Enfin, Karim voit-il qu’au moment où il discute à la Place Beauvau, avec le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, les services de ce dernier, en l’occurrence, la Dst, taille bavette avec l’exilé Nkrumah Sané, chef de l’aile extérieure du Mfdc qui endeuille l’armée et les familles sénégalaises à Bignona. Exilé jamais expulsé par la France, malgré les demandes réitérées de Diouf, hier, et de Wade, aujourd’hui. Karim ne sait pas…
Pourtant, lorsque l’opposant marocain Mohamed Diouri avait publié un livre dans lequel, il révélait que le Roi Hassan II était actionnaire de la firme allemande Siemens, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Philippe Marchand, l’avait chassé du territoire français, par la procédure d’urgence. Direction : le Gabon. Deux poids, deux mesures ? Eh bien, parce que le courroux de Hassan II est vraiment…royal. Karim ne sait pas…
Moralité : la France ne place pas tous ses œufs dans le même panier. Elle les répartit. Ainsi quelles que soient les secousses et leurs intensités respectives, un œuf, au moins, est sauvegardé. Par exemple, en Côte d’Ivoire, c’est l’ambassadeur Francis Lott qui, sur ordre de Matignon (cohabitation Chirac-Jospin en 2000) avait aidé Laurent Gbagbo à couler le Général Guei. Retour de manivelle, c’est l’ambassadeur Marc Simon qui, sur instruction de l’Elysée, a supervisé la chute du même Gbagbo en 2011. C’est la France qui gagne, gagne et gagne toujours. Les Etats n’ont pas d’amis… Là, je suppose que Karim connaît la suite.
Deuxièmement. Karim ne connaît pas les Bourgi. Un des tomes des mémoires de Jacques Foccart (In Entretiens avec Philippe Gaillard ex-conseiller de Senghor) retrace l’odyssée de cette famille, sous un angle qu’un décideur, d’aujourd’hui ou de demain, doit ne pas ignorer. C’est donc dire que pour dîner avec le diable Robert Bourgi – il est tout, sauf un enfant de cœur – il faut une longue louche. Mais Karim qui dispose d’une cuillère en or, est très mal outillé pour souper avec le dernier rejeton d’une famille de démons. Une métaphore qui ne s’applique pas à la famille Bourgi où tous les membres ne pratiquent pas le job de Robert. En résumé, pour traiter, sans retour de flammes, avec Robert Bourgi, il faut être de la trempe du virtuose Honoré Gbanda, inamovible directeur des services secrets de Mobutu. Karim doit absolument lire les ouvrages de cet ex-proche collaborateur du bourreau de Lumumba. Karim ne sait pas…
Troisièmement. L’armée sénégalaise n’est ni une armée tribale, ni une armée clanique, ni une armée partisane. Elle n’est même pas l’armée de l’Etat. C’est un outil national. En outre, ses Généraux ne sont pas des obligés de l’Alternance. Ils ont eu le bac sous Senghor, et décroché le Diplôme d’Aptitude au Grade d’Officier Supérieur (DAGOS) sous Diouf. Wade a couronné leurs carrières bien remplies, en posant sur des épaulettes déjà pleines de cinq barrettes (grade de Colonel) des étoiles de Généraux. Karim ne sait pas …
Quatrièmement. Karim ne sait pas que l’Etat et la politique – allusion à sa lettre – ne sont pas les Béatitudes. Au contraire, ce sont des servitudes en série, et des vicissitudes en vrac. Par conséquent, les membres de la tribu de Jérémie (voir La Bible) en sont d’office exclus.
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