Eh bien, jusqu’au moment de la rupture des relations diplomatiques entre Taïwan et le Sénégal, intervenue en novembre 2005, cet argent n’était pas encore parvenu à destination. La lenteur des transactions bancaires internationales entre la lointaine Asie et l’archaïque Afrique, sans doute ! En fait, tout le monde sait que cet argent s’est retrouvé dans le compte bancaire d’une société dénommée Fitem Entreprises Limited ouvert dans les livres de la Société Générale de Nicosie, à Chypre. La société en question a été créée par M. Emmanuel Aïm, qui n’est autre que le fils de M. Pierre Aïm, conseiller spécial du président de la République , et ancien directeur général de la société française Saga tombée en faillite dans des circonstances nébuleuses. Une affaire pour laquelle M. Aïm avait d’ailleurs été emprisonné en France après s’être réfugié en Afrique où il conseillait notamment le chef de l’Etat congolais, M. Denis Sassou Nguessou. C’est d’ailleurs en accompagnant ce dernier en visite officielle en Italie que M. Aïm avait été arrêté avant d’être transféré en France. Au Sénégal, M. Aïm, qui est un ami de longue date de l’actuel président de la République , a beaucoup investi, notamment dans la presse où il s’était associé avec le golden Boy M. Cheikh Tall Dioum, dans le cadre du groupe de presse Com 7. Il est d’ailleurs l’actuel propriétaire de la brasserie Nba (Nouvelle Brasserie Africaine) rebaptisée AIFB (Africa Investissement Sénégal Brasserie). Une brasserie justement gérée par son fils, Emmanuel. C’est dans le compte de ce gentil Emmanuel que s’est retrouvé l’argent offert par Taïwan au gouvernement de la République du Sénégal. On sait qu’au lendemain de l’arrestation de l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck, lorsqu’il avait commencé à s’épancher devant les juges, le président de la République avait déclaré gravement en Conseil des ministres qu’il rétrocédait au Sénégal une somme de 14 millions de dollars que lui avait donnée un ami. Au niveau du Trésor national, une source haut placée nous dit ne pas encore avoir vu trace de cet argent. Patience, il va sans doute bientôt arriver ce petit magot de sept milliards de francs cfa qui sera d’un grand secours pour nos finances anémiées... Au début - et au centre - de cette affaire des milliards de Taïwan, on retrouve donc M. Pierre Aïm, en sa qualité de conseiller spécial du président de la République. Le 03 décembre 2004, ce dernier prend sa plus belle plume pour écrire à son homologue taïwanais, Chen Shui-Bian. Une lettre dans laquelle on peut lire ceci : « Monsieur le Président, Poursuivant les relations d’amitié cordiale et de coopération dynamique et féconde entre nos deux pays, j’ai plaisir à dépêcher auprès de Vous Monsieur Pierre Aïm, mon, Conseiller Spécial, que Vous connaissez bien déjà. Il compte arriver à Taïpeh le 12 décembre 2004. J’ai demandé à mon Envoyé Spécial de vous présenter mes salutations amicales les plus chaleureuses et de Vous réitérer ma disponibilité totale à toujours œuvrer avec Vous au renforcement des liens déjà excellents qui unissent nos deux pays et leurs peuples. J’ai également instruit mon Emissaire en lui conférant les pleins pouvoirs à l’effet de négocier, dans tous ses aspects, le Nouvel Accord Quinquennal de Coopération entre la République de Chine et la République du Sénégal. Je vous remercie de bien vouloir recevoir mon Emissaire et Vous prie d’accorder foi et créance à tout ce qu’il Vous dira de ma part surtout lorsqu’il Vous renouvellera les sentiments d’amitié sincère et d’estime profonde que le peuple sénégalais et moi-même nourrissons à l’endroit du peuple chinois. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma très haute considération. Abdoulaye WADE » (voir fac-similé). S’agissant des négociations sur le Nouvel Accord Quinquennal entre Taïwan et le Sénégal, auquel le chef de l’Etat fait allusion dans sa lettre, il n’est pas inutile, nous semble-t-il, d’en retracer les principales étapes.
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