Budget 2026 : Une hausse fiscale fondée sur la rationalisation des exonérations et la taxation ciblée
Dans le cadre du projet de budget 2026, le Gouvernement sénégalais assume « une hausse mesurée de la pression fiscale », qu’il justifie par « la nécessité de redresser les finances publiques sans pénaliser excessivement l’activité économique ». Cette orientation repose principalement sur deux leviers : la rationalisation des exonérations fiscales et la mise en place de taxations ciblées sur certains secteurs spécifiques.
Présentée lors de l’examen du budget du Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC), cette approche s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan de Redressement économique et social (PRES) et de la Stratégie nationale de développement 2025-2029. Il s’agit selon le ministre de « réduire les niches fiscales jugées peu efficaces ». Selon Abdourahmane Sarr, « la hausse projetée du taux de pression fiscale, estimée à 23 % du PIB en 2026, ne résulte pas d’un relèvement généralisé des impôts, mais d’un réexamen des exonérations existantes. Plusieurs dispositifs fiscaux accordés par le passé sont jugés coûteux pour le budget de l’État et insuffisamment efficaces en matière d’investissement, d’emploi ou de transfert de compétences ».
En effet, la rationalisation vise ainsi à recentrer les avantages fiscaux sur les secteurs stratégiques et les projets à fort impact économique et social, tout en améliorant la transparence et l’équité du système fiscal. L’objectif affiché est de limiter les effets d’aubaine et de mieux aligner les incitations fiscales sur les priorités de transformation de l’économie.
Une taxation ciblée pour élargir l’assiette
Le second levier concerne la taxation ciblée de certaines activités, identifiées comme présentant un potentiel de recettes encore peu exploité. Le Gouvernement a notamment évoqué « la fiscalité applicable aux jeux de hasard, dont l’essor rapide contraste avec leur faible contribution relative aux recettes publiques ». « Cette approche sélective vise à élargir l’assiette fiscale plutôt qu’à accroître la charge sur les ménages ou les PME déjà fragilisées. Elle s’accompagne également d’efforts pour intégrer progressivement le secteur informel dans le champ fiscal, à travers des mécanismes de structuration et de formalisation adaptés » a expliqué le ministre.
Préserver le pouvoir d’achat et la compétitivité
Face aux inquiétudes exprimées par les parlementaires sur l’impact potentiel d’une fiscalité accrue, le Gouvernement a tenu à rassurer sur le fait que ces ajustements ne devraient pas affecter directement les revenus des populations. Il a souligné que, comparée à la moyenne des pays de l’OCDE, où la pression fiscale avoisine 30 % du PIB, celle du Sénégal demeure relativement modérée. Les autorités estiment également que la réforme contribuera à améliorer l’équité fiscale, en réduisant les distorsions entre contribuables et en renforçant la justice fiscale, condition jugée essentielle pour soutenir l’adhésion des acteurs économiques.
« Dans un contexte de dette élevée et de marges budgétaires limitées, la rationalisation des exonérations et la taxation ciblée apparaissent comme des choix contraints mais stratégiques, destinés à sécuriser les ressources nécessaires au financement des politiques publiques, tout en préservant la dynamique de croissance » dit-il en outre. Il souligne tout de même qu’il « reste toutefois le défi de la mise en œuvre, qui devra concilier efficacité de la collecte, lisibilité des réformes et acceptabilité sociale, afin d’éviter que l’ajustement fiscal ne freine l’investissement et la création d’emplois ».
Commentaires (4)
Tout le monde doit payer ou personne ne paie. Faut être équitable.
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