Ce dimanche 17 août en Israël a lieu une journée de grève générale et de blocage, à l'initiative du Forum des familles d'otage, pour faire pression sur le gouvernement et appeler au retour des otages.

C’est à 6h29 (heure locale) qu’a débuté cette journée d’arrêt et de perturbation en Israël le retour des otages israéliens toujours détenus par le Hamas. Et le timing n’est pas un hasard, c’est précisément à cette heure qu’avait commencé le massacre du 7 octobre 2023, explique notre correspondant sur place, Michel Paul. Depuis tôt le matin ce dimanche, on assiste à des dizaines de blocages de routes, tandis que des marches et des manifestations de tout genre sont prévues tout au long de la journée, après que le Forum des familles d'otages a appelé à la grève.

Le rassemblement principal doit avoir lieu en début de soirée à Tel-Aviv, où un immense drapeau israélien, floqué de portraits de personnes kidnappées, a été déployé sur la « place des otages ». De nombreux organismes ont annoncé qu'ils respecteraient le mot d'ordre, c'est le cas de grandes municipalités comme Tel-Aviv et Haïfa, ou encore des universités, à l'heure où le gouvernement a annoncé vouloir prendre le contrôle de la bande de Gaza. Ce qui a suscité l'effroi de familles d'otages, qui craignent que l'opération entraîne la mort de leurs proches.

Les syndicats ne se sont pas joints au mouvement

Dafna, que notre envoyé spécial à Jérusalem, Nicolas Falez, a rencontré, est déterminée à se faire entendre. Elle qui se mobilise déjà depuis deux ans pour la fin de la guerre et le retour des otages, ne lâche rien : « C'est un jour sans travail pour que le gouvernement comprenne que le public ne peut plus supporter ce qui se passe avec les otages. On ne doit pas acheter, ni dépenser de l'argent, on va faire vraiment une journée de grève générale. Nous devons essayer tout pour que le gouvernement change de politique, les faire revenir et cesser la guerre. »

Mais certaines familles d'otage ne se sont pas jointes à la grève, tout comme de nombreuses entreprises, notamment dans le domaine du high tech, et même les syndicats, n'ont pas répondu à l'appel. Si globalement, beaucoup de lieux de travail laissent le choix à leurs employés, la Histadrout, la grande centrale syndicale israélienne, ne s’est pas jointe au mouvement. Tout en y apportant tout de même son soutien. Dans le passé, la Histadrout s’était brûlé les doigts en ordonnant des débrayages pour les otages et contre la réforme du judiciaire. Et c’est ce qui explique sa position prudente cette fois, ce qui laisse présager un mouvement de grève qui n’affectera qu’une partie du pays.

« Il faut se battre, on n’a pas le choix »

« Tous ceux qui ne se joignent pas à cette grève, c’est décevant, juge Yossi Havilio, maire adjoint de Jérusalem. Pour la Histadrout, ils auraient pu faire plus. [...] Le maire a autorisé à notre demande de faire grève une heure ou deux, alors j’ai demandé aux employés de venir manifester. » À travers le pays, il n'est pas toujours aisé de se faire entendre lorsque l'on porte un message pour la fin de la guerre. « À Jérusalem, nous sommes en minorité, poursuit Yossi Havilio. La majorité sont les ultra-orthodoxes et la droite. Le maire est relativement modéré, mais il est sous pression de tous ces éléments. Il faut se battre, on n’a pas le choix. »

La police israélienne a indiqué se préparer aux manifestations avec des forces renforcées. « Des milliers de policiers et de soldats des forces de sécurité frontalières seront déployés dans tout le pays et dans différents endroits tout au long de la journée », indique un communiqué. Parmi les 251 otages capturés lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, 49 restent détenus à Gaza, dont 27 décédés, selon l'armée israélienne.