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Sidy Lamine Niass, sept ans après : L'éternel baobab de la presse sénégalaise (par Babacar Kebe)

Auteur: Babacar KEBE

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Sidy Lamine Niass, sept ans après : L'éternel baobab de la presse sénégalaise (par Babacar Kebe)

Ce 4 décembre 2025 marque le septième anniversaire de la disparition d’El Hadji Sidy Lamine Niass. Sept ans déjà que s’est éteint celui que beaucoup considèrent comme un monument national : un intellectuel multidimensionnel, un guide, un bâtisseur, un pionnier, mais aussi un repère personnel pour toute une génération de journalistes et de citoyens.

Le Sénégal continue de porter le deuil d’un homme hors du commun. Le fondateur du groupe Walfadjri, souvent qualifié de « baobab de la presse », a marqué l’histoire contemporaine du pays par son courage, son exigence intellectuelle et son sens aigu de la justice. Sa disparition, le 4 décembre 2018, a laissé un vide que ni le temps ni les discours n’ont réussi à combler.

Né à Kaolack le 15 août 1950, Sidy Lamine Niass était fils du grand savant Khalifa El Hadj Mohamed Niasse (1881-1959) et de la chérifa Amina Bint Barham, issue de la noble tribu mauritanienne des Idaw Ali. Petit-fils d’El Hadj Abdoulaye Niasse, fondateur de la branche Niassène de la Tarîqa Tidiane, il s’est imposé très tôt comme une figure de rassemblement au sein de cette grande famille spirituelle.

Juriste, enseignant, journaliste, guide religieux et penseur engagé, Sidy Lamine Niass incarne l’une des trajectoires intellectuelles les plus riches de sa génération. Après plusieurs années d’apprentissage auprès de Cheikh Ibrahim Niass (Baye), il est devenu enseignant en arabe entre 1971 et 1975, avant de poursuivre des études supérieures à l’université Al-Azhar du Caire. Il s’y est immergé dans les débats contemporains du monde musulman, portant sur la foi, la politique, et la place de l’Islam dans un monde en mutation.

À son retour au Sénégal, au début des années 1980, il s’est investi dans la défense de la langue arabe et a milité pour une juste place des arabisants dans la société. Président de l’Association des étudiants sénégalais en Égypte, il a poursuivi cet engagement à Dakar avec une constance remarquable.

En janvier 1984, son militantisme intellectuel s'est transformé en action concrète. Il a créé le magazine Walfadjri, qui est devenu quotidien en 1987. L’aventure s'est ensuite étendue avec l'ajout progressif de Walf FM, Walf TV (2006), Walf Sport, Walf Grand-Place, Walf Religion, Walf Musique, le site internet du groupe.

C'était un empire novateur, indépendant, audacieux : trois radios, trois journaux, une télévision et un espace de liberté où des générations de jeunes passionnés ont trouvé un tremplin. Le 1^{er} avril 2010, le Président Abdoulaye Wade a inauguré le nouveau siège du groupe, consacrant ainsi l’importance du projet. Sidy Lamine aimait rappeler : « Walf est une école. » Et l’histoire lui donne raison.

Les figures médiatiques qui sont passées par Walfadjri sont innombrables : Moustapha Diop, Mame Birame Wathie, Pape Ngagne Ndiaye, Aïssatou Diop Fall, Sa Ndiogou, Saliou Béye, Oustaz Assane Diouf, Boop Abdoulaye, Seydina Oumar Ba, Pape Ndiaye, Awa Diop Ndiaye, Ndèye Fatou Ndiaye, Ramatoulaye Sarr, et bien d’autres encore. Tous reconnaissent en lui un maître exigeant, un encadreur, un visionnaire.

Malgré les nombreux départs au fil des années, il ne s’en est jamais ému : « Les talents vont et viennent, mais la mission reste. » Critique envers les pouvoirs qui se sont succédés, mais toujours juste, il répétait : « Être un contre-pouvoir, ce n’est pas être contre le pouvoir. » Son expertise a plusieurs fois été sollicitée par l’État lors de missions diplomatiques, notamment avec le monde arabe, où il jouissait d’une grande considération.

Orateur brillant, esprit cartésien, croyant profondément attaché à la justice, Sidy Lamine Niass possédait une parole rare : celle qui éclaire, qui instruit, qui dérange parfois, mais qui libère toujours. Ses conférences, écrits, débats et positions publiques forment une véritable bibliothèque vivante qui demeure un outil d’apprentissage pour des générations. Il était à l’aise partout : dans la politique, la religion, la géopolitique, la société, l’histoire. Sa pensée dépassait les cadres.

Pour beaucoup, il n’était pas seulement un patron de presse : il était un maître, un repère, une boussole morale. Pour moi, [l'auteur] il fut un guide spirituel, un inspirateur, un modèle d’audace et de droiture. Son courage a nourri ma propre détermination, sa vision a orienté mon parcours. Il était pour moi un idole, un guide, un parent spirituel.

Le mardi 4 décembre 2018, après une courte maladie, le baobab s’est effondré à l’Hôpital Principal de Dakar. Le 7 décembre, il a été inhumé à Kaolack, aux côtés de son père, devant une foule immense. Mais il n’est jamais vraiment parti : son œuvre, son école, son héritage continuent d’accompagner le pays. Les générations d’hier, d’aujourd’hui et de demain continueront de puiser dans sa lumière.

Que la terre de Kaolack lui soit légère. Qu’Allah lui accorde Sa miséricorde infinie et préserve l’héritage qu’il a laissé. Qu’il repose en paix à Firdaws, lui qui a tant donné, tant enseigné, tant inspiré.

« Vivre, suivre ton chemin, c’est ma vie… »

Au revoir, mon idole. Au revoir, mon guide.

Auteur: Babacar KEBE
Publié le: Jeudi 04 Décembre 2025

Commentaires (3)

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    Paul Sarr il y a 7 heures

    Bravo Babacar ...Un bel hommage bien mérité.
    En effet,il fut un grand homme,Un grand Sénégalais.

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    vrai patriote il y a 6 heures

    C'est bien et beau, tous ces hommages. Mais le meiux serait de suivre le spays de SLN. Maslheureusement tres peu de journsaliste sont aujourd'hui sur ces pays. Avec l'arrivee de Pastef dans le champs politique, on a plus de militants qui font du parti pris que de vrais journalistes qui defendent la verite et qui tiennent debout pour le bien-etre du peuple.

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    Malick MBOUP il y a 6 heures

    Monsieur KEBE félicitations pour cet hommage. Je vous compte parmi les disciples de Sidy ( métiers de journalistes et engagements) . Je te vois diriger l’empire médiatique de Sidy Lamine en tant que héritier spirituel de son engagement pour le Sénégal et l’Afrique…

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