Elue Miss Saint-Louis à l'issue d'une élection en bonne et due forme, Awa Ndiaye, 1,78m pour 59 kilos s’est vue disqualifiée à cause de statut ... matrimonial. Divorcée et mère d’un enfant de 4 ans, la candidate de la ville du Nord ne verra jamais le podium du concours Miss Sénégal. Aujourd’hui, la Saint-louisienne qui dit regretter amèrement sa participation au concours de beauté s'en remet à la décision du comité national de Miss Sénégal. Sereinement.

Awa Ndiaye, vous avez été récemment élue Miss Saint-Louis, Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? 

Je m'appelle Awa Ndiaye. J’ai 24 ans. J'ai décidé de participer à l'élection de Miss Saint-Louis, parce que je suis mannequin. À chaque fois que les magazines people me sollicitaient pour des interviews, ils étaient confrontés à des difficultés, car il leur était impossible de mettre une identité sur la personne et d'établir mon cursus. C'est ainsi qu'un ami m'a demandé d'aller postuler pour le concours de Miss Saint-Louis. Comme cela, quand on parlera d'Awa Ndiaye ou d'Eva Ndiaye, on, saura de qui il s'agit. C'est la raison pour laquelle je me suis présentée à ce concours. 

Vous défilez depuis combien d'années ? 

J'ai fait mon baptême du feu le 1er janvier 2010. Cela fait un an que je défile. J'ai eu à défiler pour Sadio Bi, un styliste qui vit à Paris. J'exerce aussi parfois le métier de vidéo-girl et j'ai eu à faire des apparitions dans le clip « Casse-casse » de Pape Diouf, «Ar watame» de Yoro Ndiaye, Alien Ziz et Secteur 7. Mais là, j'ai arrêté de faire des représentations dans les clips car je veux me consacrer à ma carrière de mannequin. Je joue aussi dans des fictions, comme la série des « Nuls du net » qui passe sur WalfTv et «Salons de coiffure » de Lamine Mbengue. Je suis aussi animatrice de «People Grand format» à Télébi, une télévision qui est basée en Italie et qui appartient à des Sénégalais. 

Qu'est-ce qui a poussé Awa Ndiaye dans le mannequinat ? 

C'est une passion chez moi. Depuis toute petite, j'ai toujours aimé la mode. Mais au Sénégal, c'est difficile pour nos parents d’accepter ce métier. Cela ne fait pas partie de notre culture, de nos mœurs. C’était difficile pour moi au début. J’ai défilé pour la première fois en 2003, lors de l'élection de Miss Odcav (Navétanes), mais après cela, mes parents ont dit niet. Il m'a fallu attendre 5 ans pour qu'ils veuillent enfin accepter que je défile. Cela a un peu retardé mon accession dans le milieu. 

Quelles sont vos origines ? 

Je suis née et j'ai grandi à Saint-Louis. J'ai effectué tout mon cursus à Saint-Louis et ce n'est que depuis 3 ans, dans le cadre de mes activités, que je me suis établie à Dakar. Je ne suis à Dakar que pour travailler. Je suis du quartier Nord de Saint-Louis, même si en ce moment j'habite au quartier Sud. Ma grande famille est issue du quartier Nord. 

Vous avez fait des études ? 

Oui, j'ai fait des études jusqu'en classe de Terminale. Par la suite, j'ai fait une formation en micro-finances que je n'ai pas pu continuer, parce que je me suis mariée. Après, j'ai fait des formations dans des domaines qui touchent l'immigration, la réinsertion des immigrés, les droits des migrants. J'en ai fait beaucoup avec la Cnts (Confédération nationale des travailleurs du Sénégal). Je suis technicienne en gestion de projet sur la migration et la Coe (Commission ouvrière d'Espagne) qui sont en collaboration avec le Bureau international du travail. Je suis aussi formatrice en Genne (Gérer mieux mon entreprise), en Tri (Trouver mon idée d'entreprise) et en Cre (Créer mon entreprise). Je fais partie d'un réseau intersyndical pour la migration. Je suis aussi à la tête d'une association «Cœur d'enfants» qui s'intéresse à l’enfance vulnérable. Je veux apporter mon soutien aux talibés, aux enfants issus de famille pauvre et aux jeunes délinquants. 

