«L’on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par dessein forcé de trahir».
François de Rochefoucauld.
Le masque commence à tomber. La nuit noire qui s’était emparée de mon pays, aveuglé mon peuple, se dissipe et, petit à petit, l’on découvre le vrai visage de l’actuel locataire du palais présidentiel. Macky Sall est le sosie de Wade. Il a été un acteur majeur des problèmes du Sénégal, il ne sera jamais l’homme de la situation. Celui qui va devoir réconcilier le peuple avec la politique, combattre la corruption, rapatrier les nombreux fonds volés et planqués dans des paradis fiscaux, réparer les injustices et redonner l’espoir au Sénégalais. Non, il n’en fera rien. Sa mission, c’est de couvrir les arrières de ses camarades libéraux et leur permettre de tranquillement dépenser nos les deniers volés au peuple.
En six mois de présidence, Macky Sall est en train de donner raison à ceux qui -comme moi- pensent qu’un deal le lie à Wade. C’est d’autant plus troublant qu’à ses collaborateurs qui s’inquiétaient sur leur devenir, Wade a eu ces mots «pourquoi avez-vous cette mine triste, c’est Macky qui va me remplacer». Si Wade, ce grand prévaricateur de deniers publics, est si serein sur sa gestion, c’est qu’il sait que l’homme qui lui a succédé et aussi corrompu et compromis que lui dans tout ce qui a été fait sous son règne. Macky est coauteur des nombreuses malversations et crimes en tout genre du Pds.
Au même titre que le plus grand Ndioublang du Sénégal, Idrissa Seck, Farba Senghor, Karim et compagnie, il est coupable sinon coauteur d’enrichissement illicite. Donc, ce n’est pas lui qui va traduire ses anciens complices devant la justice. Baïla Wane et compagnie ne vont pas tarder à humer l’air de la liberté et pour ceux qui caressent le rêve secret de voir les tueurs et commanditaires du meurtre de Mamadou Diop derrière les barreaux, ce n’est pas demain la veille.
Macky est mal placé pour donner des leçons de patriotisme, contre indiqué pour montrer la voie de bonne gestion, lui qui s’est enrichi comme pas possible alors que ni ses salaires et émoluments ne lui permettaient d’avoir autant de biens qu’il a laconiquement énumérés sans convaincre. Avec son patrimoine sous-évalué à 1 milliard six cent millions, il est devenu plus riche que certains présidents européens. Personne ne l’a jamais accusé de rien du tout, c’est lui-même qui l’a avoué lors de sa déclaration de patrimoine, tout en occultant, volontairement, certains de ses biens planqués un peu partout -dont sa résidence de la petite côte que lui a donnée le neveu de Wade, Ndiouga Sakho, l’ancien directeur de la Sapco. C’est en reconnaissance de ce cadeau qu’il a trouvé une planque à ce proche de Wade.
Une fois installé au palais et conforté d’une majorité à l’Assemblée, Macky se croit tout permis y compris anoblir les ennemis du peuple. C’est pourquoi il veut s’asseoir sur tous les accords qui l’ont lié au peuple. Il ne consulte personne, renie ses promesses de diminuer le coût de la vie, dicte sa volonté comme le faisait un certain Wade 1er. Et refuse catégoriquement de libérer de prison les jeunes de Colobane qui, pourtant, ont offert leur corps à la violence policière afin que lui, le complice de Wade et client potentiel à la potence, puisse être sur ce fauteuil qui commence à lui faire perdre la tête au point de déblatérer «je nomme qui je veux, parce que je suis le Président».
Faut-il le rappeler? En allant aux urnes, en mars 2012, les électeurs voulaient un homme qui devait faire table rase de tout ce passé décrié, régler la crise sénégalaise de la Casamance, faire la lumière sur les milliards de nos Francs détournées par une bande de criminels et permettre la naissance d’un Nouveau Type de Sénégalais. Mais, au lieu de cela, l’actuel locataire du palais est en train de pérenniser les œuvres du Père. «Il fait du Wade sans Wade», ont vu certains chroniqueurs. Ils ont raison!
La libération sans procès du meurtrier de Ndiaga Diouf et son anoblissement par un mandat de député est une copie de l’élargissement des meurtriers de Babacar Sèye gratifiés de plusieurs millions puisés directement du trésor public. Comme Amadou Clédor Sène l’a été pour Abdoulaye Wade, Barthélémy Dias liera Macky Sall à jamais au meurtre politique; même si certains soutiendront le contraire.
Aussi bien que le meurtre de Babacar Sèye et le silence gardé par Clédor et compagnie ont permis à Wade de se faire le fauteuil présidentiel, c’est le meurtre de Ndiaga Diouf par Barthelémy Dias qui a poussé nos compatriotes à renoncer à la confrontation avec le Pds. Et à voter pour celui qui semblait plus enclin à apaiser le climat, en allant au vote, au moment où tous les autres étaient dans la rue et appelaient à des élections sans Wade. Autrement, l’ancien chambellan de Wade n’aurait jamais été khalife.
On ne peut pas fréquenter un homme de la trempe d’Abdoulaye Wade, aussi longtemps que Macky l’a fait, et ne pas partager un cadavre avec lui. Et puisqu’il est de notoriété publique que, le premier acte de tout gangster, pour s’assurer la fidélité de ses sbires, c’est de les compromettre, je ne suis pas surpris de la faiblesse avec laquelle Macky Sall traite les dossiers de ses anciens camarades libéraux. «Il doit s’auditer lui-même avant d’auditer qui que se soit», avait dit de lui un ancien dignitaire déchu.
Bacary Touré
Journaliste-écrivain
kimikikiko@yahoo.fr
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