Coût du capital et perception de risque : le cercle vicieux du financement en Afrique
Le coût du capital en Afrique figure parmi les plus élevés au monde et cette réalité pèse lourdement sur le développement économique du continent. Les projets d’investissement évoluent dans un environnement financier marqué par des taux d’intérêt élevés et par des exigences de rendement fortes de la part des investisseurs en fonds propres. Selon une étude publiée en 2024, le coût moyen pondéré du capital pour les projets énergétiques atteint 15,6 %, contre 2 à 5 % dans les économies développées. Cette différence structurelle réduit la compétitivité de nombreux projets, même lorsqu’ils sont jugés prioritaires pour la croissance ou la transition énergétique.
Cette cherté s’explique par une perception de risque élevée et par la faible profondeur des marchés financiers africains. Le capital-risque illustre cette fragilité : au premier semestre 2024, les levées de fonds destinées aux startups africaines ont atteint environ 700 millions de dollars, soit une chute de plus de 65 % par rapport à la même période de 2023. Cette contraction réduit la capacité d’innovation et limite l’émergence d’entreprises capables de tirer la productivité vers le haut.
Le financement des infrastructures est également affecté. En 2024, les investissements de private equity dans ce secteur ont reculé de 39 %, pour atteindre 1,4 milliard de dollars, alors que les besoins africains en infrastructures sont estimés à plus de 120 à 130 milliards de dollars par an, dont près de la moitié non financée. Dans ces conditions, les exigences de rentabilité pour rendre un projet « bancable » deviennent souvent difficiles à concilier avec les réalités économiques locales, ce qui conduit à repousser ou abandonner des chantiers pourtant essentiels.
Cette situation entretient un cercle vicieux : le manque de projets matures et le déficit de capital structurant renforcent la perception de risque, ce qui renchérit encore le prix de l’argent. Pour briser cette dynamique, plusieurs solutions sont régulièrement avancées par les institutions régionales et internationales. Le renforcement de la capitalisation des banques de développement africaines figure parmi les priorités, tout comme la mise en place de mécanismes de partage des risques capables d’attirer des investisseurs institutionnels et de réduire le coût de financement pour les acteurs privés.
Sans une action plus coordonnée autour de ces mécanismes de garantie et une coopération renforcée entre États, bailleurs et investisseurs, les entrepreneurs africains resteront confrontés à des financements coûteux qui limitent leur capacité à se développer et à créer des emplois. La transformation économique du continent dépendra en grande partie de la capacité collective à réduire durablement le coût du capital.
Commentaires (2)
jet privé.....................les mecs bouffent l,oseille............
Article bien resumer
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