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Rapport Sauvé : Au moins 216.000 mineurs victimes d'abus sexuels dans l'Église depuis 1950

Auteur: seneweb

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Le séisme attendu lors des conclusions du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) est bien là. Le président de la commission, Jean-Marc Sauvé, a annoncé, ce mardi lors d'une conférence de presse, qu'au moins 216.000 mineurs avaient été victimes d'abus sexuels de clercs ou religieux depuis 1950.
Des chiffres qui ne concernent que les personnes encore vivantes. Le nombre de victimes atteint même « 330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique » (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a-t-il précisé. L'estimation statistique de ces chiffres comprend une marge d'erreur de plus ou moins 50.000 personnes.
Entre 2.900 et 3.200 pédocriminels« Le système est déviant » : les mots accablant l'Eglise catholique, prononcés en préambule par François Devaux, cofondateur d'une association de victimes, laissaient présager de la gravité des conclusions de la Ciase. Les chiffres communiqués sont vertigineux : le nombre estimé de pédocriminels dans l'Eglise sur cette période est de 2.900 à 3.200. Cette donnée n'est qu'un « plancher » et ne concerne que les hommes, selon Jean-Marc Sauvé.
Le rapport fleuve préparé depuis deux ans et demi par la « commission Sauvé » et publié ce mardi met également en lumière le profil des victimes. Ce sont à 80 % des garçons, avec une forte prévalence de 10 à 13 ans. De manière générale, 56 % des violences ont été commises dans les années 1950 à 1969.
Des chiffres « accablants »« Ces nombres sont bien plus que préoccupants, ils sont accablants et ne peuvent en aucun cas rester sans suite », a déclaré Jean-Marc Sauvé. Avant d'ajouter que la prévalence des violences sexuelles dans les milieux ecclésiaux était certes moins élevée que dans les cercles familiaux et amicaux, mais plus forte que dans les autres milieux de socialisation des enfants comme l'école. Les membres de la commission ont évoqué la figure d'autorité du prêtre et sa « sacralisation excessive » comme un des facteurs pouvant expliquer cette prévalence.
Le président de la commission a par ailleurs dénoncé l'indifférence concernant ces abus : « L'Eglise n'a pas su voir, entendre, capter les signaux faibles. » Selon lui, l'Eglise catholique a même fait preuve d'une « indifférence profonde, et même cruelle à l'égard des victimes » jusqu'au début des années 2000. Jean-Marc Sauvé a enfin appelé l'Eglise catholique à apporter des réparations aux victimes, rappelant que les indemnisations ne sont pas « un don, mais un dû ». L'épiscopat avait pris des mesures au printemps, promettant un dispositif de « contributions » financières versées aux victimes à partir de 2022.
« Immense chagrin » du papeLes conclusions choc du rapport ont été suivies de plusieurs déclarations d'ecclésiastiques. « Que dire, sinon éprouver […] une honte charnelle, une honte absolue », a concédé, la voix teintée d'émotion, Véronique Margron, la présidente de la Corref (instituts et ordres religieux). Le pape lui-même a réagi à cette « effroyable réalité » par l'intermédiaire du porte-parole du Vatican, indiquant que « ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. »
Plusieurs associations de victimes ont par ailleurs fait savoir dans un communiqué qu'elles attendaient « des réponses claires et tangibles de la part de l'Eglise de France » à la suite de la publication du rapport.
6.500 témoignagesLes 22 membres de la Commission ont enquêté pendant près de deux ans et demi sur les abus sexuels dans l'Eglise depuis 1950. La commission, voulue par la Conférence des évêques de France et totalement indépendante, a été constituée par l'ancien vice-président du Conseil d'Etat, Jean-Marc Sauvé.Elle a fait de la parole des victimes sa « matrice de travail », a rappelé Jean-Marc Sauvé, qui a remercié ceux « sans qui rien n'aurait pu se faire ». Un appel à témoignages, ouvert dix-sept mois, a d'abord recueilli 6.500 appels ou contacts de victimes ou proches. La commission a ensuite procédé à 250 auditions longues ou entretiens de recherche et effectué une plongée dans de nombreuses archives, de l'Eglise, des ministères de la Justice ou de l'Intérieur et de la presse. Selon le journal La Croix , 45 propositions accompagnent le rapport final, remis à l'épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses. « La mission de la commission prend fin […], nous passons le témoin à l'Eglise », a conclu Jean-Marc Sauvé.
Auteur: seneweb
Publié le: Lundi 04 Octobre 2021

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