L’émergence d’Al-Jazira et la nouvelle redistribution des droits TV risquent de faire couler beaucoup d’encre dans les prochains mois. La semaine dernière, la chaîne qatarie a devancé Canal+ lors de l’attribution des droits de la Ligue des Champions pour la France entre 2012 et 2015, obtenant ainsi 133 matchs par saison pour un montant avoisinant les 61 M€ annuels. Dans la foulée, la chaîne cryptée a sauvé les meubles en arrachant le lot 1 à TF1, soit treize matchs (dont la finale) par saison moyennant 50 M€. « On a sauté sur cette opportunité et on en est très content, avait alors expliqué Cyril Linette, le patron des sports de C+. Ce qui nous intéressait était de récupérer les meilleurs matchs de la saison. »Derrière cette satisfaction de façade, l’amertume est grande à Canal+ et Bertrand Méheut, le PDG du groupe, n’a pas pu le cacher mardi à l’occasion d’un colloque organisé à Paris. Présentant Al-Jazira comme un « acteur économiquement irrationnel », Méheut n’a pas hésité à parler de « mauvaise nouvelle ». Car à ses yeux, la chaîne qatarie n’a qu’un seul objectif : « le rayonnement culturel du Qatar ». Al-Jazira, qui diffusera également deux matchs de L1 à partir de l’été prochain et qui pourrait se positionner pour la retransmission de l’Euro 2012, peut-elle dès lors pousser Canal+ à une course effrénée et à une montée des enchères ? Non à en croire Bertrand Méheut : « Le sport est important mais ce n'est qu'un des éléments de notre offre. Nous sommes bien pourvus pour une période de quatre ans à partir de juillet 2012, de très loin la meilleure offre. Et nous n’allons pas nous battre sur tous les droits secondaires pour participer à une inflation qu'on ne souhaite pas suivre. » Mercredi dernier, Charles Biétry, le patron de la chaîne qatarie en France, avait déjà évoqué cette concurrence avec Canal+ dans les colonnes de Ouest-France : « Nous ne faisons pas la guerre à Canal, qui fait du très bon boulot et chez qui j’ai passé dix-huit années merveilleuses. Moi, je ne fais que mon job. Canal a fait une offre, mais nous aussi, et nous avons obtenu les lots. C’est la loi de la concurrence. » Bertrand Méheut a visiblement du mal à voir les choses de la même manière…