Dans sa déclaration de politique générale prononcée ce vendredi 27 décembre, le Premier ministre a exposé les grandes lignes de sa vision pour le Sénégal, en mettant un accent particulier sur la question énergétique. Cet exercice suivi d’une séance de questions-réponses avec les députés a permis à Ousmane Sonko de mettre en lumière les enjeux stratégiques autour de l’exploitation des ressources naturelles du pays.
Pour le chef du gouvernement, le développement économique du Sénégal est indissociable d’une réforme profonde du secteur énergétique. «?On ne peut pas développer un pays sans régler le problème de l’énergie. On ne peut pas vendre le courant à 110 F le kilowatt/heure et penser industrialiser le pays. Alors que les pays asiatiques sont à moins de 40 F environ?», a-t-il affirmé.
Ce constat, selon lui, illustre le retard structurel que le Sénégal doit impérativement combler pour prétendre à une industrialisation compétitive.
Ousmane Sonko n’a pas manqué de pointer du doigt les décisions des gouvernements précédents concernant l’exploitation des ressources gazières du Sénégal, notamment dans le cadre du projet GTA (Grand Tortue Ahmeyim). «?Quand on est arrivé, qu’a-t-on trouvé?? On a vendu notre gaz à GTA. Quelles étaient les options du gouvernement précédent?? Qu’ont-ils signé?? Ils ont opté pour l’exportation liquide du gaz en bateau afin de le commercialiser à l’international. Pour eux, tout ce qu’il y a devait partir », a-t-il expliqué.
Le Premier ministre a déploré le fait que cette stratégie ait privilégié l’exportation au détriment de la transformation locale, une approche qu’il considère comme préjudiciable au développement industriel national. «?Quand vous exportez du gaz, vous exportez de l’industrie?».
Face à ce qu’il qualifie d’erreur stratégique, Ousmane Sonko affirme avoir pris des mesures pour maximiser les bénéfices tirés des ressources naturelles. «?Notre propre gaz, BP nous a demandé combien nous en avons besoin et nous leur avons répondu rien. Quand nous sommes arrivés, nous avons dit à nos partenaires que nous avons besoin de ce gaz », dit-il.
Dans cette optique, le gouvernement a négocié une révision des termes de l’exploitation, visant à augmenter les quantités de gaz disponibles pour le marché local. «?Nous leur avons demandé d’ajouter au moins 150 MFCf sur les 35?% qui nous reviennent de cette exploitation. Cela va nous permettre d’avoir au moins cinq centrales. Ces centrales fonctionnant au gaz nous permettront peut-être de vendre le kilowatt/h à 40 F », ambitionne-t-il.
Cette baisse du coût de l’électricité est, selon le Premier ministre, une condition sine qua non pour industrialiser l’agriculture et dynamiser l’économie sénégalaise. «?Si on a le kilowatt/h à 40 F, on développe ce pays et industrialisons l’agriculture?».
Le chef du gouvernement a également évoqué les ambitions énergétiques du Sénégal à l’horizon 2050, tout en reconnaissant l’ampleur des défis à relever. «?Si nous voulons atteindre l’objectif de 10 000 mégawatts à l’horizon 2050 - aujourd’hui, nous sommes à 1 800 - notre chantier est encore énorme », déclare-t-il.
Dans l’immédiat, il estime que le mix énergétique actuel ne permettra pas de dépasser les 3 000 mégawatts à court et moyen terme, en insistant ainsi sur la nécessité d’accélérer les réformes et les investissements. «?Le mix énergétique ne pourra pas permettre d’avoir à court et moyen terme plus de 3 000 mégawatts », estime-t-il.
Auteur: Seneweb News
Publié le: Vendredi 27 Décembre 2024
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