Capitaux privés et responsabilité publique : l’équilibre des PPP en Afrique
Les partenariats public‑privé constituent une option stratégique pour les États africains cherchant à financer et à réaliser des infrastructures essentielles sans devoir mobiliser immédiatement la totalité des ressources publiques. Ils permettent d’attirer des capitaux privés, d’intégrer des compétences techniques spécialisées et parfois d’introduire des innovations organisationnelles ou technologiques qui ne seraient pas disponibles dans le secteur public. Dans des pays à budgets contraints, ces dispositifs offrent un moyen de déployer rapidement des projets routiers, énergétiques, sanitaires ou numériques. Dans la pratique, seuls certains pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Nigeria, le Kenya ou l’Égypte concentrent la majorité des projets réussis, grâce à des cadres réglementaires plus solides et une meilleure capacité de gestion contractuelle.
Toutefois, ces arrangements comportent des implications financières sur le long terme. Les États s’engagent souvent à verser des paiements périodiques ou à garantir certains revenus aux investisseurs privés, ce qui peut peser sur les finances publiques si les projets ne génèrent pas les retours attendus. Selon la Banque mondiale, les engagements implicites liés aux PPP dans certaines économies africaines représentent parfois plus de 5 % du PIB, un niveau qui peut limiter la marge de manœuvre budgétaire pour d’autres dépenses prioritaires. La complexité contractuelle et les clauses de renégociation éventuelles ajoutent un risque supplémentaire, souvent difficile à mesurer pour les administrations publiques. Ce poids budgétaire doit être mis en perspective avec le déficit infrastructurel continental, estimé à plus de 100 milliards USD par an, qui explique l’attrait des PPP comme levier incontournable.
Une gouvernance renforcée, une évaluation préalable rigoureuse et un suivi constant des projets sont indispensables pour limiter ces risques. Les exemples réussis montrent que les PPP peuvent combiner efficacité et responsabilité financière lorsque les contrats sont transparents et que les performances sont strictement contrôlées. La publication des engagements, le partage équilibré des risques et l’audit indépendant des résultats sont des conditions essentielles pour éviter une charge budgétaire excessive. En intégrant ces mécanismes à une planification stratégique nationale, les États peuvent tirer parti des capitaux privés tout en minimisant l’exposition budgétaire, contribuant ainsi à une infrastructure durable et à la croissance économique.
Commentaires (1)
Bravo pour l'article !
Les PPP sont aujourd'hui considérés comme la panacée en Afrique alors qu'ils expliquent très largement le dérapage des finances publiques et l'explosion de la dette en raison des marges de manœuvre budgétaires réduites auxquelles ils exposent les pays sur le moyen et long terme. Une dimension très souvent occultée par nos politiques.
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