Mali : le procès de l’avion présidentiel et des équipements militaires relancé sous tension
La Cour d’assises spéciale reprend ce jeudi 22 mai 2025 les plaidoiries dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, un dossier emblématique des débats sur la corruption et la gouvernance au Mali. Entre changements au sein de la Cour, état de santé critique de la principale accusée et déclarations attendues d’anciens Premiers ministres, ce procès pourrait connaître un nouveau tournant.
Ce jeudi, l’attention est de nouveau braquée sur le Palais de justice de Bamako, où la Cour d’assises spéciale chargée des crimes économiques et financiers relance l’examen de l’affaire dite de « l’avion présidentiel et des équipements militaires ». Le dossier, marqué par de vives polémiques, remonte aux années de gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta, lorsque de lourdes acquisitions d’un avion présidentiel et de matériel militaire avaient été réalisées, dans des conditions jugées opaques.
Classée sans suite en 2021 par la Cour suprême, faute de preuves de malversations, l’affaire a été réactivée en septembre 2024, sur fond de pressions de l’opinion et d’un engagement renouvelé des autorités à lutter contre la corruption. Lors des premières audiences, onze personnes étaient poursuivies, mais seules quatre ont comparu devant la Cour : Bouaré Fily Sissoko, alors ministre de l’Économie et des Finances, Mahamadou Camara, Moustapha Drabo et Nouhoum Dabitao. Les échanges avaient été tendus, notamment sur l’authenticité des factures et la livraison effective des équipements.
La reprise des plaidoiries pourrait faire émerger de nouveaux éléments. Trois hauts responsables de l’époque, les anciens Premiers ministres Moussa Mara et Oumar Tatam Ly ainsi que Madani Touré, ex-ministre délégué au Budget, ont récemment été entendus par la Cour suprême. Leurs témoignages sont considérés comme cruciaux pour éclairer les décisions politiques et financières entourant ces contrats.
Mais cette nouvelle phase du procès s’ouvre dans un climat d’incertitude. Bouaré Fily Sissoko, incarcérée depuis plus de trois ans et demi, est dans un état de santé alarmant. Elle souffre de pathologies graves, dont la drépanocytose, une hypertension sévère et des problèmes cardiaques. Sa situation relance le débat sur les conditions de détention et pourrait influencer le déroulement des audiences.
Autre complication : la quasi-totalité des juges initialement en charge du dossier a été remplacée. Sur les cinq membres de la Cour, seul le président est resté en poste. Des remaniements, qui officiellement justifiés par des nominations et des indisponibilités, posent la question de la continuité des débats. Le procès reprendra-t-il là où il avait été suspendu, ou faudra-t-il tout recommencer ?
À l’heure où le Mali cherche à renforcer la confiance des citoyens dans ses institutions, ce procès est devenu un symbole. Il incarne les attentes fortes de transparence et de justice, tout en révélant les tensions persistantes entre exigences politiques, pressions sociales et procédures judiciaires. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer si cette affaire contribuera à réhabiliter la justice ou à approfondir les clivages.
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