Macky Sall qui étouffe dans ses costumes vient de reconnaître qu'il en avait taillé de trop gros pour la plupart de ses collaborateurs, dans le premier gouvernement du 3 avril 2012. Certes, il avait reconnu avoir agi presque sous la contrainte de ses alliés et n'avoir pas pris le recul méthodologique nécessaire pour la nomination de certains ministres ; mais il ne s'agissait là que du plan moral, avec l'absence d'enquête poussée. La restructuration en profondeur du premier gouvernement Abdou Mbaye, le 29 octobre dernier, démontre le peu de culture de l'élu du 25 mars pour ce qui est de l'agriculture, de l'éducation, de la sécurité, de la diplomatie, de la communication, de la restructuration de l'espace urbain et rural national, de l'équipement, en gros du retard du politique sur le citoyen, surtout celui pataugeant dans l'eau et en retard dans sa maîtrise des choses de la vie par l'éducation : les doublons et autres triplements nouveaux, en particulier dans le domaine de l'hydraulique et de l'enseignement, tendent à démontrer l'incapacité du président de la République à bien articuler sa vision avec les dispositions techniques (ministères) qu'il met en place pour bien asseoir son voeu d'être en parfaite harmonie avec une société nouvelle.
Les réserves émises au tout début et manifestes dès le premier juillet avec l'échec des élections législatives n'ont pas permis à sa galaxie communicationnelle de faire remonter la bonne information en direction de la cellule informatique pour une perspective sociale rigoureuse : le désarroi de l'électeur sénégalais n'est pas né d'une mauvaise articulation entre les hommes et les espaces techniques trop grands dans lesquels ils se sont noyés dans leur majorité ; bien au contraire, la crise langueur née dès la prise du pouvoir avec une politique de communication désastreuse (déclaration de patrimoine avec un avoir estimé à huit milliards non explicables hors de tout doute raisonnable) vient d'une mauvaise interprétation du vote social qui virait les politiques professionnels de l'espace social que Macky Sall leur a ouvert trop grandement.
Le miracle des incompétents ou l'association d'éclopés ne fera jamais une bonne et longue marche : choisi par la base qui a rejeté les professionnels politiques et les opportunistes affublés d'un zéro pointé, Macky Sall, borgne au royaume des aveugles, s'est cru dans l'obligation de réunir ceux que la base sociale du Sénégal abhorre. Le résultat tient moins du manque d'envergure des Charlots choisis que du dédain de l'électeur qui, depuis 2009 avec les Locales, détermine la société dans laquelle il veut se mouvoir : les remaniements etg la meilleure cartographie des intervenants n'y feront rien : Macky Sall a raté sa rencontre avec le peuple sénégalais en refusant la complicité que l'électeur voulait établir avec lui de le débarrasser des politiciens professionnels, spécialistes en tout et en rien, incapables de se retrouver avec le Sénégal réél.
La cellule de veille et d'alerte transmet-elle des données brutes à son homologue informatique sans commentaire aucun des données recueillies ? Cette dernière tient-elle une bonne interprétation et analyse de la matière première fournie ? La réponse, sous la forme d’un populisme de gauche qui semble privilégier la patrie et non le parti, ne tient pas la route : l’entropie sociale est toujours là, diffuse, qui risque d’éclore dans la première quinzaine de ce mois de novembre. Ainsi, le préjugé favorable qui semble s’attacher au nouveau ministre de l’Education nationale ne saurait perdurer au-delà du 8 novembre si le fond reste le même, c’est-à-dire l’absence du nerf de la guerre. Une fin d'année agitée attend le Sénégal.
A cet aveuglement paradigmatique, le pouvoir a ajouté une incurie politique avec une chasse aux sorcières que le bailleur ne comprend pas : Mbour et un bel exemple d'un argent facile massivement investi dans un secteur douteux où prospèrent la drogue, le proxénétisme d’État et la prostitution. Les importantes saisies de stupéfiants entamées sous Wade et qui continuent démontrent que ceux qui ont investi lourdement dans cette partie du Sénégal n'ont aucun souci de développement qui occultent les secteurs sociaux déterminants (santé, éducation) au profit de l'argent facile ; crier haro sur le baudet transporteur d'argent recyclable n'a pas été une bonne idée.
D'autant que l'Etat souffre au sommet de célébrités au service du particulier bancaire à la solde duquel un Abdou Mbaye ne cesse d'étonner par les casseroles de la Banque sénégalo-tunisienne ou, à la Biao-Cbao, au service d'un sucrier blanchisseur du budget tchadien détourné par Hissène Habré dans sa retraite dorée au Sénégal. L'autorité de l'Etat ne saurait souffrir la transhumance de grands argentiers au service d'un particulier manipulateur de grosses sommes, souvent au service ou contre les intérêts des Sénégalais, comme observé depuis plus de vingt ans avec Sakho et, plus récemment, Loum à la Bicis.
Le jeu de chaises musicales auquel invite Macky Sall n'est pas la réponse à la moralisation d'une société souhaitée par les électeurs dans le face à face solitaire qu’ils veulent avec leur vedette du 25 mars 2012 débarrassé de ses politicards ; bons tailleurs, ils lui ont trouvé une belle fiancée à conquérir, un Sénégal nouveau que le lourdeau peine encore à enlever.
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