Visite du président Diomaye en Casamance : « Il n’est pas dans une démarche politique » (Momar Thiam)
Le Président de la République Bassirou Diomaye Faye a entamé, ce samedi 20 décembre 2025, une tournée économique de cinq (5) jours en Casamance (Sud). Une visite de terrain dans le fief de Ousmane Sonko qui fait beaucoup jaser dans un contexte post-conflit avec ce dernier.
Si certains y voient un objectif inavoué de reconquête socio-politique, l’expert en communication politique Momar Thiam n’est pas du même avis. Invité de l’émission Objection de ce dimanche sur Sud fm, M. Thiam a battu en brèche cette analyse que font certains.
Les visites économiques, souligne-t-il, sont une terminologie ancrée dans l’agenda républicain depuis le régime de Wade. « En termes de communication c’est assez parlant parce que le premier des Sénégalais quitte la capitale qui est le centre des décisions pour investir l’intérieur du pays en commençant en général par le sud : la Casamance. Donc il y a d’abord un aspect symbolique », déclare-t-il d’emblée.
Avant d’ajouter : « je ne pense pas qu’il est dans une démarche politique. Parce que déjà on n’est pas dans un contexte préélectoral. Le président de la République qui a décidé de faire de la Casamance -grenier du Sénégal- une sur priorité, va constater de visu l’état d’avancement des projets qui sont en cours notamment dans le cadre du Plan Diomaye pour la Casamance ».
Un plan dans lequel l’État a investi 54 milliards de francs CFA pour des infrastructures sociales de base, le retour des déplacés de guerre, entre autres. Le Président, d’après Momar Thiam, veut constater lui-même l’état d’exécution (46%) du Plan et son impact dans le quotidien des populations.
D’après Thiam, il y a là un changement d’approche avec ses prédécesseurs. « Tous les présidents qui se sont succédé ont injecté beaucoup d’argent autour de plans pour le développement de la Casamance mais qui n’ont pas eu l’effet escompté. Donc il est nécessaire pour le président Faye d’aller constater lui-même l’état d’exécution du plan », estime-t-il.
Commentaires (3)
Malamine FallTon analyse est séduisante dans la forme, mais elle ne tient pas face aux faits.
D’abord, appeler cela une « tournée économique » ne signifie nullement que les militants et sympathisants n’avaient ni le droit ni la légitimité de sortir accueillir le Président. Dans notre histoire politique, toutes les tournées présidentielles économiques ou non ont toujours été des moments de mobilisation populaire. D’ailleurs, Ousmane Sonko lui-même avait appelé à l’accueil du Président. Donc vouloir expliquer l’absence de mobilisation uniquement par le caractère “économique” de la tournée relève de la justification a posteriori.
Ensuite, parler de « rupture » pour masquer un malaise politique réel est une erreur. La vérité, que beaucoup refusent de regarder en face, c’est qu’une partie des militants est aujourd’hui frustrée et fâchée à cause des divergences visibles entre le Président Diomaye et Ousmane Sonko sur des choix politiques majeurs. Ce malaise explique bien plus l’absence d’enthousiasme que la discrétion supposée de la tournée.
Par ailleurs, l’argument du “non-gaspillage” est très discutable. Une tournée présidentielle, même dite économique, mobilise d’importants moyens (cortèges de véhicules, sécurité, carburant, hébergements, logistique, per diem, locations d’hôtels, etc). Faire croire que l’absence de foules équivaut à une économie substantielle du denier public est intellectuellement malhonnête.
Enfin, dire que les populations n’étaient pas informées ne prouve rien. L’information circule toujours, surtout lorsqu’il s’agit d’un Président de la République. Si la mobilisation avait été forte au sein du parti et des bases militantes, les populations seraient sorties, calendrier officiel ou non.
En résumé, ce n’est ni la nature de la tournée ni la volonté d’éviter le folklore qui explique ce qui s’est passé. C’est un contexte politique précis, marqué par des tensions internes et des attentes déçues chez les militants. Refuser de le reconnaître, c’est refuser de voir la réalité.
La rupture, ce n’est pas travestir les faits. La rupture, c’est avoir le courage de les assumer.
Fii dof nekkufi nekk leen di nax sa bopp rekk. Vous ne l'aidez pas.@followers
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