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Virus Ebola: Pour l’exemple et pour l’humain

Auteur: webnews

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Au moment où mon confrère Félix Nzalé, le Dirpub de La Tribune,  était entendu par les services du ministre de l’intérieur du Sénégal et que son sort se jouait entre les murs de la chancellerie qui veut en faire « un exemple » du mauvais journaliste, se déroulait, au Libéria, un drame épouvantable.Un de ces actes que l’on pensait révolus, comme nous pensions honni, à jamais, l’interpellation et la traduction d’un journaliste devant le tribunal des flagrants délits pour le chef d’inculpation de diffusion de fausse nouvelles. Au Libéria comme à Dakar, les acteurs malgrés eux ont été circonscrits entre quatre murs.A des dégrés différents -et certainement pas pour le même motif-,  A Ballajah, au nord-est du Liberia, toute une famille était emmurée dans sa maison parce qu’elle était atteinte par le virus d’Ebola.Fatou Sheriff avait 12 ans,  et toute la vie devant elle. Elle était une élève modèle, une gamine sans souci aimée de tous.Mais, cette jeune fille ordinaire a vu le virus mortel entrer chez elle. Ce fut d’abord son père, ensuite ça a été sa mère. Enfin elle qui a été infectée. Son père est décédé, le premier. Et quand la nouvelle a fait le tour du village, personne n’est venu prendre le corps et enterrer celui qui était, il y a encore peu de temps, un des leurs. A Ballajah, les gens se sont réunis et ont décidé d’isoler la famille.  Et informer les autorités sanitaires comme les communiquants le leur ont indiqué. Face au retard des services , les villageois ont pris les choses en mains. A leur manière. De la pire des manières. Dans la précipitation, ils ont pris du ciment et des briques. Et ont tout simplement fermé toutes les entrées de la maisons. Les portes d’abord. Ensuite les fenetres, avec Sheida et sa fille.Fatou a pleuré. Elle les a suppliés de ne pas la laisser avec là. A defaut d’être entendu, elle leur a demandé de lui laisser, au moins, de la nourriture et de l’eau.Mais personne -même pas ceux qui l’ont vu naitre et grandir-, n’a été pris de pitiè.Supportant la faim et les terribles douleurs de cette inique maladie, la mère et la fille ont fait face.Sans pleurs, puisque personne n’était là pour les entendre. Les agents du ministère de la santé étaient venus sur place, mais ils n’ont rien fait. Ils étaient terrifiés et démunis face au danger.Pour tout conseil, ils ont demandé aux habitants de ne pas s’approcher de la « maison maudite ». Sheida a agonisé le  3 août. Démunie et témoin impuisante de sa mort prochaine, Fatou a regardé sa mère mourir. Et est resté avec son cadavre une semaine durant. Sans aucune assistance.C’est dans la nuit du lundi au mardi, au moment ou mon confrère Félix Nzalé est acheminé au commissariat du Port pour sa première nuit de garde à vue, que Fatou est, enfin, devenue libre.Libérée de ces horribles douleurs que la faim, la soif et le virus peuvent causer.Libérée de l’instinc animal des hommes. Elle n’a pas recouvré la liberté d’aller et de venir dans le village de Ballajah.Elle a rendue son dernier souffle. Morte dans d’atroces souffrances. Nous laissant à nos villenies. A nos stériles  polémiques sur la notion de la fausse nouvelle.Babacar Touré
Auteur: webnews
Publié le: Jeudi 14 Août 2014

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