Personne ne fait mieux que lui. Paul Biya, le président camerounais, reste le plus vieux dirigeant en poste en Afrique et dans le monde. Début octobre, il a bouclé 43 ans à la tête de ce pays d’Afrique centrale. On pensait qu’à 92 ans, le phénix allait finalement prendre une retraite bien méritée, mais erreur ! Il n’a pas prévu de déménager du palais de l'Unité. 

Comme en 2018, il est une nouvelle fois déclaré vainqueur de la Présidentielle du 12 octobre 2025, avec 53,66 % des suffrages exprimés. Mais sa victoire est contestée par son principal opposant, Issa Tchiroma.

Le Conseil constitutionnel, une « institution ennemie de la souveraineté du peuple »

Ce dernier accuse le Conseil constitutionnel d’avoir publié des « résultats tronqués », mettant en cause son impartialité.  « Cette institution vient de se détourner de sa mission de gardienne de la paix et de la démocratie pour devenir un organe partisan, ennemi de la souveraineté du peuple », a chargé l’opposant. Il incite le peuple à une résistance pacifique "jusqu’à la victoire".

Il veut libérer le pays « par tous les moyens », même au prix de sa vie

En clair, l'homme politique s’inscrit dans une logique de confrontation avec le pouvoir en place. 

Le lundi 27 octobre dernier, le septuagénaire a même déclaré publiquement qu’il allait libérer le pays « par tous les moyens », même au prix de sa vie. Il dénonçait, à l’occasion, une opération des forces de l’ordre devant sa résidence à Garoua, dans le nord du pays. 

Selon ses dires, les policiers auraient tiré « à bout portant » sur les civils qui campaient ce jour-là devant son domicile, faisant deux morts.

Fidèle à sa rhétorique belliqueuse, le candidat mécontent a annoncé, hier mercredi, une « troisième étape » de son combat. 

« En 2010, chez nos voisins, le Conseil constitutionnel avait proclamé le président sortant vainqueur et celui-ci avait même prêté serment. Mais le Conseil constitutionnel était alors considéré comme partisan et inféodé au pouvoir. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation similaire. Qu’ils se réjouissent, qu’ils dansent – cela ne fait que commencer : la troisième étape commence bientôt », a-t-il lancé sur les réseaux sociaux.

« Vous avez Tchiroma en face de vous : votre impunité touche à sa fin »

Il a ensuite lancé un avertissement aux dirigeants du pays, dans un ton plus direct et menaçant : « Vous avez Tchiroma en face de vous. Votre impunité touche à sa fin. Faire couler le sang du peuple fut une grave erreur. Vous auriez pu accepter ma main tendue pour une sortie honorable. Vous devrez désormais rendre des comptes. » 

Le président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) compte visiblement sur ses militants pour faire plier le régime en place. Il les a déjà appelés à la détermination et à la mobilisation.

« Demain marquera une nouvelle étape de notre combat » 

« Écoutez-moi bien : seule votre détermination les fera partir. La peur ne nous arrêtera pas. Cette année, nous avons une opportunité unique de dire trop c’est trop. Pendant que nous pleurons nos morts, ils se réjouissent et se moquent ouvertement d’avoir utilisé leur position pour faire élire frauduleusement leur candidat ; ce qui leur permettra de rester en poste et de nous maintenir dans la misère. Demain marquera une nouvelle étape de notre combat », leur a-t-il lancé. 

Selon toute vraisemblance, l’opposant ne veut aucunement admettre sa défaite et préfère plonger le pays dans la contestation.