L’assainissement au Sénégal : Bien plus que la lutte contre les inondations
Pour beaucoup de Sénégalais, l’assainissement se résume aux inondations. Mais selon Omar Sène, directeur de l’Assainissement, la réalité est bien plus vaste. "L’assainissement, c’est tout ce qui concerne la gestion des eaux usées et pluviales. Les inondations ne sont qu’une partie du problème", a-t-il déclaré.
C’était dans le cadre de la deuxième session de renforcement de capacités des journalistes sur la question de l’assainissement au Sénégal.
En effet, l'État sénégalais déploie depuis plusieurs années deux grandes stratégies qui reposent sur la sensibilisation à travers l’assainissement total piloté par les communautés (ATPC) (une méthode inspirée de l’Inde et mise en œuvre pour la première fois en 2009 à Bani Israël, dans la région de Tambacounda).
L’objectif étant d’éradiquer la défécation à l’air libre. À ce jour, plus de 8 000 villages sont enrôlés sur une cible de 11 000.
La deuxième stratégie est l’appui direct aux ménages. Chaque année, des milliers de toilettes sont construites en milieu rural. Rien qu’en 2025, plus de 1 000 latrines ont été réalisées, améliorant le quotidien de près de 10 000 personnes.
D’ailleurs, note le directeur de l’Assainissement le taux de défécation à l’air libre est passé de 30 % en 2011 à 8,3 % en 2025. "Le taux d’accès global à l’assainissement est désormais de 61,2 %, contre seulement 26 % en 2005. En zone urbaine, l’accès atteint 71,7 %, tandis qu’en milieu rural il est de 56,2 %. Ces progrès se traduisent par une nette réduction des maladies diarrhéiques, particulièrement fréquentes dans les communautés dépourvues de toilettes", assure-t-il.
Le Sénégal, leader africain
Depuis 2018, le Sénégal consacre plus de 0,5 % de son PIB à l’assainissement, dépassant les engagements de Ngor pris en 2015. Ce niveau d’investissement place le pays parmi les leaders africains dans le secteur, avec une reconnaissance internationale.
Lors de cette formation, un module sur la police de l’assainissement a été présenté aux journalistes. En effet, afin de mieux encadrer ces efforts, le Sénégal a instauré en 2022 la police de l’assainissement, prévue par le code en vigueur. Des agents formés et assermentés sont déployés dans plusieurs villes pilotes, dont Dakar (Mbao, Rufisque), Saint-Louis, Diourbel, Thiès, Kaolack et Ziguinchor.
Pour l’instant, l’approche reste pédagogique : éduquer d’abord, sanctionner ensuite. L’un des principaux défis est de convaincre les populations de ne pas jeter de matières solides dans les réseaux d’évacuation, cause récurrente des obstructions et des coûteuses opérations de curage.
Malgré les progrès, l’entretien des réseaux et le changement de comportements restent des enjeux cruciaux. Comme le souligne Omar Sène, "il arrivera un moment où il faudra appliquer la loi dans toute sa rigueur".
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