La visite de Aïda Mbodji aux femmes du Fouladou n’a pas fait que des heureux. Venue inaugurer le centre polyvalent de Doumassou, le ministre de la Famille et du Développement social a laissé des fissures dans les rangs des femmes Koldoises.

La Quinzaine nationale de la femme était une occasion, pour Mme Mbodji, de rendre visite à ses sœurs du Fouladou. Une visite qui avait pour principal objectif l’inauguration du centre polyvalent de Doumassou financé par l’Afds (Agence du fonds de développement social). Cette fête s’est déroulée sans la participation massive des habitants de ce quartier qui ont bénéficié de cet important bijou. D’où la colère de cette population qui n’a pas caché son indignation. Pour Idrissa Bocandé, relais technique de l’Afds et habitant de ce quartier, «les organisateurs de la cérémonie ont politisé l’évènement sans l’inscrire dans le cadre purement social». A en croire M. Bocandé, les populations bénéficiaires n’ont pas été informées de cette inauguration au point qu’elles n’ont pas répondu à l’accueil et participé à cette fête qui n’était pas grandiose. D’ailleurs, renseigne le porte-parole des mécontents, «bon nombre de femmes présentes à la cérémonie sont venues, d’ailleurs, au détriment des populations locales dont l’ouvrage fait la fierté». A cela, les griefs sont portés sur les organisateurs de la fête qui, dit-on, ont créé la division et la frustration dans la cité de Kolidado. Autre colère née de la visite du ministre de la Famille, c’est bien celle des membres de la Mutuelle des femmes de Kolda (Mfk). Cette association, forte de plusieurs membres, attendait sur les lieux Mme Aïda Mbodji, qui devrait, à cette occasion, inaugurer le siège. Au bout de deux heures d’attente, ces femmes ont fini par rallier le centre polyvalent où se tenait la cérémonie officielle. Et, c’est dès leur arrivée qu’on leur annonça que Mme le ministre ne pourra pas visiter et inaugurer le siège de la Mfk, pour des raisons indépendantes de sa volonté.

Subitement, la colère et la désolation se lisaient sur les visages de ces «amazones» du Fouladou qui, pourtant, attendaient avec impatience cet honneur. Comme pour justifier le report de cette activité, le préposé au micro déclare que les conditions météorologiques ne permettaient pas à Mme Aïda Mbodji de passer quelques heures à Kolda alors qu’elle devait se rendre à Ziguinchor. Prenant la parole, le ministre de la Famille et du Développement social rassure : «Je viendrai uniquement pour inaugurer votre siège avec beaucoup de surprises et vous serez fières donc restez tranquilles.» Une consolation qui a apaisé tant bien que mal la colère et la honte de ces femmes qui avaient à leur tête la présidente de la mutuelle. C’est à cet effet que la Mfk a tenté d’applaudir avec un sourire qui, sûrement, cache un mépris voire le déshonneur. Malgré tout, la fête a été belle même si elle a duré moins d’une heure pour une cérémonie, qui était partie pour faire la grande fierté des femmes du Fouladou. Le centre polyvalent de Doumassou compte une salle informatique, une salle de réunion, une de couture, une salle de menuiserie ébéniste à côté d’un magasin et d’une place pour la teinture. Pour un financement de près de 20 millions de francs Cfa par l’Afds, les populations bénéficiaires ont contribué à hauteur d’un million de francs Cfa. Reste aujourd’hui la question de l’équipement en machines et en matériel informatique pour permettre à ce centre de fonctionner. A en croire Abdourhamane Diaouné, membre du Comité de gestion du centre et trésorier adjoint, «l’heure est à la mobilisation pour trouver des sources de financement dans l’équipement de l’ouvrage». L’un des objectifs de ce centre est de récupérer les jeunes déscolarisés et renforcer les capacités des jeunes et des femmes à l’amélioration de leurs conditions de vie et à l’accès à la formation qualifiante.