Crédibilité politique : Pourquoi la stratégie ne suffit pas sans fondations solides (Par Dr. Seynabou Diop)
« Suisse : l’APR et le PDS vilipendent Pastef à Genève, Sonko au banc des accusés », nous informe Seneweb.com.
On le sait bien, lorsqu’un parti politique cherche à s’opposer au pouvoir en place, sa stratégie de communication joue un rôle crucial. Cependant, sans être une spécialiste en science politique, il apparaît clairement que cette stratégie ne peut porter ses fruits que si elle repose sur des fondations solides de crédibilité : un leader fiable, un programme clair et des actions cohérentes. C’est ce que révèle le scénario récent dans notre pays, où un parti jusque-là sans pouvoir a réussi à gagner la confiance populaire et à prendre les rênes de l’État avec 54 % des suffrages exprimés en mars 2024.
Ce parti a su conjuguer quatre éléments essentiels : un leader intègre et moralement exemplaire, un programme porteur d’un avenir crédible, des actions concrètes renforçant la cohérence de son discours, et une stratégie offensive de « vilipendage » du pouvoir en place — stratégie que l’APR et le PDS ont tenté, à leur tour et de bonne guerre, d’adopter ce dimanche.
En effet, sans faire partie du parti Pastef, j’ai moi-même participé à plusieurs de ces « vilipendages » à Washington, en 2023 et 2024, devant la Maison Blanche, en tant que citoyenne sénégalaise munie de mon panneau pour dénoncer le pouvoir de Macky Sall, ses dérives autoritaires, et son acharnement contre le principal leader de l’opposition et contre une jeunesse qui lui avait clairement dit non.
Ce que l’APR et le PDS semblent négliger aujourd’hui, c’est que ce « vilipendage » s’appuyait sur une posture éthique forte et une alternative crédible. Face à cette dynamique, L’APR, discrédité par des scandales à répétition et une perte croissante de confiance envers son leader, tente depuis un moment — et tout particulièrement hier — de reproduire la même stratégie de dénonciation pour regagner du terrain.
Mais ce mimétisme révèle rapidement ses limites. La leçon est claire : la stratégie de « vilipendage », si percutante soit-elle, ne peut suppléer à l’absence de crédibilité. Un parti qui aspire à convaincre doit d’abord restaurer ou bâtir sa légitimité. Il doit démontrer que son leader est digne de confiance, que son programme est pertinent et réalisable, et que ses actions passées témoignent d’un réel engagement pour le bien-être de notre pays.
En définitive, une stratégie sans base solide ne fait que souligner le vide qu’elle tente de masquer. Et une opposition efficace n’est pas celle qui crie le plus fort, mais celle qui incarne une alternative crédible.
Dr. Seynabou Diop, Chercheuse en pédagogie critique et transformation sociale, conceptrice de la méthode BAAP pour l’évaluation du leadership. Auteure : Reprendre le pouvoir avec la boussole BAAP : Besoins, Apports, Activités et Propositions (2024), disponible chez Harmattan Sénégal et sur Amazon.Ndiop24@gmail.com
Commentaires (0)
Participer à la Discussion