Guinée Bissau : Drôle de coup d’État ?
À peine annoncé le renversement du président Umaro Sissoco Emballo par un groupe d’officiers menés par le général de brigade Denis N’Canha, l'ancien chef de l’État a été conduit à l’état-major de Bissau. C’est d’ailleurs lui-même qui a confirmé sa situation à la presse, dans un calme qui tranche avec la gravité des événements. Dans la foulée, le général N’Canha a réuni ses collaborateurs pour une réunion de crise et a suspendu le processus électoral. Difficile pourtant de saisir les motivations d’un putsch dans un pays où les citoyens venaient de voter paisiblement, sans incident notable, et attendaient sereinement les résultats. À qui profite cette brusque rupture ? La question demeure, délicate et essentielle.
Plus étonnant encore ? Malgré sa destitution, Emballo aurait pu contacter plusieurs dirigeants de la sous-région, selon la presse africaine. Ses téléphones ne lui ont pas été retirés, un détail inhabituel dans ce type de situation, où le contrôle de la communication figure parmi les premières préoccupations des putschistes. Cette singularité, loin d’être anecdotique, révèle les zones grises d’un système institutionnel vulnérable et les ambiguïtés du pouvoir politique en Guinée-Bissau, pays régulièrement rattrapé par des soulèvements militaires malgré des cycles électoraux officiellement respectés.
Au-delà de ce cas bissau-guinéen, l’Afrique francophone connaît une succession préoccupante de coups d’État. En deux ans, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Gabon et désormais la Guinée-Bissau ont vu leurs gouvernements renversés.
L’ascension du pouvoir kaki
Les explications rapides — influences extérieures, rejet de partenaires traditionnels ou effets domino — ne suffisent pas. Il faut remonter à l’architecture même des États postcoloniaux.
Dès 1960, le général de Gaulle et Jacques Foccart ont installé des régimes qui, tout en affichant l’indépendance, maintenaient de fortes continuités avec l’ordre colonial. Le Gabon illustre ce schéma : Omar Bongo, choisi par Foccart après la maladie du président Léon Mba en 1965, dirigea le pays plus de quarante ans avant de céder la place à son fils, jusqu’au récent renversement. Cette absence d’alternance a alimenté frustrations et blocages.
Après la chute du mur de Berlin, la démocratisation exigée par François Mitterrand a souvent prolongé les mêmes pouvoirs, sous des habits institutionnels ne garantissant ni contre-pouvoirs, ni transparence, ni lutte contre la corruption. Aujourd’hui, ce modèle s’effondre progressivement sous la pression de nouvelles générations déterminées à rompre avec des gouvernances faibles ou verrouillées. Dans ce vide politique, les militaires s’érigent fréquemment en recours.
Par exemple, si la France s’est progressivement retirée politiquement et que d’autres puissances gagnent du terrain dans la sous-région ouest-africaine, l’héritage institutionnel reste lourd : administrations fragiles, pactes sociaux dégradés, légitimité contestée.
En tout état de cause, les coups d’État témoignent autant de ces fissures profondes que d’un besoin de redéfinir les règles du jeu. La Guinée-Bissau n’en constitue que l’un des derniers épisodes, révélateur d’un continent en quête d’équilibres politiques durables et de gouvernances réellement légitimes.
Commentaires (11)
Cela pourrait être une belle façon de contourner une défaite électorale annoncée …
Très futée comme stratégie 😁
Arretez ce cinema avec ce simulacre de coup d 'etat , au finish en guinee Bissau le veritable probleme ,ce n'est pas les politiciens , c'est l'armee , 9 coups d'etat depuis l'independance du pays . La communaute Internationale doit faire pression sur la junte afin que emballo et ses guignols de militaires arretent ce cinema . Fernando dias a gagne l'election de maniere eclatante et ces gens veulent lui arracher sa victoire par la force , emballo est un despote , un tricheur , pas surprenant de sa posture vu qu'il est conseille par le criminel de marrakech .
La Guinée Bissau n'est pas un pays francophone, elle n'a pas été une colonie française. Elle a été une colonie portugaise.
Mass Massamba Ndao........................."C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses" : ...
Ce n'est pas un coup d'état, c'est une ruse et un complot avec les militaires.
Il va revenir très vite au pouvoir !!!
Faut surveiller le mfdc dè et ses pions et espions au coeur de l'état
Des militaires proches des milieux de narcotrafiquants. L'opposant avait annoncé avoir gagné.
Depuis quand la Guinée Bissau est un pays francophone ?
Ce journaliste est un vrai crétin . Boon Dieu la Guinée Bissau n'est pas un pays francophone et plein de pays anglophones tels que le Ghana , le Nigéria, l'Ouganda , etc. ont connu des coups d'Etats . Arrêtez de voir la France dans toutes les conneries des africains
THEATRE D'ETAT. COMEDIENS BISSAU GUINEEN
La Guinée Bissau n’est pas un pays francophone 🤦🏾♂️Vraiment je ne sais se qu’elle sortent ces pseudojournalistes très nuls
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