Le climat sociopolitique continue de susciter des réactions en Guinée, à l’approche de la présidentielle prévue le 28 décembre 2025.

À Coyah, Ibrahima Sory Diallo, membre du Bureau préfectoral de la société civile, s’est exprimé publiquement pour dénoncer la fermeture de certains médias, le recul de la liberté d’expression et l’exil forcé d’acteurs politiques sous la transition dirigée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).

Selon lui, aucun développement durable n’est possible sans la participation de toutes les composantes de la nation.

« L’État, à lui seul, ne peut pas développer le pays. Le développement passera forcément par la participation de ses filles et fils. Il faut laisser la libre antenne aux journalistes et permettre aux politiciens de rentrer au pays pour faire de la politique. L’État doit travailler avec tout le monde, sans exclure personne. Quand on chasse les gens, c’est comme si on chassait les bonnes idées, et ce n’est pas bon », a déclaré l’activiste.

« La presse est bâillonnée, les opposants chassés »

Le membre de la société civile ne mâche pas ses mots face à ce qu’il qualifie de dérive autoritaire du régime en place.

« Avant, la presse participait à l’éducation et à l’information des citoyens. Aujourd’hui, elle est bâillonnée. Les opposants ont été chassés comme s’ils étaient dans le champ du chef. Nous n’avons plus de repères ni de situations claires sur lesquelles aligner nos idées de développement. On n’écoute personne, on ne considère personne. Et quiconque parle, on le prend », déplore-t-il.

« Le CNRD a inversé l’ordre des scrutins »

Abordant le processus électoral, Ibrahima Sory Diallo estime que les autorités de la transition ont rompu leurs engagements initiaux.

« Après le référendum, on devait relancer le cadre de dialogue politique, réunir tous les acteurs autour de la table, tirer les leçons et organiser d’abord les élections communales, puis les législatives avant la présidentielle. Le président avait promis cela, mais il a changé d’avis sans informer les Guinéens. On l’attendait vers le pôle Sud, il est sorti maintenant vers le pôle Nord », ironise-t-il.

Une mise en garde avant la présidentielle

Concernant les appels de certains citoyens à une candidature du général Mamadi Doumbouya, l’activiste reste prudent.

« Chacun est libre d’exprimer ses sentiments. Mais jusqu’à présent, le président n’a pas déclaré sa candidature. Il reste dans la logique qu’il avait exprimée au début. Le jour où il dira ‘Je veux être candidat’, je donnerai mon avis. Pour l’instant, ceux qui l’encouragent le font par intérêt ou pour d’autres raisons », a-t-il conclu.

Cette sortie d’Ibrahima Sory Diallo s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir et certains acteurs de la société civile et de l’opposition, à moins de trois mois du scrutin présidentiel.