Face au chômage persistant, au manque d’opportunités et à la précarité quotidienne, de plus en plus de jeunes Guinéens se tournent vers des activités à haut risque, souvent illégales, dans l’espoir d’améliorer rapidement leurs conditions de vie. Une réalité alarmante qui interroge sur les causes profondes de cette dérive sociale.

Le désespoir comme moteur

Avec un taux de chômage des jeunes estimé à plus de 60 %, la plupart des diplômés sortent des universités sans perspective claire. Le secteur public est saturé, et le secteur privé reste limité. Résultat : nombreux sont ceux qui, par nécessité, se lancent dans des activités informelles ou illégales — trafic, escroquerie en ligne, migration clandestine, revente illicite de produits, ou encore les “livraisons douteuses” dans les aéroports.

“Quand tu n’as rien, et que tu vois d’autres jeunes s’en sortir rapidement, tu finis par te dire que le risque vaut la peine”, confie un jeune habitant de Sonfonia.

Les réseaux sociaux, vitrines du faux succès

Les réseaux sociaux ont amplifié le phénomène. Entre apparences de richesse, “influenceurs” sans scrupule et train de vie artificiel, beaucoup de jeunes s’identifient à des modèles fondés sur la réussite rapide et sans effort.

Cette course à la réussite visible pousse certains à franchir la ligne rouge, convaincus que la fin justifie les moyens.

Un système d’encadrement défaillant

L’absence d’accompagnement institutionnel est également pointée du doigt. Les programmes d’appui à l’emploi, souvent mal ciblés ou peu accessibles, laissent sur le carreau une grande majorité de jeunes sans formation ni capital de départ.

Les centres de formation professionnelle manquent de moyens, tandis que le soutien à l’entrepreneuriat local reste insuffisant.

Des solutions à inventer

Pour endiguer le phénomène, les spécialistes appellent à une refonte des politiques publiques d’insertion.

La création d’emplois décents, la valorisation de la formation technique, et la mise en avant de modèles de réussite authentiques et éthiques apparaissent comme des solutions urgentes.

“Ce n’est pas le manque d’ambition qui tue les jeunes, c’est le manque d’opportunités”, souligne un sociologue de Conakry.

Un choix de survie, pas de délinquance

Derrière ces “business” risqués se cachent souvent des histoires de survie, non de criminalité.

Comprendre cette réalité, c’est reconnaître qu’avant d’être des fautifs, ces jeunes sont les victimes d’un système bloqué, d’un pays où le talent ne suffit pas toujours pour réussir.