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Le silence des données, l’ombre du crédit

Auteur: Aicha FALL

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Le silence des données, l’ombre du crédit

Les marchés du crédit africains sont fortement marqués par des asymétries d’information qui influencent la distribution des financements. Les banques et institutions de microfinance disposent souvent de données limitées et fragmentaires sur les antécédents financiers et la solvabilité des emprunteurs, ce qui les conduit à renforcer les exigences de garanties et à appliquer des taux d’intérêt élevés. Selon la Banque africaine de développement, les taux moyens pratiqués par les banques commerciales sur les prêts aux PME atteignent 18 à 20 % dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, alors qu’ils ne dépassent pas 3 % dans les économies avancées. Cette différence traduit la perception d’un risque élevé et l’insuffisance d’informations fiables.

Les petites entreprises et les acteurs du secteur informel sont particulièrement pénalisés, car ils n’ont souvent ni historique bancaire ni garanties suffisantes. Le rapport 2025 du Fonds monétaire international sur l’Afrique subsaharienne montre que près de 60 % des PME déclarent rencontrer des difficultés pour obtenir un financement bancaire, limitant leur capacité d’investissement et de croissance. Ces contraintes ralentissent la création d’emplois et freinent la transformation économique dans des secteurs stratégiques comme l’agro-industrie, les services et les technologies numériques.

Les régulateurs et les banques centrales cherchent à remédier à cette situation en développant des registres de crédit centralisés et des systèmes de scoring adaptés aux réalités locales. Des initiatives comme le projet de registre de crédit régional de la BCEAO permettent d’améliorer la transparence et de réduire les risques perçus par les prêteurs. La promotion de l’inclusion financière par les services mobiles et le développement de produits adaptés aux PME contribuent également à élargir l’accès au crédit.

Malgré ces efforts, les asymétries d’information demeurent un facteur structurant des conditions d’emprunt. Elles continuent de façonner la politique prudentielle, d’orienter la tarification du risque et de déterminer l’accès au financement pour les entreprises africaines. Une gestion plus efficace de l’information et l’adoption de technologies financières adaptées restent essentielles pour renforcer la disponibilité du crédit et soutenir le développement économique durable sur le continent.

Auteur: Aicha FALL
Publié le: Jeudi 27 Novembre 2025

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