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Sonko–Diomaye : l’Aventure ambiguë (Par Abdoulaye Dieng)

Auteur: Abdoulaye DIENG

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Sonko–Diomaye : l’Aventure ambiguë (Par Abdoulaye Dieng)

L’histoire politique du Sénégal traverse un moment inédit, presque déroutant, qui rappelle, par bien des aspects, L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : une tension intérieure, une cohabitation fragile entre deux fidélités que tout distingue et que tout relie à la fois. Comme dans le roman, deux voies avancent ensemble, portées par des natures différentes : l’une vers une certaine continuité, l’autre vers la rupture.

Cette tension s’incarne aujourd’hui au sommet de l’État à travers le tandem Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko, unis par un projet commun, mais installés dans une configuration politique sans précédent.

Si, dans une précédente contribution, j’ai pu voir en Sonko un messie moderne, il me fallait désormais interroger la complexité du pacte qu’il partage avec Diomaye, là où l’espérance se confronte aux réalités du pouvoir — comme Samba Diallo affrontait la collision entre tradition et modernité.

Diomaye incarne l’apaisement et la continuité institutionnelle. Président élu, chef des armées, gardien de la Constitution, il représente l’État dans sa verticalité.

Face à lui, Sonko demeure l’architecte du projet, porteur d’un long combat, d’une rupture assumée et d’une forte légitimité populaire.

C’est dans cette dualité que se loge l’ambiguïté centrale : la légitimité légale et la légitimité politique ne se superposent plus. Le peuple a élu Diomaye, mais Sonko reste le moteur du projet — un programme porté par leur parti, le Pastef, et massivement validé par les Sénégalais.

Cette situation exige lucidité, loyauté et clarté, dans un contexte où les défis sont nombreux : insécurité aux frontières, économie en souffrance, dette inquiétante, exigence de justice, absence d’opposition structurée.

L’ambiguïté s’enracine davantage dans le fait que Diomaye n’a pas émergé d’un processus classique : il a été désigné par Sonko lorsque ce dernier fut empêché de se présenter. Son élection procède autant d’un rejet du système que d’un transfert de légitimité. Deux légitimités coexistent, sans avoir été pleinement clarifiées.

D’où une question essentielle : qu’est-ce que l’État ?

On l’imagine figé, protocolaire. Mais l’État est un organisme vivant, modelé par les forces sociales et par la volonté populaire. Les élections ne reconduisent pas un ordre ancien : elles transforment l’État.

C’est la légitimité qui façonne l’État, non l’inverse.

En mars 2024, le peuple sénégalais a fait émerger un État nouveau, confié non pas à un homme, mais à un tandem : Diomaye préside, Sonko gouverne. Ce n’était ni un accident ni une anomalie, mais un choix politique délibéré. Diomaye lui-même a donné le sentiment, dès ses premières déclarations, de mesurer la dimension transitoire et historique de ce moment, en insistant sur la place centrale de Sonko dans l’architecture du projet.

Le peuple sénégalais, quant à lui, sait ce qu’il veut. Il s’est battu pour reprendre son destin en main et n’acceptera plus que des ordres établis, devenus obsolètes, le détournent de sa voie. Le 24 mars n’a pas seulement sanctionné un régime : il a affirmé une volonté collective de reprendre la maîtrise de son avenir.

Dès lors, une interrogation subsiste :

Diomaye, qui semble avoir perçu la nature de cette mission, est-il prêt à l’assumer jusqu’au bout ?

Peut-il résister à la pression d’un modèle présidentiel vertical, alors que le peuple a choisi, par la force des choses, une forme de dualité politique ?

Et si cette cohésion venait à se fissurer, ne faudrait-il pas envisager, par fidélité au peuple, une reconsultation électorale ?

Comme dans L’Aventure ambiguë, l’ambivalence cherche toujours une issue. Or, l’histoire montre qu’une ambiguïté non maîtrisée finit souvent par détruire l’un des deux pôles qu’elle oppose. Mais le Sénégal ne peut se permettre une fracture de plus : les urgences sont trop lourdes, les attentes trop grandes.

