La place de la société civile et la recomposition en cours de l’opposition sénégalaise ont été au cœur du "Jury du dimanche" sur iRdio. Invité, Thierno Bocoum a expliqué, parlant du repositionnement politique, que le pays entre dans une phase charnière où chaque acteur doit redéfinir son rôle. 

Pour l’ancien parlementaire et président du mouvement Agir, la société civile sénégalaise doit rester fidèle à sa mission de veille démocratique. Il rappelle que son rôle premier n’est ni de servir de marchepied au pouvoir ni de se substituer aux partis politiques, mais de « défendre les principes et les citoyens, quels que soient ceux qui gouvernent ».

Selon lui, une partie de la société civile s’est affaiblie en se compromettant politiquement ou en cherchant une proximité excessive avec les régimes successifs. « Il faut que la société civile retrouve sa force morale, son indépendance et son rôle d’alerte », plaide-t-il. Avant d'appeler à une « société civile de conviction », capable de dénoncer les dérives, de proposer des alternatives, mais aussi d’éduquer les citoyens à la culture démocratique et à la reddition des comptes.

L’opposition à l’heure de la recomposition

L’ancien parlementaire observe que l’émergence d’un nouveau pouvoir porté par l’ancienne opposition rebat les cartes du champ politique. « Beaucoup de partis se retrouvent désorientés, entre soutien prudent et opposition prudente », note-t-il. Pour lui, cette période de transition doit être l’occasion d’une refondation de l’opposition sénégalaise autour d’un projet clair et cohérent. « L’opposition ne doit pas se limiter à critiquer. Elle doit incarner une alternative crédible, fondée sur des idées, des valeurs et un programme », insiste-t-il. 

Il alerte contre la tentation de l’opportunisme politique et des alliances de circonstance : « Le peuple n’a plus besoin de coalitions improvisées, mais de forces organisées, porteuses d’une vision pour le pays. »

Vers une nouvelle maturité démocratique

Thierno Bocoum estime que le Sénégal a atteint un niveau de conscience citoyenne qui exige plus de responsabilités de la part de ses acteurs politiques et sociaux. « La société civile, les partis, les syndicats, les médias : chacun doit jouer son rôle pour consolider la démocratie et éviter les dérives autoritaires ou populistes », affirme-t-il. 

Dans ce contexte, il appelle à un dialogue national renouvelé, où les divergences ne seraient plus perçues comme des menaces, mais comme des contributions à la vitalité du débat public. « La rupture, c’est d’abord une exigence morale, un rapport nouveau à la vérité, à la transparence et à la responsabilité », a-t-il conclu.