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Mort de Jane Goodall, la pionnière qui a révolutionné notre compréhension des chimpanzés

Auteur: RFI.fr

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Mort de Jane Goodall, la pionnière qui a révolutionné notre compréhension des chimpanzés

En étant la première à découvrir que certains singes utilisaient des outils, l'anthropologue et primatologue britannique a bouleversé notre vision des animaux. Cette infatigable défenseuse de la biodiversité est morte à l'âge de 91 ans « de causes naturelles », a annoncé son institut mercredi 1er octobre 2025. Elle se trouvait en Californie dans le cadre d'une tournée de conférences aux États-Unis. 

Invitée à s'exprimer à l'Unesco en 2024, c'est en « parlant » la langue des chimpanzés que la célèbre primatologue avait commencé son discours : un cri de singe lancé pour alerter sur l'effondrement de la biodiversité et rappeler que tout est lié. «  J'ai reçu un don : quand je parle, les gens m'écoutent. Et aux gens qui perdent espoir, je semble pouvoir donner plus d'espoir », déclarait-elle sur l'antenne de RFI, en marge de cet événement, pour justifier son inépuisable engagement en faveur de la cause animale.

Rien ne prédestinait cette jeune Anglaise à devenir une icône de l'environnement, si ce n'est sa passion précoce pour les animaux. Très tôt, elle passe des heures à observer des vers de terre, le chien de la famille, ou des poules pour comprendre d'où sortent leurs œufs…

Une vie parmi les singes

Sa rencontre en 1957 avec le Dr Louis Leakey, anthropologue et paléontologue, alors qu'elle est en voyage chez une amie au Kenya, marque un tournant. Sans formation scientifique, la Britannique d'une vingtaine d'années s'installe dans la région du lac Tanganyika, en Tanzanie, pour documenter, jumelles aux yeux, le comportement des grands singes du parc national du Torrent de Gombe. À force de patience, elle se fait accepter, et un jour de 1960, la jeune femme observe un chimpanzé utilisant une brindille dont il retire les feuilles pour faire sortir les termites de leur trou. Une découverte qui ébranle le regard porté sur les primates, et révolutionne notre définition de ce qui fait l'humain. Jusqu'alors en effet, on pensait cette compétence réservée aux seuls êtres humains.

Ses méthodes peu conventionnelles lui attirent des critiques. Elle attribue par exemple des prénoms aux chimpanzés plutôt que des numéros comme les animaux de laboratoire. Ce qui ne l'empêche pas de décrocher un doctorat en éthologie à l'université de Cambridge. Elle prouvera aussi que ces animaux ne sont pas végétariens comme on le pensait, mais omnivores, qu'ils communiquent via un langage contenant des dizaines de sons différents et qu'ils sont capables de se livrer à des guerres sanglantes.

Des magazines lui consacrent des reportages et le monde entier découvre la primatologue à la queue de cheval blonde. Rare femme, aux côtés de la spécialiste des gorilles Dian Fossey, tuée au Rwanda en 1985, dans un monde scientifique très masculin, elle aura aussi contribué à ouvrir davantage le monde de la science.

Icône intergénérationnelle

C'est à travers le Jane Goodall Institute, fondé en 1977, et aujourd'hui présent dans plus d'une centaine de pays, qu'elle poursuit son travail en dehors de la jungle. En promouvant la recherche, l'éducation et la protection de la faune, l'organisation œuvre aussi à redonner à la nature la place qu'on lui a volée. Au sein de refuges en Afrique, elle accueille des singes orphelins dont les mères ont été victimes de la chasse, et qui, sans cela seraient condamnés.

Consciente que la sauvegarde de la vie sauvage ne peut aller sans le développement économique des populations locales, particulièrement en Afrique, où la forêt équatoriale a été grignotée au profit de la culture du cacao ou du bois notamment, elle œuvre en ce sens. Dans sept pays du continent, le programme Tacare alloue ainsi des bourses d'études aux enfants et des microcrédits aux plus pauvres pour leur donner l'opportunité de créer leur entreprise et d'assurer leurs moyens de subsistance sans détruire la biodiversité.

Souvent, elle rappelait : « Nous faisons tous partie du monde animal. Et nous dépendons tous d'un écosystème fait d'interactions complexes entre les espèces animales et végétales. Chacun avec son rôle. C'est comme si c'était une magnifique tapisserie. À chaque fois qu'une plante ou un animal disparaît, c'est comme un fil que l'on tire. Et si on en tire trop, la tapisserie va finir en lambeaux. »

Végétarienne convaincue depuis sa jeunesse, elle alertait sur les ravages de l'élevage intensif, non seulement pour la souffrance animale, mais aussi pour son impact sur la déforestation, la pollution et le climat.

En 70 ans passés au service de la nature et du vivant, la scientifique a reçu des dizaines de distinctions et a été nominée plusieurs fois pour le prix Nobel de la paix.

Comme elle l'avait promis, Jane Goodall aura défendu la biodiversité en danger jusqu'au bout. Ces dernières décennies, elle avait quitté la jungle africaine, mais parcourait inlassablement le monde, infatigable « messagère de la paix » des Nations unies. À plus de 90 ans, elle continuait d'inspirer toute une génération d'activistes pour le climat. Une jeunesse à qui elle voulait faire passer le message que « chaque individu compte, chaque individu a un rôle à jouer et peut faire la différence. Car, répétait-elle, si des milliers de personnes font une petite chose positive pour les autres, alors à la fin cela fera une énorme différence ».

Auteur: RFI.fr
Publié le: Jeudi 02 Octobre 2025

Commentaires (3)

  • image
    Oh il y a 13 heures

    Mes respects!

  • image
    Jane qui parlait aux singes il y a 7 heures

    Les singes sont en deuil, y compris la Forêt.

  • image
    TRISTE il y a 4 heures

    Repose en paix. Kou bakh dem na

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