Vous avez dit tantôt que vous étiez mariée... 

Oui, je me suis mariée en 2007, quand je faisais la Terminale. 

Vous êtes divorcée aujourd'hui ? 

Oui, mais je préfère ne pas l'évoquer ici. Cela fait partie de mon passé et j'ai tiré un trait sur mon passé. Je préfère me focaliser sur mon avenir. Le monde du showbiz est très vicieux. 

Vous avez eu des enfants dans ce mariage ? 

J’ai eu un garçon ; il a aujourd’hui 4 ans et il vit avec ma mère. Avec mes activités à Dakar, je ne pourrai pas bien m'occuper de lui. 

Peut-on connaître les raisons de votre divorce ? 

Non ! Je préfère ne pas entrer dans ces détails. Je ne veux pas trop exposer ma vie privée dans la presse. 

Qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce ménage ? 

Il y a plusieurs choses qui n'ont pas marché dans mon couple. Il me serait difficile de les énumérer aujourd'hui. Je n'ai aucune rancune pour mon ex-mari. Il mène sa vie et je mène la mienne. Il n'y a aucune animosité entre nous. 

Pensez-vous avoir des chances de remporter la couronne de Miss Sénégal ? 

(Elle rit) Je dirais non, car je ne vais pas me présenter. 

Pourquoi ? 

Parce qu'on a dit que pour être Miss Sénégal, il faut être célibataire et ne pas avoir d'enfants. 

Vous ne le saviez pas quand vous postuliez ? 

Non. 

Et le comité d'organisation de Miss Saint-Louis ? 

Non. Ils ne m'ont pas présenté de règlement. Ils m’ont juste donné une fiche à remplir et sur cette fiche, il n'était demandé que le nom, le prénom, l'adresse, l'âge et le niveau d'études. 

Vous êtes donc aujourd'hui disqualifiée? 

Non. On ne m'a pas dit que j'étais disqualifiée, car j'ai toujours la couronne et l'écharpe de Miss. J'ai été couronnée devant tout le monde et devant un jury que je ne connaissais même pas. Après, Ambroise Gomis (président du Comité national de Miss Sénégal) M'a contactée et m'a dit qu'avec ma situation matrimoniale, je ne pourrai pas me présenter à l'élection de Miss Sénégal et que ce sera à la première dauphine de me remplacer. Mais jusqu'à présent, ils n'ont rien dit de clair. Je n'ai jamais voulu en parler en public, malgré les nombreuses sollicitations. Car durant et après l'élection, il a été dit n'importe quoi sur moi sur Internet. On a raconté des contrevérités sur moi. 

Quel est votre sentiment par rapport à cela ? 

Je pense que c'est injuste. Qu'est-ce qu'ils demandent pour être miss ? Il faut la taille, le niveau d'études et la démarche. Je remplis les 3 critères et je ne vois rien qui ait pu me handicaper. Si j'étais encore mariée, on aurait pu comprendre, mais je ne le suis plus. Je suis libre. Je ne sais pas pourquoi ils disent que pour être miss, il ne faut pas être marié ni avoir des enfants. Alors qu'il y a ici des miss qui ont eu des enfants. 

Qu'est-ce que Moïse Ambroise Gomis pense de tout cela ? 

Ambroise, je le connais très bien pour avoir été dans son agence. Il me connaît très bien. 

Il savait que vous avez été mariée ? 

Je ne sais pas. Mais un de ses neveux, Ousmane Mbaye qui vivait ici dans la même maison que moi, savait que j'avais un enfant et il le voyait, car mon fils est venu passer tout le ramadan avec moi. Ambroise a vu mon propre fils deux fois de suite, mais je ne peux pas affirmer qu'il savait qu'il s'agissait de mon enfant. Il est le seul habilité à apporter des éléments de réponse, mais, en tout cas, il y a trop de choses confuses dans ce concours. 

