Les populations du Fouladou n’en peuvent plus de supporter la situation qui sévit au niveau de leur hôpital régional. Aujourd’hui, tout indique qu’une descente dans les rues de Kolda semble être la seule stratégie à adopter pour faire réagir les autorités. (Correspondance) - Le recueillement et le silence qui marquent l’inhumation de nos morts n’étaient pas de mise, hier, chez le défunt Aliou Diao. Ce dernier a, en effet, succombé a l’hôpital régional suite à des douleurs abdominales. ‘C’est au moment où l’on s’affairait sur son évacuation sur Sédhiou, faute de chirurgien et de médicaments, qu’il est mort’, témoigne son frère Tidiane Diao, les larmes aux yeux.
Ce sont les marabouts qui sont les premiers à tirer à boulets rouges sur la situation qui prévaut à l’hôpital régional de Kolda. ‘Le protocole’, si méticuleux en milieu local, n’a pas mis de gants pour s’élever contre la situation de l’hôpital régional. ‘Comment comprendre qu’une région comme Kolda soit privée de personnel soignant digne de ce nom ?’, s’est interrogé Sana Diao, imam et prédicateur dans une radio de la place. Son cri de révolte, largement partagé par l’assistance, a failli faire tourner le rassemblement à une marche spontanée. Tant la colère, débordante, était perceptible sur chaque visage. Le climat vire tout de suite à une sorte de meeting. Dare-dare, on appelle la presse. Et là, devant les micros des reporters, personne ne voulait laisser l’autre parler. ‘Nous sommes écœurés ! On ne peut pas avoir une région comme Kolda et ne pas avoir un médecin qui réponde aux urgences. Ce n’est pas possible que nous n’ayons pas de chirurgien et de gynécologue’, tonne la présidente régionale de la Scofi, Mme Dieynaba Tall Diallo, dans un concert d’applaudissements. ‘Il est temps que cela cesse. Faute de secours, il est parti pour un mal bénin*. C’est honteux ! Il faut que l’Etat comprenne que nous avons les mêmes droits que les autres citoyens. Nous sommes des Sénégalais à part entière, il faut qu’on nous respecte ! ’, crache-t-elle.
‘Nous n’avons pas besoin d’être évacués à Sédhiou qui attend encore d’être érigé en région. C’est une insulte aux populations’, lance Mme Diallo, ajoutant préférer mourir à Kolda à une évacuation vers la capitale du Pakao. Lui emboîtant le pas, le député libéral Amadou Ndiaye Lô, qui avait sonné l’alerte dans notre édition d’hier, accuse : ’Aliou Diao est mort faute d’assistance !’ ‘Avant que cette situation n’explose, je disqualifie le ministre de la Santé pour m’adresser au Premier ministre. Trop, c’est trop ! Les jeunes ont raison, on ne peut continuer à vivre cette situation. Il faut que l’Etat nous affecte un personnel digne de ce nom. Nous avons besoin d’urologue, de pédiatre, de sages-femmes, de matériel. Un hôpital, c’est sept spécialités, Kolda n’en a que quatre qui posent encore problème’, lâche le député Lô ajoutant sur le ton de la mise en garde que ‘l’Etat ne s’étonne si demain les populations se soulèvent pour protester.’ Parce que, poursuit-il, elles seront dans leurs droits. ‘Arrachant’ la parole au député, Cheikh Coulibaly, dit se soumettre à la volonté divine et fusille aussitôt ‘la mauvaise volonté des pouvoirs publics.’ Parce que, pour lui, il faut faire la part des choses entre la volonté de Dieu et celle des humains. ‘C’est la faute au gouvernement !’, accuse-t-il, en se demandant pourquoi on a affecté le seul chirurgien qui était en service à l’hôpital régional. La foule s’est dispersée aux environs de 19 heures non sans promettre de descendre dans les rues pour ‘dénoncer la situation de mouroir faite à l’hôpital régional.’
Inauguré en 2002, à la veille des locales, l’hôpital régional a constamment été secoué par des remous cycliques des syndicalistes. Tantôt ce sont les indemnités, tantôt des motivations ou des salaires non payés. Il arrive aussi que des ruptures de gaz mettent les travailleurs dans la rue. Comme au mois d’octobre dernier où la grève de l’intersyndicale a fait près d’un mois occasionnant, semble-t-il, 57 morts. La dernière victime de l’institution hospitalière Aliou Diao, mariée et père de plusieurs enfants, âgée de 47 ans, était agent technique horticole en service au stade régional de Louga. Recruté il y a quelque trois ans dans la fonction publique, le défunt était venu à Kolda passer la fête de Tabaski en famille.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion