Soixante personnalités marocaines ont exhorté mercredi le roi du Maroc à répondre à la contestation sociale portée depuis dix jours par la jeunesse en engageant des réformes "en profondeur", avant un discours royal très attendu vendredi.

Dans une lettre ouverte, 60 intellectuels, artistes et défenseurs des droits humains, parmi lesquels l'historien Maâti Mounjib, le journaliste Omar Radi et le militant Fouad Abdelmoumni, jugent que "l'heure est grave".

"Nous nous adressons à vous parce que vous détenez l'autorité ultime, et donc la responsabilité ultime dans ce pays. Le peuple du Maroc souffre, sa jeunesse le crie dans les rues avec force", écrivent-ils à l'attention du roi.

Depuis le 27 septembre, le collectif de jeunes "GenZ 212", récemment apparu sur les réseaux sociaux, appelle chaque soir à des rassemblements pour réclamer des réformes dans la santé et l'éducation, la fin de la corruption et la démission du gouvernement.

Les protestations ont commencé mi-septembre après le décès, à l'hôpital public d'Agadir (sud), de huit femmes enceintes admises pour des césariennes.

Mardi, le mouvement a annoncé "une pause temporaire" des manifestations pour mieux s'organiser en vue d'une grande mobilisation jeudi, à la veille de l'ouverture de la session parlementaire d'automne lors de laquelle Mohammed VI fixe chaque année les priorités du pays.

Les revendications de la jeunesse "sont légitimes", estiment les signataires de la lettre ouverte, en appuyant l'appel du collectif à la chute du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui a affirmé la semaine dernière que l'exécutif était disposé à "dialoguer" avec les jeunes.

Ils jugent que pour "traiter les causes structurelles de la colère", il faut lutter "contre la corruption" et "le clientélisme", ainsi que centrer les priorités de l'Etat sur "l'éducation, la santé et la création d'emplois - au lieu de persister dans les dépenses somptuaires" comme "le plus grand stade de football du monde".

Le Maroc, hôte de la Coupe d'Afrique des nations fin 2025 et co-organisateur du Mondial 2030 avec l'Espagne et le Portugal, a engagé de vastes chantiers d'infrastructures: construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports.

Les signataires demandent aussi de "lancer un processus de réforme constitutionnelle" et la libération de tous les détenus du mouvement GenZ 212 ainsi que tous "les autres prisonniers politiques et d'opinion au Maroc".