Calendar icon
Tuesday 02 September, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Reportage Paradoxes du Ramadan : Consommation en hausse, supermarchés pris d’assaut, ménages endettés…

Auteur: Yandé Diop

image

Reportage Paradoxes du Ramadan : Consommation en hausse, supermarchés pris d’assaut, ménages endettés…

Le mois du ramadan, période de recueillement, de tempérance et de modération,  est désormais l’occasion pour les grandes surfaces de doubler leurs stocks. C’est la grande affluence. Mais, au-delà de la recherche de la qualité et des bonnes affaires, les clients trompent le temps en cette période de diète.
Dans un supermarché  en Centre-Ville,  une jeune trentenaire fait son entrée.  Un  jean  bleu  et un haut aux manches longues,  de la même couleur, dessinent bien ses formes. Des vans  rouges, petites pointures, cassent  bien  la couleur de son accoutrement. La démarche de cette nymphe très pressée de faire ses courses ne laisse point indifférent.   Munie d’un chariot, elle fait ses emplettes dans les rayons des marchandises. Dans sa collection :  lait, charcuteries, pain de mie, friandises entre autres petits articles.  Et pour finir sa course, un  gros panier  emballé  qu’elle tire du  rayon ‘’panier ramadan’’. « C’est à 25000 F mais  c’est très complet pour un cadeau », glisse Mamy Tall.  Très disponible, elle explique que  le panier est pour la sœur de son mari  non sans préciser que  c’est devenu une tradition  chez elle depuis trois ans.  Et sur le choix de la grande surface pour ses courses ? «  Le ramadan n'y est pour rien. «   C’est une habitude chez moi, j’habite au Plateau  et contrairement à ce que  les gens pensent, en plus de la qualité des marchandises, on retrouve des prix bas dans les grandes surfaces. Il faut simplement les fréquenter pour comprendre que  ça n’a rien à voir avec du voyeurisme encore moins une affaire de riche ou de pauvre », dit-elle.  Cela explique-t-il la ruée vers ces lieux ? Des Mamy,  on pouvait en voir par centaines en ce mois béni de Ramadan.
Un mois budgétivore
Le Ramadan est budgétivore.  Pendant ce  mois on note moins de repas. Et pourtant,  la dépense  quotidienne   s’envole.   Dans les grandes surfaces, les courses, sont  au-delà  des achats, une manière de tromper le temps. Les supérettes, supermarchés, sont pris d’assaut.  A l’image de Mamy Tall des milliers  de Dakarois ont fait leurs courses.  16 H à Auchan de Nord Foire, c’est  comme si les clients s’étaient donné le mot. Le  lieu est noir de monde, les chariots  des uns et des autres s’entrechoquent. 
Une jeune femme apparait,   fatiguée par cet effort pour se frayer un chemin, dans cette fourmillière de clients, a failli jeter l’éponge.  Le lait, les  dattes, les friandises, et autres produits prisés pendant le mois de ramadan,  garnissent son panier. « La quête de la qualité nous amène ici, mais avec le temps qu’on n’y perd on a envie d’aller voir ailleurs.  D’habitude, je viens après la rupture pour la provision du lendemain mais c’est rare de ne pas trouver du monde». 
Chef de famille accompagné de ses  fillettes qui se disputent une tablette de chocolat, toujours à Nord Foire, un père de famille n’est guère mieux loti. Il essuie sa sueur malgré la climatisation qui marche à fond.  
Calvaire pour passer à la caisse
Mêmes scènes dans la boutique Utile sur la route de Ouakam. Ici  une seule caisse  satisfait à peine la grande clientèle qui est obligée d’attendre pour le calcul.  A croire que durant le mois de Ramadan, les Sénégalais consomment encore plus. Et en effet, c’est durant le mois de ramadan que les grandes surfaces doublent ou triplent les stocks notamment celui de la charcuterie. C’est une occasion pour certains de multiplier leur consommation de saucissons, de viande hachée, de  fromage et de jambon... Les uns sont motivés par le mieux-être de la famille, des enfants en particulier. D’autres cherchent à satisfaire des invités. Une troisième catégorie se livre, tout simplement, à du gaspillage. «  Il faut  noter qu’il y aura des familles endettées après le ramadan simplement parce qu’il faut faire les grandes surfaces comme tout le monde », déplore Yasmina. 
Cette situation ne manque pas de causer des désagréments. Dans une grande surface sise aux Maristes, en plus des difficultés de s’approvisionner du fait de la forte présence des clients dans le magasin, c’est la caisse qui indispose. Il faut passer par une longue queue pour enfin pouvoir payer ses courses. Ce qui pousse des clients las d’attendre à l’approche de la rupture, d’abandonner tout simplement les chariots  dans la boutique sans se soucier de ranger les articles dans leurs rayons.
Auteur: Yandé Diop

Commentaires (0)

Participer à la Discussion