Pour mettre en route le programme du «Yoonu Yokkuté» et mener à bon port sa politique de redressement du pays, le chef de l’Etat, Macky Sall doit cesser d’accorder du crédit «aux laudateurs et dinosaures de la coalition Benno Bokk Yaakaar». La mise en garde émane de proches collaborateurs du Président.
C’est entendu : l’ambiance autour du président de la République se détériore. Et chaque jour un peu plus. Dans le jeu des alliances, Macky Sall risque de perdre gros s’il s’entête à prêter une oreille plus attentive aux «laudateurs et dinosaures de la coalition «Benno Bokk Yaakaar (Bby)» qu’à ses anciens collaborateurs». Ce sont des sources proches du Palais présidentiel qui préviennent. Et comme pour mettre la puce à l’oreille du Président, des «amis» rappellent à celui-ci ce qu’il est convenu d’appeler le «syndrome des alliés». «En 2003, Mahmout Saleh, tout puissant membre de la Cap 21, cherchant à avoir l’oreille de l’ancien Président Abdoulaye Wade avait théorisé le fameux coup d’Etat rampant pour pousser Wade à prêter plus d’attention aux ambitions cachées de son «fils» putatif, Idrissa Seck à qui l’on prêtait le dessein de vouloir succéder à son père spirituel avant l’heure. Un «dérivatif» qui avait négativement impacté sur les relations entre les deux hommes et la rupture définitive survint en 2004. Aujourd’hui, avec la 2e Alternance survenue en mars 2012 et par la magie des alliances, Mahmout Saleh est encore parvenu à entrer dans les grâces de l’actuel chef de l’Etat», informe notre source. Hasard ou malheureuse coïncidence ? L’histoire semble inéluctablement se répéter dans la galaxie Sall. Et les alliés du Président le poussent dans des calculs politiciens qui sont loin d’être bénéfiques pour le peuple. Et font fortement penser que le Président fait passer le parti avant la patrie.
Absence de politique durable.
Depuis quelque temps, le ciel s’obscurcit au-dessus de la tête de Macky Sall du fait de l’amoncellement des exigences des populations qui ploient, au quotidien, sous le poids de la cherté de la vie. Conséquences ? Les bombes sociales en latence menacent d’exploser sans crier gare. Déjà, les populations commencent à exhiber ostensiblement des signes de lassitude et de désespoir quant à la satisfaction de la demande sociale et des revendications des organisations socio professionnelles. Devant cet état de fait, de proches collaborateurs du président de la République, technocrates pour la plupart, déplorent que des politiciens aient pu convaincre celui-ci de n’envisager que des solutions ponctuelles aux difficultés qui assaillent son peuple. Autrement dit, la thérapie appliquée aux priorités du moment n’intègre pas le volet d’un développement durable, mais seulement des paramètres tendant à donner une visibilité d’actions d’éclat avec comme objectif la réélection de Macky Sall en 2017. Les dernières mesures prises et allant dans le sens d’alléger les souffrances du Sénégalais lambda telles que la baisse des prix de certains produits à consommation courante, la gratuité des soins dans des programmes de santé et pour certaines catégories de personnes, les subventions répétitives du gaz butane à usage domestique, etc. sont à mettre dans ce registre.
Courage.
Toujours selon ces proches collaborateurs de Macky Sall constitués pour la plupart de consultants dont l’expertise a été sollicitée lors de la rédaction et le peaufinage du programme de développement intitulé «Yoonu Yokkuté», Alioune Badara Cissé (Abc) semble avoir eu raison sur ses détracteurs. Quand le ci-devant ministre des Affaires étrangère dans le Gouvernement I d’Abdoul Mbaye attirait l’attention du chef de l’Etat sur le fait que «lui seul devra répondre de sa gestion», il n’avait pas totalement tort. Aujourd’hui, le temps semble lui avoir donné raison. Il aurait même fait des émules dans le proche entourage du Président. Et ils sont nombreux aujourd’hui à exiger à Macky Sall de «prendre son courage à deux mains et de se démettre des pesanteurs trop politiciennes pour enfin prendre en compte les données techniques qui remettront le pays sur les rampes du véritable développement». Cela par des actions osées d’investissement, des mesures courageuses de redressement des habitudes et des mentalités. «Les vieux routiers qui l’entourent peuvent certes lui prodiguer des conseils efficaces pour la gestion ponctuelle de la tension sociale, mais ce serait juste pour différer le déversement du trop plein de mécontentement et ce pour un laps de temps. Ces astuces et combinaisons des politiciens professionnels ne sont plus d’actualité de nos jours», arguent ces proches du Président qui sont d’avis que le peuple a une autre perception des choses et à ce titre exigent des résultats palpables, la prise en charge matérielle et effective de leurs doléances, au-delà des promesses qui renvoient toujours à des lendemains incertains. Pour eux, c’est à cela que le Président doit s’atteler et non à toujours prêter cette oreille trop attentive aux laudateurs et dinosaures de la coalition BBY et d’autres entités dites de soutien. «Les pistes et voies qu’ils lui suggèrent d’explorer ne vont que mettre le pays en perpétuelle recherche d’alliance pour des échéances électorales afin de pérenniser un pouvoir et non sortir le pays des sentiers battus», soufflent-ils. Pour éviter à Macky Sall de s’enliser encore plus dans ce bourbier, ces caciques de l’Alliance pour la République (Apr) projettent de s’en ouvrir directement à lui, soit lors d’une audience privée ou, à défaut, par une correspondance régulière. «Si au terme de toutes ces démarches, nous n’atteignons pas le résultat escompté, nous aviserons. Pour rien au monde, nous n’accepterons de saborder le capital confiance que nos compatriotes ont placé en nous au soir du 22 mars 2012. Nous espérons juste qu’il changera de cap au sortir de notre audience avec lui. Il faut mettre rapidement en œuvre les politiques sectorielles définies et les piloter correctement. C’est cela l’essentiel et c’est là où se trouve l’intérêt de la patrie tant chanté», argumentent-ils.
Putsch.
L’esprit hanté par un possible «putsch» de ces soi-disant alliés du Président, nos interlocuteurs préviennent : «Ces collaborateurs de Macky n’attendent que le moment favorable pour un putsch qui ne dit pas son nom. Ils ne comprennent rien à la politique et profitent de notre proximité avec Macky Sall. Nous sommes dans la phase de massification de notre parti, et il faut poser des actes forts pour ça, mais surtout faire du social. Nous avons nos réalités et personne ne peut nous en détourner. Ce sont des Abc en miniature. Lui au moins a eu le courage de ses idées. Ils n’ont qu’à se dévoiler publiquement au lieu de se cacher sous le boisseau et de chercher à couper le cordon ombilical qui lie Macky Sall au parti.» Un homme averti…
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