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Le carnaval des chacals

Auteur: Aliou Ndiaye

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Il faut  s’y résoudre définitivement. Abdoulaye Wade n’atteindra jamais les cimes de l’histoire. Son nom et son parcours vont se résumer fatalement. C’est et ce sera un rendez-vous manqué avec les cieux, la gloire et la grandeur. Le preux opposant, le prophète du changement, le combattant de la démocratie est devenu, au contact du pouvoir, un chef africain ordinaire et débonnaire. Il aura sa statue aux cotés  des Gnassimbé Eyadema du Togo, Mobutu Sésséko du Zaire et Laurent Gbagbo, le sinistre boulanger d’Abidjan. C’est triste pour Wade. C’est grave pour notre pays.

Le Bon Dieu semble même nous abandonner. Tout indique une accélération aventureuse. Avec  cette loi portant élection simultanée du président et du Vice-président, on surenchérit. Nous sommes en face d’un coup d’Etat en bonne et due forme. C’est un attentat contre le peuple et sa démocratie. La provocation de trop. C’est le dernier coup de feu. Un tir de sommation politique. Le parti du crime fait face  désormais au parti du peuple. Un « mortal kombat » dans une ambiance de carnaval des chacals.

La suppression du second tour de l’élection présidentielle est une grosse forfaiture. Dan les faits, cette histoire de minimum bloquant est une insulte à nos intelligences. Cette disposition scélérate est la preuve d’une trouille et d’un esprit retors. Ces gens-la, apportent la preuve ultime de la prise de conscience de leur impopularité. Les tentatives d’explications formalistes sont de pure fumisterie. Il y a des moments où se taire, c’est mentir. Si en 2000, le candidat arrivé au premier tour avec plus  de 25% des voix avait été élu, Wade n’aurait jamais eu le loisir de tripatouiller notre Constitution. Le candidat sortant Abdou Diouf avait recueilli plus de 41%  des suffrages. L’élection s’était déroulée dans la plus grande transparence. Battu au second tour, Diouf avait rendu le pouvoir dans des conditions saluées par la communauté internationale. Abdoulaye Wade avait proclamé son ambition de faire mieux. Aujourd’hui, le constat est fait de son incapacité et de son échec. Et la boucle de la ruse ne semble pas encore bouclée. Car, manifestement le but de la manœuvre est le report de élections jusqu’en 2014. Wade a bien dit qu’il n’avait pas l’intention d’organiser l’élection de son successeur. Le chaos et la consternation feront le jeu de son stratagème. Le plan de dévolution monarchique  du pouvoir est en marche. Il recoupe les déclarations antérieures d’Idrissa Séck et les résultats du renouvellement de l’Union des Jeunesses travailistes Liberales (UJTL). Un proche de Karim Wade est arrivé ce week-end à la tête du mouvement des jeunes du Pds. Le patron  de Rewmi avait posé  le débat sur un prolongement du mandat du chef de l’Etat. La semaine dernière, le journal l’As avait évoqué des rencontres parisiennes entre Idrissa Seck et un proche de Karim Wade. Rewmi a formellement démenti. Les coïncidences sont troublantes, cependant.

Le combat pour le respect de la constitution n’est pas une bataille politicienne. C’est un engagement citoyen. Une minorité de 25 personnes tient en joue le Sénégal tout entier. Ces pécheurs en eaux troubles  font courir des risques à notre Nation. Sciemment. L’objectif est d’installer une situation de chaos généralisée propice aux deals et aux compromissions. Il faut les arrêter, avant qu’ils n’arrêtent le pays. Le Sénégal n’a pas les moyens de se payer une crise ivoirienne. Une semaine de blocus du port de Dakar, c’est un an  de pénurie en tous genres. Une insécurité généralisée en résultera. Il faudra des décennies de travail et de sacrifices aux prochaines générations pour se relever de cette forfaiture. Et il ne faut pas compter  sur Wade et son entourage pour un sursaut d’orgueil patriotique. Beaucoup parmi ces gens sont des étrangers. En attestent, les actes posés récemment entre l’Assemblée Nationale et la Primature. Souleymane Ndéné Ndiaye cherche 10 milliards de F CFA pour faire face aux inondations. Les députés donnent 20 milliards de F Cfa à Sindiély Wade pour couvrir une distraction. Le message est clair. Les Banlieusards ont le loisir de mourir dans les bassins. L’eau a la latitude d’envahir les quartiers. Les maladies hivernales ont un terreau des plus fertiles. C’est le carnaval des chacals.
Auteur: Aliou Ndiaye
Publié le: Lundi 20 Juin 2011

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