Dans le Pakao, les populations ne vivent pas les mêmes réalités que celles des autres contrées du pays. Chèreté de la vie, une ville en décrépitude, des pénuries pour certains produits. Tel est le lot quotidien des populations locales qui ne savent plus où donner de la tête.
En matière de développement, Sédhiou est en décrépitude. Tous les secteurs sont délabrés, au grand dam des populations. Les leaders politiques qui devraient parler d’une seule voix pour une politique de développement concertée se jettent l’anathème, à tout bout de champ. Même au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds), les responsables actuels sont incapables de sortir la vieille cité du Pakao de sa torpeur économique. Chaque élu songe, d’abord, à ses intérêts personnels, à construire sa propre fortune au mieux celle de ses proches parents. Ce manque de volonté politique plonge le développement de la localité dans un éternel recommencement. Les populations lassées de se torturer derrière et pour des hommes politiques égoïstes ne répondent plus présentes aux activités de quelque nature qu’elles soient. Une démission collective qui précipite chaque jour Sédhiou dans le gouffre du sous-développement. Voilà un mois que les coupures intempestives ne cessent de plonger la vieille cité du Pakao dans un chaos total. Chaque jour les activités de la Sonatel, de la Senelec, de la Poste des cybers sont paralysées de 4 à 8 heures durant. Du côté de la mobilité, les deux stations d’essence, qui n’existent que de nom, sont à sec depuis une semaine. Celles de Kolda et de Ziguinchor, qui ravitaillaient Sédhiou en cas de rupture, sont aussi à sec. C’est, donc, toute la Casamance qui dans l’insécurité. Toujours dans le secteur de la communication, Sédhiou est privée du réseau cellulaire depuis le mois de juin. Voilà deux mois que la Sonatel est incapable de satisfaire les clients d’Alizé. Ce sont les journalistes qui payent le plus lourd tribut dans ce secteur. Ils sont tous injoignables et ne peuvent pas, non plus, recouper leurs informations par téléphone. Autres secteurs qui troublent le sommet des populations, ce sont le commerce et la pêche. En matière de commerce, tout ce qui se vend à Sédhiou et qui n’est pas un produit local coûte excessivement cher et se raréfie souvent. La bouteille de gaz de 6 kg s’échange à 2 200 francs Cfa. Mais, il disparaît souvent du marché 10 à 15 jours durant. Le pétrole encore utilisé, dans la plupart des familles de la ville, n’est plus sur le marché, il y a de cela 20 jours. La viande coûte plus cher à Sédhiou qu’à Dakar. La tablette d’œufs est à 2 000 francs Cfa contre 900 ou 1 000 francs Cfa à Dakar. Bref, le secteur commercial a fini d’installer chez les consommateurs l’esprit de révolte. Certains crachent sur tout ce qui n’est pas de Sédhiou. D’où le triomphe du pain traditionnel «tapa lapa» sur le pain moderne, disparu du marché voilà deux ans. Du côté de la pêche, le secteur n’est plus rentable. Le fleuve Casamance jadis très poissonneux, n’arrive plus à satisfaire le marché local. Les carpes très prisées par les populations ont été longtemps ravagées par les filets dormants des pêcheurs maliens. Les mulets très abondants en période d’hivernage ont disparu des eaux fluviales. Sédhiou consomme, faute de viande et de poisson, du poisson fumé ou sec importé de la Petite-Côte. Autant de difficultés qui rendent la vie des populations du Pakao presque infernale. Une situation que l’Alternance avait, pourtant, promis de régler. Mais, adieu au rêve, place aux illusions perdues.
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