Nous avons pourtant un tandem rare, deux forces différentes, mais issues d’un même projet. Cette aventure peut devenir une chance historique pour notre pays, un modèle inédit de gouvernance. Mais si elle n’est ni clarifiée ni assumée, elle risque de se transformer en rupture majeure.

À Sonko–Diomaye de maîtriser les contradictions de cette aventure, et à nous de veiller, sans ambiguïté, à ce qu’elle ne détrône ni leur pacte ni notre espoir collectif.

Abdoulaye Dieng, Entrepreneur

Auteur: Abdoulaye DIENG
Publié le: Samedi 22 Novembre 2025

Commentaires (7)

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    Habarizza astou Pouye il y a 2 heures

    Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, un président, au lieu d’aider son Premier ministre à obtenir une majorité parlementaire comme l’ont toujours fait ses prédécesseurs, se contente de souhaiter bonne chance à tout le monde. C’est à ce moment qu’il a acté sa trahison.
    Par la suite, sournois comme il est, Diomaye envoie son exécutant chargé des basses besognes, son « monsieur spécialiste en tout », Cheikh Omar Diagne, aller jusqu’à insulter les tarihas pour empêcher Sonko d’obtenir sa majorité.Plus lâche et plus traître que Diomaye, il n’y en a pas qui marchent sur cette terre… Et venant de lui, ce n’est malheureusement pas étonnant.

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    Dorkat Mimi il y a 2 heures

    Mimi Touré n’a toujours pas compris que ses stratégies communistes des années 40, qu’elle déploie actuellement pour Diomaye, sont désuètes et archaïques.Mimi fait ce que les Wolofs appellent « méép », c’est-à-dire faire croire qu'il y a des centaines de partis politiques et d’organisations qui soutiennent Diomaye, dans le but d’aspirer la masse .Malheureusement, une vieille dame comme Mimi est incapable de convaincre les jeunes qui sont nés en 2000, qui la voient comme leur grand-mère.Mimi est en train d’enfoncer Diomaye. Il n’y a pas un seul leader de la coalition Diomaye qui soit capable de gagner un seul bureau de vote sur tout le Sénégal.

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    ZLZMZ il y a 1 heure

    Une analyse objective, équilibrée et sereine qui tranche avec les commentaires négatifs de gens qui se noient dans leurs velléités oiseuses, des esprits embrumés, des gens du chaos. Les nerfs sont à fleur de peau. La pondération, la lucidité, le discernement, la recherche de l’intérêt général sont requis de la part de tous. Émergeons de nos turpitudes pour conjurer le sort. L’unité doit se concevoir dans la multitude et la diversité pour des hommes de raison et de bon sens. Tout vient à point à qui sait attendre. Il faut savoir toutes choses sur soi sinon l’avenir peut s’avérer cruel. Le bonheur, n’est-ce pas le juge arbitre? Émergeons de nos turpitudes pour conjurer le sort. L’espoir ne doit pas tourner en embarras mais en force positive et constructive. Il n’est pas trop tard de persister à croire et à œuvrer que Sonko moy Diomaye, Diomaye moy Sonko…

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    Laye il y a 1 heure

    Pertinente contribution. Très belle plume et quelle inspiration! Très bonne analyse, haut de gamme

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    Abdoulaye il y a 1 heure

    Dans une vidéo visualisé à la sentv, on a entenduj Mr Sonko dire: Diomaye a été élu par ALLAH SWT. Et c'est celà la vérité qui vaille.
    Ne vous transformez pas en non̈ ctoyants

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    Lune il y a 45 minutes

    ma sha Allah et merci beaucoup pour la pertinence de l'analyse, le parallélisme et le rappel pédagogique du dilemne de Samba Diallo dans l'Aventure ambiguë de C H Kane. Bon week-end sous la protection divine.

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    Anconsa il y a 7 minutes

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