Vous comptez-vous laisser faire ? 

Je ne vais pas batailler pour cela. Ils disent que c'est cela le règlement intérieur, je vais le respecter. Je ne vais pas insister, parce que j'ai un ami qui disait qu'il allait ester en justice. Je lui ai dit que cela ne valait pas la peine. Etre Miss, c'est bien, mais je me retrouve plus dans le milieu où j'évolue. 

Que comptez-vous faire concrètement ? 

Rien du tout ! J'ai vu Ambroise Gomis lors de l'élection Miss Dakar, on en a parlé, mais depuis lors, je ne me suis pas prononcée sur la question. Je reste dans mon coin calmement jusqu'à ce qu'ils me contactent. Je ne vais pas courir derrière eux pour une couronne de Miss Sénégal. D'ailleurs, Ambroise m'a clairement dit que je restais la Miss Saint-Louis, mais pour l'élection de Miss Sénégal, il fallait que je m'écarte pour laisser la place à la première dauphine, Mame Coumba Guèye. Ils ont mon numéro et peuvent me contacter quand ils le souhaitent. 

Pensez-vous que c'était un acte délibéré pour mettre quelqu'un d'autre à votre place ? 

Je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était un concours qui regroupait plusieurs filles et donc forcément, il y avait de la jalousie. Je n'étais pas la seule à prétendre au titre et je n'ai pas non plus demandé à être élue. J'ai été choisie en toute transparence, devant un public. 

Vous n'avez aucun différend avec les membres du comité ? 

Je ne les connaissais même pas. Depuis trois ans, je suis établie à Dakar. Je ne les ai rencontrés que le jour du défilé. Un de mes amis m'avait même demandé de nier que j'avais un fils, puisqu’ils n'avaient aucune preuve. Je me suis dit que cela n'en valait pas la peine. Pour un titre, je ne renierai jamais mon enfant que j'aime et que j'adore de tout mon cœur. 

Ils ne vous ont pas fait de propositions indécentes que vous auriez refusées ? 

Non, pas du tout. En revanche, j'ai senti que les membres du comité voulaient à tout prix élire la première dauphine. 

Comment ça ? 

Cela sautait aux yeux, elle était plus proche des organisateurs. 

Donc selon vous, elle a été favorisée à votre détriment ? 

Je ne suis pas affirmative, mais ça y ressemblait... Je reconnais qu'elle était très belle et avait une belle démarche, n'empêche que cela n'a pas joué en sa faveur lors de l'élection. J'ai été choisie par un jury de plus de cinq personnes, alors que je ne vivais pas à Saint-Louis. Je n'étais pas au sein de l'organisation comme la première dauphine. D'ailleurs, mes mensurations, je les ai données au téléphone, alors que Mame Coumbel était constamment présente à Saint-Louis. Forcément, cela crée des affinités entre eux. 

Qu'est-ce que cela vous fait d'être écartée de la compétition ? 

Cela m'a énormément blessée, j'ai même pleuré à chaudes larmes. Ce qui m'a le plus touchée, c'est mou image qu'on a diffusée partout sur les sites internet. Je me sentais mal par rapport à ma famille, mes amies et mes fans qui veulent suivre mes pas. J'ai essayé de garder toute ma lucidité en n'entrant pas dans la polémique. Je regrette amèrement d'avoir participé à l'élection. Si j'avais une idée de la tournure des choses, je n'aurais jamais concouru, ne serait-ce que par rapport à mon image. Je suis dans le social et je ne veux pas que mon nom soit associé à des choses négatives. Je profite de l'occasion pour lancer un message au Comité national de Miss Sénégal, afin qu'ils revoient leur règlement. J'ai toujours rêvé d'être un jour Miss Sénégal comme bien d'autres jeunes filles, mais si on nous écarte sur la base d'un statut matrimonial, c'est clair que cela freine nos ambitions.