Jeux en ligne : pourquoi la taxe à 20 % est un pari perdant pour le Sénégal (Par Ismaila BA)
Le projet de loi n°17/2025, modifiant le Code général des impôts, introduit deux mesures majeures :
- une taxe de 20 % sur les revenus des opérateurs (en plus de l’IS à 30 %),
- et un prélèvement de 20 % sur les gains des parieurs.
À première vue, cela semble prometteur pour les recettes publiques. Mais en réalité, cela revient à instaurer une pression fiscale cumulative supérieure à 50 %, totalement intenable dans l’économie numérique.
Un exemple concret qui parle à parieurs
Un parieur mise 10 000 F et gagne sur une cote X10.
-Gain brut : 100 000 F
-Retenue (20 %) : – 20 000 F
-Gain net : 80 000 F
Face à cette perte, il préférera naturellement jouer dans la zone UEMOA sans deplacement, via une application étrangère, payer avec Wave ou Orange Money, et encaisser ses 100 000 F nets.
En clair, cette taxe ouvre la porte à un exode numérique massif des joueurs et des opérateurs.
Le Kenya a déjà fait cette erreur, une taxe de 20 % avait été instaurée sur les gains des jeux en ligne.
Le résultat immédiat est la fuite des opérateurs, les recettes fiscales se sont effondrées. Face à cette impasse, la Loi de finances rectificative de juillet 2025 a dû ramener le taux à 5 % pour sauver le marché et les recettes fiscales.
Quelle solution pour le Sénégal ?
En tant que fiscaliste et juriste en droit du numérique et des technologies avancées, je propose une fiscalité intelligente, agile et durable :
- 5 % de retenue sur les gains des parieurs, alignée sur la BRS appliquée aux prestataires non assujettis au réel (au-delà de 25 000 F CFA) et la retenue devient une recette définitive pour le Trésor public, comme en matière de Contribution Globale Unique (CGU).
- 10 % maximum de retenue sur les revenus des opérateurs, imputable sur l’Impôt sur les sociétés à’image de la retenue d’IRVM sur dividendes.
Ce mécanisme améliore le recouvrement fiscal anticipé et atténue la tension de trésorerie de l’État et on pourrait même relever à 35 % le taux de l' IS pour les opérateurs de jeux en ligne.
- Réforme de l’agrément de jeux en ligne par des licences attribuées par appel d’offres (ticket d’entrée de 1 à 5 milliards FCFA). 30 % du capital détenu gratuitement par l’État via la Lonase.
Obligation de conserver serveurs et données au Sénégal, garantissant souveraineté et traçabilité. car le numérique est transnational et les serveurs et mises se déplacent en un clic.
Le Sénégal a donc deux options :
- maintenir une fiscalité punitive, qui fera fuir joueurs et opérateurs,
- ou adopter une fiscalité intelligente, agile et durable, qui sécurisera à la fois les recettes publiques et la souveraineté numérique.
L’avenir de nos finances publiques et de notre écosystème numérique se joue maintenant.
Ismaila BA
Fiscaliste & Juriste en droit du numérique et
des technologies avancées
Commentaires (7)
Tres bonne suggestion de M. Ba. Je ne crois pas que les parieurs vont migrer vers d'autre plateforme a cause de cette taxe : les plateformes leur donneront leur gains hors taxe peu importe la situation mais il faut avouer que mettre cette taxe du coté des plateformes sera moins ressenti par les parieurs, en fait le parieur tout ce qui l'interesse c'est qu'il gagne apres avoir joué;.
Pertinente analyse. Mais il faut la relativiser. En effet, la réforme apporte certes des recettes à l'État. Mais l'objectif, à mon avis, consiste à lutter plus efficacement contre l'ADDICTION AUX JEUNES AUX JEUX DE HASARD. Le prélèvement de 20% sur les gains est une mesure dissuasive. Il permet de mieux protéger les jeunes contre les effets néfastes sur la santé mentale, mais la santé financière de leurs parents.
Pertinente analyse. Mais il faut la relativiser. En effet, la réforme apporte certes des recettes à l'État. Mais l'objectif, à mon avis, consiste à lutter plus efficacement contre l'ADDICTION AUX JEUNES AUX JEUX DE HASARD. Le prélèvement de 20% sur les gains est une mesure dissuasive. Il permet de mieux protéger les jeunes contre les effets néfastes sur la santé mentale, mais la santé financière de leurs parents.
waaaww !!!!!! analyse pertinente et proposition tres intelligente qui nous rappel trop d impot tue l impot. bravo !
