Calendar icon
Friday 22 August, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Etats-Unis - Nigeria : Un contrat d'armement de 346 millions de dollars fait polémique

Auteur: AFP

image

Etats-Unis - Nigeria : Un contrat d'armement de 346 millions de dollars fait polémique

Plusieurs organisations de défense des droits humains critiquent un récent contrat de vente d'armes de plusieurs centaines de millions de dollars entre les États-Unis et le Nigeria, dont l'armée est régulièrement accusée de tuer des civils en toute impunité.

La semaine dernière, Washington a approuvé une vente d'armes au Nigeria d'une valeur de 346 millions de dollars (environ 298 millions d'euros), comprenant bombes, roquettes et munitions, afin que le pays le plus peuplé d'Afrique renforce ses opérations contre les groupes jihadistes dans le nord-est du pays, les bandes armées dans le nord-ouest et le centre et les séparatistes dans le sud-est.

La situation sécuritaire au Nigeria est critique et les civils se retrouvent souvent pris entre deux feux.

En mai dernier, l'armée de l'air nigériane a bombardé un groupe d'autodéfense local dans l'État de Zamfara (nord-ouest), les confondant avec des gangs criminels, selon des habitants interrogés par l'AFP.

L'armée a rétorqué que ces frappes visaient des "terroristes".

Le rapport annuel sur les droits humains au Nigeria, publié par le département d'État américain la semaine dernière, fait état de frappes aériennes causant la mort de civils et d'actes de torture commis par l'armée.

A l'annonce de ce contrat de vente, les autorités américaines ont été "visiblement silencieuses sur le bilan des graves violations des droits humains imputées à l'armée nigériane, ainsi que sur les mesures, le cas échéant, qui seront mises en place", a déclaré dans un communiqué Anietie Ewang, chercheuse pour l'ONG Human Rights Watch.

Le Congrès américain, qui a le pouvoir de suspendre ce type de vente, "doit vraiment poser ces questions difficiles que le département d'État évite", a-t-elle ajouté lors d'une interview avec l'AFP.

Des centaines de civils ont été tués dans des frappes aériennes au Nigeria ces dernières années, incidents parfois contestés par les autorités.

Les porte-paroles de l'armée nigériane et de l'ambassade américaine à Abuja n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Principaux partenaires

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les États-Unis sont le troisième fournisseur d'armes du Nigeria, derrière la Chine et la Russie, mais sont désormais concurrencés par la Turquie, le Brésil, le Pakistan et les Pays-Bas.

"Les États-Unis restent tout de même le phare de la démocratie et doivent continuer d'être un exemple en matière de respect des droits humains", a déclaré à l'AFP Isa Sanusi, directeur d'Amnesty International au Nigeria, appelant Washington à surveiller l'usage de ses armes.

Sadeeq Shehu, ancien porte-parole de l'armée de l'air nigériane, a qualifié la vente d'armes de "très bonne nouvelle" lors d'un entretien avec la chaîne de télévision Arise News, y voyant la preuve d'un renforcement des dispositifs de protection des civils.

"Il existe d'autres fournisseurs, mais pour certaines choses, il faut les obtenir des Américains", a-t-il ajouté.

Entre 2000 et 2021, Washington a fourni au Nigeria "une assistance au secteur de la sécurité" d'un montant de près de 200 millions d'euros, des armes pour une valeur de 510 millions d'euros, et des entreprises américaines privées ont fourni du matériel militaire pour 262 millions d'euros, selon un rapport de l'université Brown.

Mais la corruption présumée et les violations des droits humains au Nigeria ont parfois pesé sur les relations entre les deux pays.

Sous la présidence de Barack Obama, Washington a bloqué des ventes d'armes au Nigeria, privilégiant la coopération avec le Tchad et le Niger dans la lutte contre Boko Haram.

En 2021, le Congrès américain a temporairement bloqué la vente d'un hélicoptère militaire, invoquant des inquiétudes liées aux droits humains, avant de finalement valider la transaction.

Malik Samuel, chercheur pour l'ONG Good Governance Africa, s'interroge également sur l'efficacité des opérations militaires.

"Vous ne pouvez pas me dire que les factions de Boko Haram ou même les bandits disposent d'armes plus sophistiquées", a-t-il déclaré, appelant Abuja à davantage miser sur la stratégie et le renseignement.

Auteur: AFP

Commentaires (2)

  • image
    Elzo il y a 5 heures

    Ce n'est pas un hasard si cet article est pondu par l'AFP. Les états africains doivent s'armer jusqu'au dents pour leur sécurité intérieure mais surtout extérieure avec des pays qui ont décidés de s'armer en milliard de dollars sans raison claire!

  • image
    Mélany il y a 4 heures

    En matière de stratégie militaire, le Nigéria est très limité en témoigne son incapacité criarde à neutraliser ou à réduire considérablement les capacités de nuisance de Boko haram, dès ses débuts. Les armes seules ne font pas la différence.

Participer à la Discussion