L’ancien ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales sous Abdoulaye Wade pense que la réforme de la décentralisation est utile et nécessaire, mais la démarche est mauvaise et la formulation n’est pas claire.

Selon lui, il n’y a pas eu une bonne méthodologie de travail, pour faire en sorte que les populations s’approprient cette réforme. «Les suspicions, doutes et réserves l’emportent, au point que cela vicie l’ambiance, jusqu’à l’esprit et la lettre de la réforme. Il y a un problème d’appropriation, ils ont péché sur ce plan-là. Malheureusement, dans la conscience populaire, c’est plutôt une stratégie électoraliste pour sauver un régime en mauvaise posture. Il y a aussi ce sentiment général selon lequel il y a eu une approche trop partisane et clanique, alors que la réforme comporte des aspects économiques, juridiques, politiques, culturels et sociaux. Ça chamboule carrément une bonne partie de l’architecture institutionnelle du Sénégal», fait-il remarquer dans un entretien avec l’Obs.

Aliou Sow pense que le président de la République aurait dû formuler dès le départ sa vision et l’argumenter dans un document de base qu’il aurait soumis à tous les acteurs concernés, et ensuite, regrouper tout le monde pour recueillir les observations, critiques et suggestions. Même en adressant des invitations à la classe politique pour ces concertations, je trouve inadmissible qu’il l’ait fait faire par le ministre de l’Intérieur. Malgré tout, pense-t-il, cela ne doit pas justifier le boycott de l’opposition. «La politique de la chaise vide n’a jamais été payante. Ils (les leaders de l’opposition) auraient dû se rendre au Palais et dire à Macky Sall leur conviction profonde, et s’il le faut même claquer la porte après cela.

Sur le report des élections, Aliou Sow pense que Macky Sall doit prendre ses responsabilités, en prenant le temps qu’il faut. «Parler de décalage de trois mois, là aussi, il faut être réaliste, c’est absolument absurde. De mon point de vue, Macky Sall doit prendre ses responsabilités, en prenant le temps qu’il faut, dans le cadre d’une affirmation de son autorité en ayant recours aux prérogatives que notre Constitution, nos lois et règlements lui offrent, pour décaler les élections d’un an et réformer intégralement», pense-t-il.