Un rapport accablant du Bureau du vérificateur général (BVG) révèle de graves irrégularités financières dans la gestion de la primature du Mali sur la période 2021-2024. Au cœur des préoccupations : des paiements de dépenses injustifiées, des marchés publics douteux, et une mauvaise utilisation de fonds sociaux destinés aux plus vulnérables.
Le Bureau du vérificateur général (BVG) a rendu public un rapport de vérification portant sur la gestion financière de la primature du Mali pour les exercices 2021, 2022, 2023 et jusqu’au 30 novembre 2024. Le document met en lumière des irrégularités financières d’un montant total de 2 068 394 986 F CFA, dont 1 731 351 066 F CFA restent à ce jour non justifiés. Ces dérives concernent notamment le paiement irrégulier de dépenses de souveraineté, pour un total de 803 205 425 F CFA, sans respecter les lignes budgétaires prévues à cet effet.
Une partie significative des détournements porte également sur le filet social, avec 262 312 924 F CFA affectés à des dépenses non éligibles telles que l’achat de carburant, la dératisation ou des financements d’études supérieures, au détriment des populations vulnérables censées en bénéficier. Le BVG dénonce en outre la reconduction illégale de marchés sans mise en concurrence, pour un montant de 126 647 040 F CFA.
Deux entreprises ont été reconnues coupables de falsification de leur expérience professionnelle pour obtenir des marchés publics, obtenant ainsi frauduleusement des contrats totalisant 444 590 625 F CFA. D’autres pratiques douteuses ont été signalées : attribution de marché en situation de conflit d’intérêts (33 185 730 F CFA), absence de justification de missions officielles (10 730 904 F CFA), et réception de travaux non achevés pour un montant estimé à 3 350 000 F CFA.
Le BVG pointe également des irrégularités dans l’utilisation de 45 795 333 F CFA destinés à des activités de communication sans aucune pièce justificative. Par ailleurs, l’application de pénalités pour retards de livraison n’a pas été systématique, entraînant un manque à gagner de plus de 1,5 million F CFA.
Le rapport mentionne enfin des défaillances administratives persistantes : absence de codification des biens publics, passation de conventions sans respecter les procédures légales, et non immatriculation de véhicules financés par l’État.
Compte tenu de la gravité des faits, le vérificateur général a saisi le procureur de la République près le Pôle national économique et financier et a transmis le rapport à la Section des comptes de la Cour suprême. Il recommande un encadrement juridique rigoureux des dépenses de souveraineté et du filet social, ainsi qu’un renforcement de la discipline budgétaire. Le rapport jette une lumière crue sur la gestion des deniers publics au sommet de l’exécutif et appelle à une action rapide des autorités compétentes.
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