Après la Première Guerre mondiale, le Sénégal découvre le jazz, un genre musical introduit par des aviateurs américains stationnés à Saint-Louis. Ce tournant marque le paysage musical sénégalais, influencé par la présence de formations musicales et de disques américains importés par les militaires basés à Dakar. Des figures emblématiques comme Dizzy Gillespie, Miles Davis ou Charlie Parker inspirent profondément la scène locale, notamment à travers des artistes sénégalais tels que Pape Samba Diop. En 1950, ce dernier fonde le « Star Jazz de Saint-Louis » avec Pape Seck, organisant des soirées jazz mémorables. L’arrivée de la diva Aminata Fall enrichit le groupe, fusionnant jazz et rumba cubaine avec des rythmes locaux comme le mbalax.
Dans les années 1960, le jazz gagne en popularité, et les jeunes musiciens sénégalais s’approprient ce style en créant des groupes aux noms évocateurs : « Sine Jazz » de Nicolas Saker à Fatick, « Pigalle Jazz » de Gorel Niang à Kaolack, « Luxior » de Lazare Mbaye à Bambey, ou encore « Esperanza Jazz » de Prosper Sonko à Ziguinchor, sans oublier les « Tropical Jazz » et « Harlem Jazz », réputés pour leurs performances remarquables. Des lieux emblématiques comme le Moulin Rouge, le Calypso ou, à Rufisque, le Rio Jazz, vibrent au rythme du jazz, attirant un public enthousiaste.
Malgré la domination actuelle du mbalax, le jazz conserve une place spéciale auprès d’un public élite. Des artistes contemporains comme le bassiste Alune Wade ou Maïna perpétuent cet héritage sur la scène internationale. Le festival Saint-Louis Jazz, qui célèbre sa 33e édition cette année, continue de valoriser ce genre musical, souvent méconnu du grand public, mais toujours vivant.
Auteur: Alioune Badara Mané
Publié le: Mercredi 28 Mai 2025
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