenter à l'élection présidentielle après le rejet de la candidature de Karim Wade. Il a pris son courage à deux mains et des risques énormes, en disant : ‘Moi, je vais constituer un plan B non officiel. En attendant, je vais mettre ma candidature'."

Ndiaye signale que dans leur camp, d'aucuns espéraient que la démarche de Madické Niang serait comprise. Ils durent déchanter : "Malheureusement, cela ne s'est pas passé ainsi. Il a été obligé lui-même de se battre et comme Dieu a été d'accord avec lui, il a pu passer un cap qui était le plus difficile, qu'est le parrainage."

ÉquilibreLe choix de l'ancien ministre de la Justice révèle, selon son directeur de cabinet, un homme d'expérience déterminé, attaché à ses convictions, et en même temps un partisan du dialogue et du consensus. Un homme de poigne aussi, malgré l'avis de ceux qui considèrent l'avocat comme une marionnette, à la merci du dernier des jongleurs.

Mamadou Ndiaye : "Avoir la poigne, pour certains, c'est se faire des ennemis à droite et à gauche. La vraie poigne, c'est de garder l'équilibre et avoir la tête froide partout. Il garde toujours sa lucidité."

Cette capacité à garder l'équilibre, lui a sans doute donné la longévité qu'il a eue dans les gouvernements d'Abdoulaye Wade, après avoir été pendant deux ans (2000-2002) conseiller spécial de ce dernier, chargé des Affaires juridiques : ministre de l'Habitat, de l'Energie et des Mines, de l'Industrie, de l'Artisanat, des Petites et moyennes entreprises (Pme) et des Mines, de la Justice et, jusqu'à la chute des libéraux, des Affaires étrangères.

"Non coupable !"Madické Sall traine un lourd boulet depuis l'annonce de sa candidature. Il est taxé de traitre et soupçonné de rouler pour Macky Sall. Il plaide non coupable : "Je ne suis pas un traitre et ne le serai jamais de ma vie. J'ai tout donné à Abdoulaye Wade, au Pds. Nous sommes dans un parti libéral. Quand une situation se présente, il y a la liberté d'apprécier et de dire : je veux une candidature alternative. J'ai démontré aux Sénégalais que si Macky Sall avait des moyens de faire pression sur moi, je n'aurais ni cheminé avec Abdoulaye Wade ni figuré sur les listes du Pds et fait gagner mon parti à Touba et partout. Comment, aujourd'hui, ose-t-on me voir comme quelqu'un que le pouvoir peut manipuler ?"

Il répond lui-même : "La médisance est l'arme des faibles. L'histoire est là. La vérité finit toujours par triompher. Quelqu'un me disait : ‘la vérité a beau être noctambule, elle ne passe jamais la nuit à la belle étoile'. Elle finit toujours par triompher. Je veux être une candidature alternative, gagner les élections, rétablir Karim Wade et Khalifa Sall dans leur droit et, en même temps, honorer Abdoulaye Wade."

On le voit, malgré sa brouille avec lui, l'homme ne lance jamais une pique à Wade. Pas même à ses adversaires politiques. Il ne mange pas de ce pain-là. "Je passe tout mon temps à appeler au calme, signale-t-il. Je passe tout mon temps à dire aux gens que ce n'est pas de cette manière qu'on devrait faire de la politique. Vous m'avez vu à l'Assemblée nationale,  j'ai développé une opposition farouche, mais jamais je n'ai eu à verser dans les injures ou les invectives. Pourtant, j'ai eu à m'opposer farouchement contre toutes les initiatives de la majorité. En tout cas, jamais je n'aurais à répondre aux injures."

Quid de son avenir au Pds ? Madické Niang n'est pas près de rompre les amarres avec le parti de Wade, mais il n'entend pas faire de la résistance si on le pousse vers la sortie. Il dit : "Je suis membre du Pds et continue de revendiquer mon appartenance jusqu'au jour où on me notifiera une décision d'une instance régulière prononçant mon exclusion. J'ai dit que je ne m'accrocherai jamais à des positions. J'accepterai volontiers."

Jeunesse-santé-éducationIl ne faut pas oublier que Madické Niang est candidat à la présidentielle. Et que, en tant que tel, il faudra parler programme. "L'ancien pourvoyeur de fonds" d'Abdoulaye Wade le sait bien, qui s'est fixé trois priorités : "Ma première, c'est la jeunesse. En parlant de la jeunesse qui forme un tout, je prends en compte l'éducation, l'emploi des jeunes, la formation. Ma deuxième, c'est la santé et ma troisième, c'est l'agriculture."

Mamadou Ndiaye ajoute que l'ancien ministre de la Justice, élu Président, va aussi rétablir l'État de droit. Il dit : "Le Sénégal est un pays en danger, parce que la base d'un État est le respect de la légalité républicaine. Que les gens acceptent que la règle de droit prime sur la force. Donc, ce n'est pas par hasard qu'il est un homme de droit qui vient dire aux Sénégalais : ‘Je vous demande de me faire confiance pour rétablir l'État de droit'.'"

Auteur: Awa FAYE
Publié le: Lundi 04 Février 2019

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