Nous ne comprenons pas la réticence apatride de certains écervelés de ne pas vouloir payer des taxes. L' tat a la charge de l'éducation, de la santé, des travaux publics de toutes sortes, de fonctionnement, d'entretien des ponts, routes, de travaux d'infrastructure , de financer l'armée, la justice, etc. Payons nos taxes de bon cœur comme cela se fait ailleurs partout dans chaque pays dans le monde. Même nos boutiquiers, menuisiers, mécaniciens, tailleurs, etc. devraient ajouter des taxes dur tous les achats ou travaux effectues que nous effectuons. Voyagez dans le monde et vous verrez la rigueur avec laquelle les taxes s'appliquent dans chaque transaction et partout
sawayy i l auteur n a pas dit il ne faut pas payer l impot il conseil un impot inteligent et facilement payable pour eviter que les parieurs et les societes de jeux en ligne trouvent des parades pour joeur hors du senegal et au final c est le senegal qui perd.
Allez jouer ailleurs dans la sous-région, avec le risque de vous faire arnaquer en ligne. Par ailleurs tous les flux entrants sont tracés selon leurs origines, pour lutter contre le blanchiment. Donc même si vous gagnez ailleurs, vous n’échapperez pas à la taxation. Des gens qui ne veulent pas payer d’impôts pour leur pays, on n’en voit qu’en Afrique. L’absence de nationalisme et de patriotisme est la cause de notre pauvreté endémique, des détournements, de la corruption, des vols de toutes sortes. Tous pareils, on critique les dirigeants politiques alors qu’on ne vaut pas mieux qu’eux, c’est pourquoi ils nous mépriseront toujours, puisque c’est ce que nous méritons. Nous allons quémander chez les blancs, même pour nous soigner, et si nous fuyons chez eux, nous paierons nos impôts sur place même si nous avons des miettes. On ne peut pas demander l’éducation, la santé, les subventions sur l’eau et l’électricité, les anglais, les semences, les écoles, les universités, les bourses, les infrastructures, la sécurité, sans vouloir faire aucun effort, aucune contribution, sinon nous endetter et tendre la main. C’est incroyable, cette lâcheté, on veut se saper chèrement, festoyer, conduire de belles voitures, se faire remarquer chez les marabouts et dans les mosquées, et refuser de payer l’impôt. Pourtant des gens qui ont de maigres salaires paient l’impôt sur le revenu, même la pauvre balayeuse ou le journalier en entreprise subissent un prélèvement de 5% à la source, sur leurs revenus si faibles pourtant. Au lieu de se serrer le coude, faire un effort pour le décollage de notre pays, comme beaucoup d’autres pays l’on fait, on cherche à noircir le tableau. Des pays jadis pauvres comme nous se sont développés grâce à l’effort et aux sacrifices de leurs enfants et aujourd’hui on va chez eux pour implorer leur assistance. Je crains que si notre pays était attaqué de l’extérieur, nous serions beaucoup de lâches à fuir devant l’ennemi, aucun esprit de sacrifice, de don de soi, c’est pourquoi il a été facile de nous réduire en esclaves, de nous coloniser. Des truands, des mentalités d’esclaves, il y en a tellement, quel triste bled! Pourtant moi qui vous parle, j’avais subi une baisse de mon salaire pour contribuer à mon pays (plan Sakho-Loum), une forte baisse vu que c’était un salaire de cadre. Nous avions tous accepté un sacrifice, ce qui avait atténué le choc de la dévaluation et aidé beaucoup de pauvres à supporter le coup, sinon notre pays aurait pu basculer dans le chaos. Donc nos sacrifices n’avaient pas été vains, nous jeunes de l’époque, jusqu’à ce que les libéraux viennent tout saccager. Les générations ont beaucoup changé et de prétendus intellectuels s’érigent en donneurs de leçons, de vrais imposteurs très égoïstes. Le Président Kennedy avait dit : « dont ask what your country can do for you, but ask what you can do for yor country ». Voilà pourquoi les occidentaux nous devancent et nous dominent.
Faites chier waaay avec vos théories.L'etat n'a qu'à taxer même jusqu'à 100% ces pratiques nuisibles à la société.Parlez nous de calculs sur l'agriculture la pêche les mines les télécommunications etc etc
Je pense qu’il faut analyser ce sujet sur un point de vue ethnique, morale et culturel.
Dans les sociétés nord américaines les gains issus des jeux de hasard ne sont pas taxés et je parle de dizaines de millions de dollars par tirage .
Dans notre société sénégalaise actuelle taxer ces gains ne va pas enrichir l’état ni sortir notre jeunesse de ce mauvais vice qui à la longue aura des conséquences nuisibles pour la communauté.
Il faut d’avantage encadrer ce secteur des jeux et conscientiser nos jeunes sur les néfastes des jeux de hasard ce n’est pas notre culture de développement que l’on a toujours prôné.Seul le travail et la persévérance payent.
Salam
Pertinente analyse. Mais il faut la relativiser. En effet, la réforme apporte certes des recettes à l'État. Mais l'objectif, à mon avis, consiste à lutter plus efficacement contre l'ADDICTION DES JEUNES AUX JEUX DE HASARD. Le prélèvement de 20% sur les gains est une mesure dissuasive. Il permet de mieux protéger les jeunes contre les effets néfastes sur la santé mentale, mais la santé financière de leurs parents.
Participer à la Discussion