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Le Sénégal dans l’incertitude (Pr Moussa DIAW, politologue)

Auteur: Senewebnews

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Le Sénégal dans l’incertitude (Pr Moussa DIAW, politologue)

L’élection de Bassirou Diomaye Faye , le 24 mars 2024, avec 54% dès le premier tour, représente un tournant dans l’histoire politique du pays car elle s’est déroulée dans un contexte particulier de tension et confrontation entre des acteurs politiques, aboutissant à la mort de plus de quatre-vingt jeunes entre 2021 et 2024. L’engagement et la mobilisation des jeunes représentent un phénomène sans précédent, marquant ce mouvement déterminé à changer la donne politique, surtout les pratiques qui singularisaient l’Afrique en la matière. Pour tourner cette page et anéantir ses symboles, entendons par-là ce qui est communément appelé le « système », le Président Diomaye et son premier, Ousmane Sonko, ont présenté un canevas de leur action, soutenu par un agenda devant permettre de placer le Sénégal sur la voie du développement économique et social, à travers le plan « Sénégal 2050».

Au préalable, la reddition des comptes, la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des finances publiques sont considérées comme des mesures prioritaires avant de procéder à des réformes profondes de la justice, afin de renforcer l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs, configurant le régime démocratique. Ce Duo à la tête de l’exécutif, formé de jeunes leaders, avait le vent en poupe, par un soutien populaire indéfectible et apparaissait comme un miroir du reste de l’Afrique, pour avoir réussi un changement politique par les urnes. Au même moment, bon nombre de pays sont confrontés à la confiscation du pouvoir par de vieux dirigeants et au retour des régimes de prétoriens. Cet engouement en faveur du changement de paradigme politique vient de subir des contrecoups qui, non seulement risquent de créer un désespoir auprès des citoyens, mais une crise politique paralysant le fonctionnement des institutions.

En effet, les actes posés par le Président Diomaye indiquent un décrochage politique qui le dévie du programme qu’il avait initialement défendu publiquement devant les Sénégalais. Pour preuve, il s’oppose à son premier ministre dans la désignation de la coordinatrice de la « coalition Diomaye président ». Ce geste est annonciateur d’un malaise profond entre les deux hommes sur les orientations politiques même si on essaie de le couvrir par des mots de bienséances ou des communiqués aux termes consensuels.

Les germes de la contradiction

Au début, les deux hommes semblaient tout partager, notamment la nécessité d’assainir l’espace politique et économique de manière à instaurer de nouvelles valeurs pour une gestion rationnelle des ressources nationales dans le respect de l’intérêt général. Cependant les premiers accros proviendront de la tenue d’un dialogue national et la nomination de certains cadres proches de l’ancien régime ou impliqués dans des malversations financières. De plus, le premier ministre déclare ouvertement que ses initiatives relatives à la reddition des comptes étaient entravées par un manque de volonté du Président de la République. Il s’en est suivi la démonstration de force par l’organisation d’un tera meeting au cours duquel le premier ministre a évoqué les difficultés de ses rapports avec le Président Diomaye. On comprend alors l’ampleur des divergences au sein de l’exécutif, et les décisions pour le contrôle de la coalition de la majorité ne sont que le reflet de ce bras de fer. Malgré les différentes médiations entreprises par des dignitaires religieux et des personnalités reconnues, dans le but de rapprocher le Président et son premier ministre, le clivage devient une réalité au fur et à mesure qu’une guerre entre les deux parties se déroule par le truchement des réseaux sociaux, opposant les militants des deux camps.

