1982-2009. 27 ans déjà d’un conflit armé qui ensanglante la verte Casamance. Alors que la disparition de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, le chef historique du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) en janvier 2007 avait accéléré la dégénérescence d’un mouvement déjà miné par l’usure du temps, par les querelles de leadership et les coups de boutoir de l’armée nationale.
La neutralité des voisins, une neutralité certes plus marquée du côté de la Guinée-Bissau que du côté gambien mais qui a aidé aussi à l’accélération de la déliquescence de la rébellion. Au point que l’on a certainement pensé du côté des Hautes autorités du pays que la résolution de la question casamançaise n’était plus la priorité des priorités. Pourtant le feu continue de couver sous cendre au pays « des rizières ». Selon des observateurs « si rien n’est fait cela peut repartir pour…25 ans encore ».
Braquages, pillages, rapines, tueries atroces de la part d’éléments armés non identifiés supposés cependant appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) continuent de plus belle et n’épargnent aucun pouce du territoire casamançais du Nord au Sud en passant par l’Est et l’Ouest, même si présentement le département de Bignona rafle tristement la mise. Il ne s’y passe pas une semaine sans que l’on y assiste impuissant à des exactions commises sur la trans-gambienne et aux alentours de la part d’éléments inconnus armés. L’insécurité reste donc le maître mot dans la région naturelle de Casamance meurtrie et dépeuplée par 27 ans d’une agitation meurtrière aux contours politiques cependant très flous jusqu’ici.
Comprise entre l’enclave de la République de Gambie au nord et la frontière de la Guinée-Bissau au sud, la Guinée Conakry au sud-est, la Casamance se lasse de sa guerre de plus d’un quart de siècle. Subdivisée désormais en trois régions administratives distinctes que sont : la région de Ziguinchor dont la capitale du même nom est distante de Dakar de 450 Km, la région de Kolda et celle de Sédhiou, la dernière-née, elle porte le nom du fleuve de 300km qui la traverse. Elle est toujours en proie à une révolte armée depuis 1983, date de la création d’Atika, la branche armée du Mfdc par le vieux Sidy Badji décédé en 2004.
Cependant, le Mfdc est devenu depuis la mort le 13 janvier 2007 de son leader charismatique, l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, « un monstre » sans tête ou à « cent têtes », c’est selon. Les factions militaires se sont atomisées. Atika est aujourd’hui, dominée par trois camps d’inégale importance, mais qui se disputent « mortellement » le leadership politique et militaire et la main mise sur l’économie de guerre, notamment les « meilleurs axes de pillages » particulièrement sur la trans-gambienne.
Le contrôle de la culture et des circuits d’écoulement du cannabis des îles Karones jusque dans le Sindian et le Diouloulou, le périmètre de l’herbe qui tue, mais qui rapporte énormément (on comprend dès lors la recrudescence de la violence dans le département de Bignona). La main mise sur le Cajou (la noix d’Acajou). Le contrôle de l’exploitation de la noix a poussé certains chefs de guerre non encore identifiés et leurs sbires à punir férocement les contrevenants en leur coupant les oreilles.
Une nouveauté dans le conflit casamançais qui avait surpris plus d’un et suscité plusieurs questions jusqu’ici sans réponse. Si au Libéria comme en Sierra Léone, on a noté l’atrocité des membres raccourcis au moment du chao qui y sévissait, punition horrible qui était infligée par les bandes armées à de pauvres malheureux, jamais en Casamance en un quart de siècle de conflit armé l’on n’avait assisté à un tel phénomène.
La guerre de la représentation par ailleurs pour recevoir les prébendes distribuées par des pouvoirs politiques et étatiques du pays qui participent ainsi au financement du conflit et qui entretiennent également une cohorte de négociateurs et de curieux gestionnaires auto désignés le plus souvent ajoute au déchirement et à la complexification de la question casamançaise
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