Dans ce combat politique, le président Diomaye n’est plus dans la logique de rupture pour la transformation systémique, autrement dit, il tourne le dos à ses engagements d’antan dans la mesure où il compose maintenant avec les volontaires venant de tous les horizons, favorisant le retour du clientélisme, de la « transhumance politique» ou du recyclage d’hommes qui avaient fui le pays car épinglés, pour la plupart, par les organes de régulation. Ce positionnement politique rompt avec le programme qui avait été présenté aux Sénégalais pendant la campagne de l’élection présidentielle de mars 2024. Cette tendance qui se concrétise par l’afflux de groupes politiques ou d’individualités attirées, comme d’habitude, par le partage du « gâteau national», confirme la mise en place d’une force politique, en prévision des échéances électorales futures, parce que le chef du Pastef n’acceptera pas de cohabiter avec ses adversaires politiques qu’il a combattus. Ainsi, on assiste à une polarisation de vie politique entre cette nouvelle coalition soutenant la politique du Président Diomaye et le Pastef original inféodé à son leader naturel, M. Ousmane Sonko. Pour l’instant aucun d’eux ne prononce la rupture mais elle est réelle à travers les initiatives partisanes.

En tout cas, une grande déception envahira les Sénégalais qui avaient cru à leur discours politique innovant dans le paysage politique, caractérisé par des manœuvres et l’instrumentalisation de la justice pour écarter de sérieux candidats. Cette pratique ne sera plus opérante parce que les électeurs en majorité des jeunes ne l’admettront plus. Le pays risque de connaître une crise politique majeure si les deux s’affrontent pour la conservation ou la conquête du pouvoir. Il revient aux leaders politiques responsables de penser à l’avenir du Sénégal pour lui épargner le « syndrome ivoirien de 2010-2011 ».

Par Moussa DIAW, politologue, enseignant-chercheur émérite en science politique, UGB.

Auteur: Senewebnews
Publié le: Lundi 24 Novembre 2025

Commentaires (11)

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    Zeub il y a 6 heures

    C est ce genre d analyse et de contribution qu il nous faut,clair et limpide

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    Déception il y a 6 heures

    Le premier ministre déclare ouvertement que ses initiatives relatives à la reddition des comptes étaient entravées par un manque de volonté du Président de la République. Diomaye nous a vraiment déçu mais il le paiera très chers !

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    Golo il y a 6 heures

    Professeur Diaw, Osez dire que le PM Ousmane Sonko doit reconnaître qu’il a un chef….Je crois bien qu’il est un incompétent notoire et un idéologue dangereux pour l’Etat…

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    va enseigner il y a 5 heures

    M. DIAW je plains tes étudiants car tu es nul ! Ton seul objectif c'est d'obtenir une nomination sinon tout le monde sait que tu roules pour le GOUROU VIOLEUR DE SWEET BEAUTE (GVSB)

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    Pas lu il y a 5 heures

    Je n'ai pas lu l'article; je suis venu directement aux commentaires pour dire que ce monsieur n'est pas fiable; il fait honte au monde universitaire; comme beaucoup d'autres d'ailleurs; c'est triste.

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    kala il y a 4 heures

    une très mauvaise analyse

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    Oussou il y a 4 heures

    Une analyse doit être équilibrée professeur . Quelle est la part de Diomaye dans cette situation mais aussi celle de Sonko .

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    kala il y a 4 heures

    Le pouvoir c'est Dieu qui le donne et il faudra respecter la personne à qui Dieu a donné les destinées de ce pays quelque soit son âge , sa taille , ses idées et sa personnalité. Diomaye est le président de la république du Sénégal et Dieu en a décidé ainsi

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    Bêtises il y a 4 heures

    Moussa Diaw
    Tu n’es même pas maître assistant et tu débites des choses qui ne nous apprennent rien
    Tu dois avoir du temps à perdre

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    sénégalais lambda il y a 4 heures

    BOF!BOF!BOF!

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    Part il y a 4 heures

    Tapez les coeurs et accompagnons gouvernement jeune et tres ambutieux. incha Allah ils vont changer ce pays. j'ai la certitude.
    Ces jeunes si ambutieux, m'ont fait comprendre que le pays nous appartient a nous les senegalais, ni aux puissances etrangeres comme ca a toujours ete.
    Si vous aimez le senegal, plus que vos poches, plus que vos propres interets, vous devez, les feliciter sinon les encourager ces jeunes. Que Dieu vous accompagne.

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